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Au verger

Le matériel de culture mécanique

Dans toutes les branches de la production végétale, la mécanisation prend de jour en jour plus d’importance. C’est qu’en effet il est de plus en plus difficile de recruter la main-d’œuvre nécessaire à l’exécution des travaux dans l’exploitation agricole, et il est indispensable d’y suppléer si l’on veut continuer à produire.

L’arboriculture fruitière n’échappe pas à cette alternative. S’il est des travaux qui ne peuvent être effectués mécaniquement, il en est d’autres, comme les travaux de culture du sol et les traitements, qui s’accommodent fort bien de cette solution. Il faut, cependant, reconnaître que la diversité des systèmes de plantation rend extrêmement ardu le choix d’un matériel approprié.

Dans les cultures arboricoles de faible importance, on ne peut d’ailleurs envisager l’achat d’un outillage spécial, impossible à amortir. On aura recours, comme appareils de traction, à des machines susceptibles d’être employées à d’autres travaux, par exemple à des motoculteurs avec leurs outils portés. Tandis que, dans les vergers importants, on peut parfaitement faire les frais d’acquisition d’un matériel spécialement adapté à la culture fruitière.

En Amérique, où les grands vergers abondent, on construit des tracteurs de type « verger » plus ou moins bien étudiés, les uns à chenille, les autres munis de roues. Jusqu’ici, en France, ces appareils ne sont pas construits, les débouchés qui leur seraient assurés ne semblant pas suffisamment importants pour motiver une fabrication nationale, qui, d’ailleurs, pourrait se résumer à des modifications à apporter aux types de tracteurs actuellement employés en agriculture.

Si l’on veut bien tenir compte que les gros travaux de préparation du sol, faits en vue de nouvelles plantations, peuvent être effectués soit à l’aide d’explosifs agricoles, soit au moyen de tracteurs puissants, à chenilles de préférence, qui sont la propriété de coopératives ou d’entrepreneurs de travaux, l’exécution des travaux d’entretien paraîtra plus facile à réaliser. Dans l’ensemble, ceux-ci pourront être assurés par des tracteurs d’une force de 15 à 20 CV.

Ces tracteurs doivent présenter quelques caractéristiques susceptibles d’en faciliter l’emploi : c’est ainsi que les bâtis doivent en être surbaissés afin de permettre le passage sous les branches pendantes sans abîmer celles-ci ; que les leviers de réglage sont, pour la même raison, horizontaux ou rabattus sur le bâti.

Le rayon de virage est très court, et la première vitesse lente. Le carrossage est spécialement réalisé de façon à garantir les organes du tracteur contre l’entrée de branchages ou de feuilles susceptibles de nuire à leur bon fonctionnement.

Afin de réduire au strict minimum la surface des parties non travaillées mécaniquement, il est nécessaire que les roues des instruments aratoires (charrues, cultivateurs, etc.) attelés aux tracteurs soient placées, en plan, à l’intérieur du châssis. Grâce à cette disposition, il devient possible de passer très près des troncs sans endommager ceux-ci.

L’un des instruments qui semblent, en arboriculture, devoir se répandre le plus est le pulvériseur à disques de type spécial, dit déporté. Comme son nom l’indique, ce pulvériseur peut être, à volonté, déporté à droite ou à gauche du tracteur, ce dernier continuant à marcher au milieu des interlignes, tandis que l’appareil permet de cultiver très près des lignes d’arbres, il faut bien convenir que le tracteur travaille alors dans des conditions de stabilité qui nuisent quelque peu à son rendement et que le réglage est assez délicat, mais ce sont là des inconvénients qui ne sauraient contre-balancer les avantages sérieux que réalise ce dispositif.

Ici, le bâti ne surmonte pas les disques comme dans les pulvériseurs ordinaires de la grande culture. Il est, au contraire, de même, d’ailleurs, que les plates-formes d’alourdissement, le plus bas possible, près de l’axe de ces disques. D’autre part, pour assurer le travail près des arbres, existe, de part et d’autre, un disque extérieur au bâti.

Le même principe est adopté pour les charrues et les cultivateurs.

Un tel matériel trouvera facilement son emploi dans les vergers importants de formes basses de plein vent, du genre actuellement préconisé, où le matériel agricole de type courant ne peut que difficilement évoluer.

Comme autre matériel adapté à la culture des vergers, il faut également mentionner les barres porte-outils, sur lesquelles peuvent se fixer des sous-soleuses, munies de versoirs permettant l’ouverture de tranchées pour l’irrigation, ou bien encore des dents sous-soleuses, très puissantes, pouvant travailler à une profondeur considérable.

Les progrès réalisés dans la mécanisation intéressent également le traitement des arbres, dont le rôle capital est de plus en plus reconnu par les arboriculteurs. On semble actuellement vouloir s’orienter vers l’emploi d’appareils de pulvérisation à pression de refoulement très élevée (30 à 40 kilogrammes et plus), permettant de traiter plus efficacement et avec plus de facilité les arbres de plein vent. Ce matériel, jusqu’à ces dernières années fabriqué à l’étranger, est actuellement étudié par nos grandes firmes françaises. Certaines d’entre elles sont même passées à la réalisation.

Ces appareils à forte pression sont soit à moteur auxiliaire, soit à prise de force sur le tracteur, dont la vitesse lente permet d’obtenir une pulvérisation en marche continue, sans qu’il soit nécessaire de multiplier les arrêts et les démarrages, qui occasionneraient un supplément de consommation en carburant.

Dans notre pays, où les petits vergers sont très nombreux, alors que les grands restent des exceptions, il semble également désirable de chercher à adapter aux petits pulvériseurs sur brouette, et même à certains appareils à dos, de petits moteurs auxiliaires susceptibles d’en rendre moins pénible l’utilisation. Ce problème, depuis quelque temps déjà à l’étude, paraît aujourd’hui à la veille d’être résolu.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 393