Il est indispensable de visiter régulièrement les
plantations fruitières, jeunes ou âgées, afin de se rendre compte du
comportement individuel des sujets, an moment opportun. Certains arbres
prennent une végétation exubérante aux dépens des plus faibles ; l’intervention
du praticien est utile pour rectifier la direction des charpentières et juguler
les attaques des parasites animaux et végétaux, seuls procédés pour arriver à
la fructification dans le minimum de temps et l’obtention de fruits sains de
qualité.
Jeunes plantations.
— On remarque qu’un certain nombre de scions n’ont pas
poussé, mais la plupart d’entre eux ont donné naissance, sur le sujet, à plusieurs
rejets du porte-greffe, lorsque la mortalité du greffon n’est pas le résultat
d’une maladie, ce dont il faut se rendre compte par l’examen des racines. Si
celles-ci n’ont pas de filaments blancs et qu’en sectionnant la racine la coupe
présente des tissus blanchâtres, sans taches brunes ou noires, les pousses
pourront être utilisées pour remplacer la partie aérienne détaillante. Il
suffira de greffer en écusson, ce qui permettra d’obtenir une fructification
dans le minimum de temps.
Préparation de la greffe en écusson.
— Choisir le rameau à écorce lisse suffisamment en sève
pour que l’écorce se détache facilement. Supprimer tous les autres à leur
naissance. Poser un écusson à 5 ou 7 centimètres au-dessus du sol. Couper
sur un arbre sain des rameaux de l’année à entre-nœuds courts, dont la base et
le sommet seront supprimés. Pour conserver la vitalité du rameau greffon, les
feuilles sont coupées sur leur pétiole. Un rameau greffon ainsi préparé se
conservera vivant pendant dix jours, en le plaçant dans de la mousse ou un
linge mouillé.
Choix des yeux.
— Rechercher pour l’écusson un bourgeon saillant, accompagné
si possible de petites feuilles. L’œil bruni par le soleil est mieux constitué
que celui de couleur verdâtre, privé de lumière. Avec un greffoir bien aiguisé,
enlevez l’œil, muni d’un centimètre d’écorce, au-dessus et au-dessous. Avoir
soin de ne pas le vider en le privant du faisceau fibro-vasculaire, qui est la
base de la reprise. L’écorce du sujet est coupée en T ; en soulevant l’écorce
avec la spatule, l’écusson, tenu par le pétiole, est introduit en
l’accompagnant. Ramener les écorces sur l’écusson pour le faire plaquer sur le
sujet. Appliquer la ligature en la serrant au-dessus et au-dessous de l’œil ;
dix jours après, le petiote tombe au moindre contact : c’est l’indice de la
reprise de la greffe. Le pétiole se dessèche et reste attaché à l’écusson quand
la greffe n’a pas réussi. En cas d’insuccès, la greffe pourra s’effectuer à
nouveau, aussi longtemps que l’écorce se détachera du bois.
Vieilles plantations.
— On trouve des arbres bien formés dans leur
ensemble ; examinés dans leurs détails, on constate combien les coursonnes
sont irrégulièrement placées sur les charpentières.
La coursonne étant l’organe produisant le fruit, il en
résulte que la récolte d’un arbre dépendra de leur nombre. Mais il ne faut pas les
augmenter outre mesure ; il faut rester dans la limite où les fruits
atteindront leur grosseur naturelle avec toutes leurs qualités organoleptiques.
Un arbre qui n’a pas atteint sa capacité productive nourrit
son fruit sur toute la longueur de la charpentière et forme à son sommet un prolongement.
Quand le prolongement de la charpentière se transforme en productions
fruitières, sa capacité productive est dépassée ; par conséquent, il faut
réduire les bourgeons fructifères afin d’avoir un prolongement constitué par un
rameau à bois d’an an, qui sera renouvelé toute les années.
Greffes de bourgeons fructifères.
— Certains arbres — poiriers, pommiers
— restent rebelles à la fructification ; nombreux sont les procédés
pour les amener à fruits. La greffe de boutons fructifères donne des résultats
certains dans le minimum de temps.
Ce procédé permet de mettre à fruits des arbres vigoureux,
de regarnir les vides entre les coursonnes trop éloignées les unes des autres.
Et, par conséquent, on augmente le rendement.
Cette greffe se pratique en juillet-août ; à cette
époque, les boutons fructifères à utiliser se reconnaissent facilement.
Exécution de la greffe.
— On choisit un bourgeon de poirier ou de pommier en
transformation ; il possède un œil très apparent au centre de six à sept
petites feuilles, dont l’ensemble est désigné sous le nom de rosette. Les feuilles
du bouton à greffer sont coupées sur leur pétiole. Cet œil est séparé du rameau
qui le porte, de la même façon qu’un écusson, muni à sa base d’une mince couche
de bois. Le sujet a son écorce incisée suivant deux lignes, dont l’une est
longitudinale et l’autre transversale, se coupant en croix vers le milieu. Le
greffon est introduit entre les écorces soulevées, avec la spatule du greffoir,
placé à l’intersection des deux incisions. Après avoir ramené les écorces sur
l’écusson, on effectue une ligature assez serrée pour maintenir l’œil à la
place qu’il doit occuper dans cet assemblage. Cette greffe rend des
services : on l’utilise sur les charpentières dont les coursonnes sont
espacées à plus de 20 centimètres. Ces greffes se placent sur les côtés, à
droite ou à gauche de la branche. L’augmentation du nombre de coursonnes permet
d’élever la production de l’arbre.
E. DEAUX.
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