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Lettres de mon perchoir

Les œufs anormaux.
Le lapin Alaska.

Les œufs anormaux.

— M. Casimir Serpentié, de Campagnac, m’écrit : Malgré mon expérience de vieillard nonagénaire, je vous signale un fait extraordinaire. Mes cinq poules, en liberté dans un terrain calcaire, pondent des œufs à coquille si fragile qu’ils s’écrasent sous les pondeuses, j’ai essayé en vain de mélanger à leur pâtée du sable, de la chaux, du plâtre, mais sans-aucun succès. S’agit-il d’une maladie épidémique et existe-t-il un remède ?

Toutes les anomalies de la ponte, qu’il s’agisse d’œufs hardés ou sans coquille, ou à coquille extra-mince, d’œufs à deux jaunes, d’œufs sans jaune, d’œufs inclus, c’est-à-dire d’œuf dans œuf, etc., ont pour cause l’hérédité, les parasites et surtout la nourriture, ce qui occasionne des troubles pathologiques de l’oviducte, organe très vulnérable.

Il arrive même que l’on trouve des vers enrobés dans l’albumine des œufs. Ce sont des hétérakis, vers intestinaux qui, arrivés au cloaque, sont remontés dans l’oviducte.

Dans le cas signalé par mon aimable correspondant, la fragilité du test calcaire, on pourrait incriminer la grande propension de ses volailles à la ponte, ce qui aurait pour résultat d’épuiser les réserves calciques disponibles, lesquelles ne suffiraient plus à former des coquilles normales, devant peser environ 7 grammes. On comprend que, lorsque l’élaboration calcique tombe à 6 grammes, 5 grammes et au-dessous, les coquilles manquent de résistance.

Apparemment, les volailles de M. Serpentié devraient trouver sur leur parcours libre les minéraux nécessaires à la constitution de l’enveloppe des œufs, d’autant plus qu’il en distribue en supplément dans leur pâtée ; mais il ne faut pas perdre de vue que le calcaire natif n’est guère assimilable.

D’autre part, et bien que les coquilles d’œufs contiennent près de 98 p. 100 de carbonate de chaux, il doit être associé à du phosphate de chaux, un peu plus de 1 p. 100, le reste étant du fer, du chlorure de sodium et du gluten animal, dont le rôle est d’agglutiner et de durcir les sels calcaires.

Pour favoriser la sécrétion du test calcaire, il suffirait d’incorporer dans la pâtée une poudre rectificatrice à base de phosphate de chaux monocalcique, additionnée d’un peu de sel marin et de farine de viande. Si on utilisait la poudre d’os, il faudrait forcer la dose, car elle est peu assimilable. Avec les os verts râpés, qui contiennent de l’osséine, on pourrait supprimer la farine de viande ; la farine de poisson ne nécessiterait pas de sel. On obtiendrait des résultats identiques en ayant recours aux aliments diastasés et vitaminés, tels que verdures hachées, grains germés, déchets d’abattoir, insectes vivants (vers, asticots, etc.).

Le lapin Alaska.

— Un abonné de l’Isère écrit : Quelle est l’origine et la fiche signalétique du lapin Alaska ? On m’a affirmé qu’en croisant des Havanes avec des Russes on obtenait de superbes lapins noirs, ressemblant à s’y méprendre à l’Alaska. Est-ce possible ?

Il n’y a rien d’étonnant qu’en accouplant ensemble un lapin blanc comme le Russe avec un lapin Havane (couleur cigare maduro) on obtienne une descendance ayant l’aspect et le pelage de l’Alaska.

En ce qui concerne l’origine, revendiquée par les Anglais et les Allemands, on peut supposer que ce gentil petit lapin à fourrure est apparu spontanément dans des clapiers peuplés de Russes ou de Noir et Feu, à moins qu’il ne provienne de croisements entre des lapins blancs et jaunes de petite taille. Le jaune, en effet, dans toutes ses gradations, étant une couleur secondaire, il est possible qu’en alliant des Havanes et des Russes on obtienne des noirs en première génération. Toutefois, ces noirs ne sont pas fixés, et les générations suivantes se trouvent en état de variation désordonnée quant au pelage. Mais on peut toujours fixer le noir en poursuivant la sélection sur les récessifs de couleur noire.

Malgré cette hypothèse, il est probable que l’Alaska est dû à un accident fortuit de mélanisme, imputable à des phénomènes de réversion qui se sont produits à la suite d’accouplements entre lapins Russes et lapins Noir et Feu.

Il suffit de regarder un lapin Russe, dont le museau, les pattes, les oreilles et la queue sont d’un beau noir, ainsi qu’un Noir et Feu, aux taches délimitées, pour comprendre que l’élimination du blanc doive se faire chez certains individus. Par la sélection, on arrive à fixer les accidents de mélanisme.

Ci-après les caractères standardisés de l’Alaska :

    Formes : élégantes, fines, ossature légère.
    Tête : moyenne, plutôt fine.
    Oreilles : petites, courtes, droites, très bien tenues
    Œil : brun très foncé, regard vif.
    Fanon : nul chez le mâle, peu marqué chez la femelle.
    Pattes : minces et fines.
    Ongles : noirs.
    Poil : court, épais, très brillant, fin.
    Couleur : noir intense sur toutes les parties du corps.
    Poids : 2kg,500 à 3 kilogrammes.
    Chair : fine, délicate, très blanche.
    Peau : donne une fourrure noir de jais au naturel.
    Défauts : poils blancs, teintes roussâtres, ongles blancs, forme massive ou trop grêle, œil autre que brun.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°610 Octobre 1946 Page 304