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Piégeage

Des erreurs dans l’emploi des boîtes

Nous avons vu précédemment les principales erreurs à éviter dans l’emploi des pièges ; il nous reste à voir quelles sont celles à éviter dans l’emploi des boîtes et des assommoirs rustiques.

Comme pour les pièges, la question de dimensions intervient en premier : si le corps de l’animal est plus long que la distance qui sépare l’entrée du point de basculement de la palette ou du dispositif de déclenchement, l’animal recevra la porte sur le dos sans être complètement engagé dans la boîte. Il pourra donc très bien s’évader. Quant aux dimensions générales des boîtes, elles sont évidemment appropriées aux animaux qu’elles sont susceptibles de capturer. Une porte grillagée doit pouvoir résister à la dent des carnassiers captifs, et cette dent est puissante.

En ce qui concerne la palette, on la préférera de niveau avec le fond de la boîte, et, ce qui est mieux, on recherchera les boîtes dont le fond constitue les palettes. Toute palette surélevée risquera d’être sautée par le carnassier qui sera entré dans l’engin. Dans ce cas, aucune capture ne pourra être faite, et la boîte restera continuellement ouverte. Seul un contrôle des boîtes à l’aide de revoirs pourra permettre de se rendre compte de ce qui arrive.

Un point très important à surveiller continuellement est le libre jeu des chambrières, qui souvent se bloquent par la rouille, l’humidité, les toiles d’araignées, etc. À l’achat d’une boîte, il faut évidemment vérifier ce jeu et s’assurer que les chambrières bloquent bien hermétiquement les palettes ou les portes. Pareillement, le libre jeu des palettes est l’objet de révisions continuelles. Sous l’influence de l’humidité, le bois gonfle, et les palettes se coincent contre les parois, d’où non-fonctionnement. Si on a pris la peine de monter les palettes sur des axes mobiles à crochets, la mise au point est un jeu d’enfant qui se fait sur place sans même enlever la boîte de son placeau, sinon il faut la rentrer et la réparer à la maison. Dans les portes à glissières, il faut non seulement surveiller le bon aplomb de la boîte, mais également le jeu nécessaire à la chute totale de ses portes.

Je n’aurai garde de passer sous silence la faute grossière qui consiste à passer les boîtes à la peinture pour assurer leur conservation ; un bain au sulfate de cuivre des parties en bois fera bien meilleur effet et ne les rendra pas inservables pendant trois mois ou plus si, comme je l’ai vu faire, on s’amuse à employer une peinture au goudron.

Dans les boîtes métalliques, on surveillera tout particulièrement les pliages du grillage, qui sont, les premiers, victimes de la rouille, puis les ressorts, dont la force doit rester intacte.

L’emploi d’appâts dans les boîtes n’est pas obligatoire pour certains carnassiers : chats, putois, hermines, belettes ; on peut très bien s’en servir, mais on ne doit pas oublier que les boîtes sont la garniture des sentiers de piégeage ; par conséquent, si ces sentiers sont bien placés, les boîtes devront faire capture.

Par ces temps où le matériel est rare, on pourra suppléer aux pièges et boîtes par les assommoirs et boîtes tombantes rustiques. Pour les assommoirs, on pourra employer des bûches de bois vert pour former la masse tombante, mais tout le système de détente sera obligatoirement en bois sec et robuste : chêne, érable, charme, hêtre, ormeau. Pour les boîtes, tout l’ensemble sera en bois sec. On cherchera toujours à obtenir un effet de porte-à-faux entre la base et la masse tombante de l’assommoir, de façon que les animaux aient les reins cassés par la masse. L’emploi de corde dans les systèmes de détente est à rejeter, le fil de fer lui est de beaucoup préférable, car il ne joue pas et ne risque pas de faire détendre le piège. Je reviendrai sur cette question des assommoirs dans un prochain article, bien que, personnellement, je trouve ces engins trop mous de détente et peu transportables.

A. CHAIGNEAU.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 376