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Lettres de ma plate-bande

Les ravageurs et les parasites.
Le blanc du fraisier.
Destruction des fourmis.
Mildiou de l’oignon.
Zeuzère du marronnier.
Criocère de l’asperge.

Les ravageurs et les parasites.

— Depuis la réapparition du Chasseur Français, j’ai reçu un nombre respectable de demandes de renseignements ayant pour objet la lutte à organiser pour défendre les cultures du jardin contre les insectes et les champignons. Comme le nombre des parasites qui s’attaquent aux légumes et aux fruits est considérable et qu’ils appartiennent tantôt au règne végétal, tantôt au règne animal, il convient de les bien connaître pour appliquer un traitement convenable.

Il serait donc utile, pour que je puisse répondre d’une façon précise, que l’on joigne à la demande un spécimen de l’organe malade, ou l’insecte auteur du délit. Cela simplifierait beaucoup les recherches et éviterait les erreurs de diagnostic.

Le blanc du fraisier.

— « Les feuilles de mes fraisiers remontants blanchissent, jaunissent ; ils cessent de végéter et finalement meurent ... »

Il s’agit incontestablement du blanc, dû à un oïdium. Contre cette affection, on effectuera des saupoudrages à la fleur de soufre. Mais, comme le traitement au soufre est plutôt préventif que curatif, il vaut mieux recourir à l’emploi du pentasulfure de potassium, lorsque la maladie est généralisée dans la planche. Le pentasulfure est appliqué en pulvérisation, à la dose de 4 grammes par litre d’eau.

Destruction des fourmis.

— « Cette année, les petites fourmis me causent de sérieux préjudices dans mon potager et mon verger. Elles grimpent après les arbres pour dévorer les fruits, et elles s’attaquent à toutes sortes de légumes (artichauts, carottes, etc.). »

Vous n’êtes pas une exception. Dans toutes les régions, on signale des invasions de fourmis brunes (lavius niger) et de fourmis rouges (mirmica rubia), et l’on se plaint de leurs dégâts, aussi bien dans les jardins que dans les champs. Il faut incriminer une succession de saisons favorables à la multiplication de cet insecte.

La destruction des fourmis dans les potagers peut être entreprise, à l’arrière-saison, de différentes manières. En voici quelques-unes :

Bêcher profondément le terrain à l’approche des froids, après avoir appliqué une forte dose de plâtre, 10 à 12 kilogrammes à l’are. Cette façon agit d’abord en exposant à l’action des gels les insectes et les larves en hivernage, ce qui en détruit un nombre respectable. En outre, le sulfate de chaux dégage dans le sol de l’hydrogène sulfuré, gaz essentiellement toxique pour tous les hivernants, fourmis, etc.

On obtiendrait une meilleure désinsectisation du terrain en le sulfurant, c’est-à-dire en y injectant du sulfure de carbone dans des trous ouverts au moyen d’un pal, ou avec une barre de fer appointée, à la dose de 100 grammes par mètre carré, en 4 trous. Ceux-ci seront bouchés d’un coup de talon.

Pendant la belle saison, on repère les fourmilières, et, le soir venu, quand toutes les fourmis sont rentrées, on les arrose d’un chaudron d’eau bouillante, laquelle peut être remplacée par une émulsion contenant, pour 100 litres d’eau, 1 litre d’huile de pétrole et 1 kilogramme de savon noir.

On peut également enfouir dans chaque fourmilière une ou deux capsules de sulfure de carbone ou un gros tampon de coton imbibé de benzine. Opérer de même lorsque les fourmis sont logées dans des cavités d’arbres, ou dans des trous en terre.

Enfin, on les empêche de monter aux arbres en entourant le pied de bandes engluées. Ne pas oublier de détruire les pucerons, qui procurent aux fourmis une nourriture sucrée favorisant leur élevage.

Mildiou de l’oignon.

— « Tous mes oignons sèchent et meurent. Les feuilles portent des taches jaunâtres recouvertes d’une moisissure violet sale ... »

L’auteur du méfait est un péronospora, cousin germain du mildiou de la pomme de terre et de la vigne. On le combat par des pulvérisations de bouillie bordelaise, qui agissent surtout préventivement. Les solutions de pentasulfure de potassium, à la dose de 6 grammes par litre d’eau, ont une action curative plus marquée.

Zeuzère du marronnier.

— « Les branches de mes marronniers d’Inde se brisent au moindre coup de vent. J’attribue ce fait aux galeries creusées par un insecte dans le bois ... »

Incriminez le zeuzère. C’est une larve ou chenille à tête noire ayant 6 centimètres de long, qui ronge le bois avec ses fortes mandibules. Après sa nymphose, naissent des papillons de 65 millimètres d’envergure, ponctués de taches bleu noirâtre sur le corps, qui engendrent de nouveaux individus.

Pour détruire les larves, on injectera dans les trous apparents du sulfure de carbone ou une solution de benzine, puis on les bouchera aussitôt avec du mastic.

Criocère de l’asperge.

— « Toutes les asperges que je laisse monter sont dévorées par des vers qui ressemblent à de petites chenilles, et il ne reste plus que des bâtons ... »

Il s’agit de criocères, insectes qui causent de graves préjudices dans les plantations, car, en détruisant les organes foliacés, les asperges ne peuvent plus respirer ni s’alimenter en carbone. Les larves de cet insecte sont très voraces. Une fois repues, elles se laissent tomber pour se nymphoser en terre et engendrer de nouvelles générations au printemps suivant.

Les traitements préconisés sont nombreux, mais le plus simple et le plus efficace est celui de Levauvre, lequel consiste, à l’apparition des criocères, à saupoudrer les asperges avec un mélange pulvérulent composé de : chaux hydraulique, 10 kilogrammes ; goudron, 1 kilogramme et 300 grammes de naphtaline, le tout en poudre fine. Opérer de préférence le matin à la rosée.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 298