Le lancement du poids (de 7kg,257) est un des
plus anciens exercices du programme de l’athlétisme. Un lancement à
7 mètres au moins pour les sujets de plus de dix-huit ans est exigé pour
le brevet sportif national. Cette épreuve est ramenée, avant cet âge, au lancer
d’un poids de 5 kilogrammes à 7 mètres, de seize à dix-huit ans, et,
pour les femmes, à un poids de 2 kilogrammes à lancer à 10 mètres,
obtenus par le total des lancers des deux bras.
Rappelons pour mémoire que le record de France, pour le poids
réglementaire de 7kg,257, est de 15m,59, par
Ed. Duhour, et qu’une demi-douzaine d’athlètes dans le monde ont dépassé
17 mètres.
Ce poids est une sphère en fonte ou en cuivre à l’intérieur
de laquelle est coulé du plomb, afin d’en diminuer la circonférence et de
pouvoir bien le tenir dans une main. Il est lancé d’une seule main, en partant
devant l’épaule, par l’extension successive non seulement des différents
segments du membre supérieur, mais de la plupart des segments du corps, dont la
détente successive s’ajoute à celles de l’épaule et du bras pour donner au jet
son maximum de vitesse, donc de portée.
La surface d’élan est un cercle de 2m,135 de
diamètre, que les pieds ne doivent en aucun cas franchir avant que le poids
n’ait quitté la main du lanceur.
Les bons lanceurs sont, cela se conçoit, du type grand et
puissant, ce qui n’exclut pas la souplesse.
La simplicité de ce geste n’est qu’apparente, le succès
exige un style aujourd’hui bien au point. Et ce sont les améliorations
apportées à ce style au cours de ces dernières années qui retiendront
aujourd’hui notre attention.
Le poids, bien placé dans la main droite, maintenu par tous
les doigts, repose sur la base de ceux-ci, le poignet étant « cassé »,
c’est-à-dire faisant avec l’avant-bras un angle de 90°, selon les conseils de
MM. Baquet et Le Hanvic. Il est alors placé à l’épaule, sur la
clavicule et contre le cou, sous l’oreille, la main retournée paume en dessus.
Le coude est tantôt presque horizontal, tantôt vertical, selon la structure du
sujet ; dans le premier cas, il partira en flexion latérale ; dans le
second, il partira en torsion.
Après avoir appris à lancer sans élan, on apprendra à
profiter de celui-ci, en employant toute la surface du cercle, le lanceur étant
placé dans la partie arrière du cercle, le pied droit contre celui-ci.
La jambe gauche est soulevée vers l’avant, puis s’abaisse et
oscille lentement vers l’arrière en passant derrière la jambe droite ;
puis elle revient en avant très vite, entraînant le bassin à sa suite. Elle
provoque ainsi le retrait du corps en arrière.
C’est alors que la jambe droite s’étend, quitte le sol, et,
fléchie, se porte rapidement vers le centre du cercle, en rasant le sol. Le
corps, qui, au départ, était renversé en arrière au maximum en suivant cette progression,
a toute facilité pour se détendre et porter en avant toute sa masse et toute sa
vitesse acquise par cet élan, le bras gauche accompagnant le mouvement comme un
balancier. La jambe gauche, qui a suivi, atterrit au sol par la pointe du pied,
le plus près possible du butoir, pendant que le pied droit pivote. Toute la
masse du corps arrive ainsi dans la partie antérieure du cercle avec son
maximum de détente et de vitesse au moment où le poids va quitter la main du
lanceur.
Il s’agit, en somme, d’un glissement au ras du sol et à
cloche-pied, de sorte que le centre de gravité du corps se déplace
horizontalement, ce qui constitue tout le bénéfice de l’élan, en permettant le
maximum de vitesse.
Technique inverse, naturellement, pour les gauchers.
L’entraînement consiste donc à créer l’équilibre et la
sécurité nécessaires à ce rapide sursaut du type cloche-pied. La condition
essentielle de la force du lancer est dans la vitesse de détente. C’est
pourquoi, à technique égale, on voit souvent des athlètes relativement plus
petits et moins puissants lancer plus loin que des sujets grands et plus
athlétiques, si ces derniers sont moins « vites ».
Une autre technique, préconisée par Le Hanvic, consiste
à se placer à peu près au centre du cercle, les pieds réunis
perpendiculairement à la direction du jet. Sans sauter, il se fend en arrière
de façon à porter le pied droit (pour un droitier), vers l’arrière du
cercle ; puis, sans marquer d’arrêt, à revenir par le sursaut habituel
vers l’avant du cercle, en terminant le lancer comme ci-dessus. Cette technique
est sans doute plus simple, mais elle exige des qualités athlétiques plus
certaines. Nous la réserverons donc provisoirement aux sujets particulièrement
doués, conseillant plutôt aux débutants la technique classique ci-dessus
décrite.
Robert JEUDON.
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