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Pour produire intensivement

Il est de votre intérêt personnel bien compris, comme de l’intérêt général, d’accroître les rendements en quantité et qualité à l’unité individuelle des animaux que vous élevez, et de la surface de terre de votre propriété, petite ou grande. Il en est ainsi dans les pays où la culture et l’élevage sont évolués.

Par des méthodes adaptées au milieu, chaque exécutant, chaque mètre carré de terre, chaque animal fournissent ainsi une valeur plus grande de denrées ou de matières premières grâce aux progrès techniques et pratiques, à de meilleurs procédés de productions et de transformation ; grâce aussi aux dispositions prises pour que les parasites animaux et végétaux ne prélèvent pas une grosse part de notre production.

La terre ne constitue-t-elle pas l’élément essentiel et stable de cette production dégagée des charges que subissent les denrées et matières importées : fruits, légumes, volailles, viandes, œufs, textiles, etc. ? Mais il est indispensable que vous réformiez les méthodes périmées et que vous substituiez l’effort au laisser-aller. C’est d’ailleurs ainsi que le comprennent et le réalisent maints propriétaires et professionnels, en accentuant l’application des méthodes progressives.

1° D’abord, appropriez la culture à entreprendre au milieu et à la nature du sol, afin de vous assurer les meilleures chances d’un rendement maximum. Combien il est vain de vouloir y adapter artificiellement la culture d’une plante qui ne peut s’y plaire pour la satisfaction de la difficulté vaincue ! Surtout ne laissez pas, à défaut de façons culturales, les plantes parasites envahir la culture et s’approprier ainsi les matières nutritives destinées aux plantes utiles, ce qui a pour résultat de réduire considérablement les récoltes en quantité et en qualité.

2° S’il s’agit de l’élevage, choisissez la race en fonction du climat et de la nourriture qui satisfont les exigences de celle-ci, surtout lorsque vous adoptez une sorte exigeante parce que perfectionnée. Êtes-vous, au contraire, dans les conditions requises pour produire du lait ? N’entretenez pas de vaches quelconques, qui, n’étant pas rationnellement alimentées, produisent peu de lait pauvre en matières grasses. Ces vaches ne paient que médiocrement nourriture et soins insuffisants, alors que des sujets sélectionnés d’une bonne race, convenablement nourris, vous donneraient un rendement accru d’un lait riche et onctueux. Ne tenez pas deux de ces vaches si vous ne disposez pas de quoi les bien nourrir, mais une seule. Rendez-vous compte de cette production par le contrôle laitier et beurrier qui vous permet de réformer les sujets insuffisants.

3° Vous possédez un troupeau de poules hétérogènes, de tout âge, pondeuses tardives, médiocres, irrégulières, ne remboursant pas leur nourriture. Remplacez-les par des poulettes issues de lignées de bonnes pondeuses sélectionnées, nées au bon moment, donnant précocement, régulièrement, dès octobre, une moyenne très élevée de beaux œufs qui vous laissent d’appréciables bénéfices.

4° Vous avez constitué un verger. Vous estimez que vos arbres doivent se suffire et se défendre. Vous les privez donc d’engrais et de traitements insecticides et fongicides. Mauvaise méthode ! Résultat : ces arbres, affaiblis, en état de moindre résistance et la proie des parasites, ne vous donnent qu’irrégulièrement des fruits insuffisamment nourris, mal venus. Ces fruits tarés, déformés, véreux, tavelés pour la plupart, sont d’une conservation et d’une utilisation précaires et d’une valeur marchande diminuée, même invendables pour la plupart, en période normale.

Si vous les livrez en mélange, sans prendre la peine de trier et de calibrer ceux qui ont échappé aux attaques des parasites, ils sont cotés aux prix les plus bas. Ou bien, si vous les triez pour en parer le dessus du panier, ce qui est pis encore, car il s’agit là d’une tromperie évidente de la chose vendue, ce fardage contribue à déprécier irrémédiablement vos futures livraisons.

Votre verger ne rémunère même pas, dans ces conditions, la valeur locative du terrain et votre travail, alors que des pommiers adultes bien soignés rapportent chaque année des milliers et même des dizaines de milliers de francs. Ils sont remarquablement rentables.

Nous nous limitons à cas quatre exemples de ruineuses façons de procéder, si nuisibles à vos intérêts, exemples qui peuvent être multipliés, alors que la substitution des bonnes méthodes est à votre portée. Vous les trouvez exposées dans ces pages pour vous assurer le maximum de réussites, de succès et de profits.

Il nous faut recréer l’abondance. Un pays ne peut dépenser pour manger, boire, se vêtir, se loger, s’assurer d’indispensables distractions, qu’autant qu’il produit à bon compte ou qu’il échange une partie de ce qu’il produit contre ce dont il a besoin. Sinon, il s’engage sur la corde raide, et c’est l’inévitable culbute. Et vous subissez, inévitablement, les conséquences d’un pareil état de choses.

A. DE BRETEUIL.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 397