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Pour avoir de beaux chrysanthèmes

Plante vivace, rustique en plein air dans le Midi de la France, le chrysanthème gèle à la fin de l’automne dès que l’on remonte dans le Centre de la France et, à plus forte raison, dans le Nord et dans l’Est.

La sensibilité des variétés japonaises à grandes fleurs est d’ailleurs plus grande que celle des espèces types autrefois cultivées. La moindre gelée blanche peut, pour les premières, compromettre l’épanouissement des capitules. Aussi est-il à peu près indispensable de placer, en automne, les chrysanthèmes sous un léger abri, toile ou châssis.

Le chrysanthème n’est pas très exigeant au point de vue de la nature du sol et pousse aussi bien en terre forte qu’en sol sablonneux. Cependant, il donne les meilleurs résultats dans une terre parfaitement meuble, perméable, riche en éléments fertilisants de toute nature.

La terre de gazon, que l’on prépare en mettant en dépôt, une année à l’avance, des plaques de gazon que l’on brasse plusieurs fois pour en favoriser la décomposition, constitue le sol idéal pour la culture du chrysanthème. Du fait de sa richesse en humus, elle garde, en effet, une certaine fraîcheur naturelle tout en étant très perméable.

À défaut de terre de gazon, on peut utiliser une bonne terre franche prélevée quelque temps à l’avance, en surface, dans un champ et tenue à l’abri de la pluie ou de la neige.

Avant l’emploi, la terre doit être additionnée de terreau provenant de couches faites avec un mélange de fumier de cheval et de feuilles de chêne ou de hêtre ou, à défaut, avec du fumier pur. On doit veiller tout spécialement à ce que ce terreau soit bien décomposé et, pour cela, employer, de préférence, du terreau de deux ans.

La terre de bruyère doit également entrer pour partie dans la composition des terres destinées à l’empotage des plantes, surtout au début de leur développement. Formée en grande partie de silice, elle augmente la perméabilité du compost ainsi préparé et perd, au contact de la terre franche, qui, elle, renferme un peu de calcaire, l’acidité dont on pourrait redouter l’action néfaste pour les plantes.

Les engrais complets, apportant à la fois azote, acide phosphorique et potasse, conviennent au chrysanthème. L’une des meilleures formules à préconiser est la suivante :

    — 5 à 6 p. 100 d’azote dont environ 1 p. 100 à l’état nitrique, c’est-à-dire utilisable immédiatement, le reste à l’état organique et ammoniacal ;

    — 10 à 12 p. 100 d’acide phosphorique des superphosphates ;

    — 6 à 8 p. 100 de potasse fournis, de préférence, par le sulfate de potasse.

Bien que des engrais tout préparés, répondant sensiblement à cette composition, existent dans le commerce, on peut, si l’on est un peu au courant de la manipulation des engrais, en préparer assez facilement soi-même en partant d’engrais simples.

Disposant des différents éléments que nous venons d’énumérer, il devient aisé de préparer le compost pour la culture en pots des chrysanthèmes. C’est au cours des mois d’août et septembre, par temps sec, qu’est réalisée cette préparation. On fait un mélange de 3/5 de terre de gazon ou de terre franche et 2/5 de terreau, en ajoutant un peu de sable fin ou de terre de bruyère si la terre semble un peu compacte. Par mètre cube, on incorpore à ce mélange 7 à 8 kilogrammes de l’engrais complet.

Le tout est soigneusement relevé en tas et celui-ci est recouvert de planches ou de paillassons, s’il est à l’extérieur, afin de le garantir des intempéries. À plusieurs reprises, au cours de l’hiver, le tas sera recoupé pour en bien mélanger tous les éléments. On aura ainsi, pour le mois d’avril, époque de son utilisation, une terre bien homogène, riche en éléments utiles et dans laquelle les plantes pourront se développer dans les meilleures conditions.

Multiplication des chrysanthèmes.

— Bien que d’autres procédés puissent être utilisés, le meilleur mode de multiplication est le bouturage, qui peut s’appliquer sans distinction à toutes les variétés. Ce bouturage s’effectue en mars ou même au début d’avril, sur une couche tiède formée d’un mélange de fumier ayant déjà fermenté et de feuilles, donnant une température de 12 à 15°.

Pour avoir de bonnes plantes, il est nécessaire d’avoir de bonnes boutures. Une bonne bouture a de 8 à 10 centimètres de long, est saine et vigoureuse avec une base semi-ligneuse, c’est-à-dire déjà un peu durcie. Si elle était trop tendre, en effet, la bouture serait exposée à fondre. Lorsqu’on constate la présence de quelques pucerons sur les feuilles d’extrémité, il convient de tremper cette extrémité dans une solution de nicotine ou d’un insecticide à base de ce produit. Si, sur la plante mère ayant donné la bouture, s’est manifestée une atteinte de rouille, il est recommandable d’effectuer un trempage dans une solution tiède de fleur de soufre (pentasulfure de potassium) à 3 ou 5 grammes par litre d’eau.

Les deux ou trois feuilles inférieures de la bouture sont supprimées et la base est sectionnée nettement au-dessous du point d’insertion d’une feuille.

Parfois on pique directement la bouture dans le terreau de la couche tiède ; parfois on l’empote dans un petit godet que l’on enterre sur cette couche. Dans l’un et l’autre cas, il faut avoir peu d’intervalle, soit 6 à 8 centimètres, entre la partie supérieure de la bouture et le châssis. Lorsque les boutures faites directement sur la couche ont quelques racines, on les empote dans des godets de 5 centimètres de diamètre.

Dès que les racines sont parvenues à la paroi du pot et commencent à contourner celle-ci, on dépote les plantes avec soin pour ne pas briser la motte et on les place dans des pots plus grands, de 10 centimètres de diamètre.

Un mois plus tard environ, on effectue un nouveau rempotage en pots de 16 à 18 centimètres si l’on veut faire des plantes à une seule tige (uniflores), de 20 à 25 centimètres si l’on veut, au contraire, faire des plantes à plusieurs branches (potées). Il faut particulièrement veiller à assurer le drainage du pot, ce que l’on réalise en plaçant un tesson de pot et quelques petits cailloux au fond. Au-dessus, on met un peu de terre afin que, la plante étant posée sur cette terre, le collet arrive un peu au-dessous du bord supérieur du pot. On tasse assez fortement. Un arrosage à la pomme termine l’opération.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 395