À la fin de février et au commencement de mars, les grands
froids sont d’habitude peu à craindre. Les jours s’allongent, les fortes gelées
nocturnes sont plutôt rares, en sorte que cette période est favorable à la
livraison des pommes de terre. Cette livraison peut comprendre les expéditions
faites au loin par wagons ou par camions ; elle peut comprendre aussi les
fournitures effectuées dans la région de production. Les conditions de
livraison acquièrent, cette année, une grosse importance eu égard à la cherté
et à la rareté des tubercules. Nous pensons intéresser les cultivateurs en
étudiant brièvement cette question de fourniture des plants.
Les diverses sortes de plants.
— Pour une même variété, on distingue actuellement
trois catégories de plants : ces catégories, basées sur le pourcentage des
pieds sains, ont été déterminées au cours des opérations estivales du contrôle
des cultures.
1° Les plants sélectionnés, fournis par les syndicats
de sélection et de contrôle ; ces plants sont issus de cultures ayant, au
cours de la dernière visite, accusé moins de 5 p. 100 de plantes malades.
2° Les plants dits de multiplication, provenant des
cultures renfermant moins de 10 à 12 p. 100 de pieds malades.
3° Les plants dits de plantation, qui constituent un
troisième choix ; on les obtient dans les cultures refusées pour la
multiplication, cultures renfermant au moins 75 p 100 de pieds sains.
Il est bon de faire remarquer que, par le contrôle de
plantations en zones favorables, on arrive souvent à découvrir des cultures
égales en pureté à celles qui sont sélectionnées. La récolte de ces cultures
est de premier choix, bien que fournissant des plants de multiplication, vendus
toujours moins cher que les plants de sélection.
Le prix des plants.
— Pour la détermination du prix de revient de ces
diverses sortes de plants, on tient compte de la qualité sanitaire et de la
façon dont la marchandise est présentée. Il existe d’abord une prime dite de
calibrage qui peut varier, suivant les cas, entre 30 et 40 francs par
quintal. Il y a ensuite une prime de qualité, qui, pour la
multiplication, atteint généralement 20 francs et, pour la sélection, 70 à
80 francs, et même davantage. La prime de calibrage et la prime de qualité
s’ajoutent au prix de base de la consommation pour déterminer le prix payé au
producteur lors de la livraison.
Ce que l’on entend par calibrage.
— Depuis longtemps, on s’est aperçu qu’avec des plants
moyens, ni trop gros, ni trop petits, les déchets étaient réduits au minimum
lors de la plantation. Les tubercules de dimensions appropriées étaient, par
suite, avantageux, puisque, pour le même poids, ils permettaient de suivre une
surface plus élevée. On a donc été amené à calibrer les plants,
c’est-à-dire à les choisir d’une certaine grosseur en éliminant les tout petits
tubercules et les gros. Il est bien évident que cet enlèvement des gros
tubercules ne s’explique que par raison d’économie et pour des plants issus de
cultures en bon état sanitaire. S’il en était autrement, l’emploi des gros
tubercules serait plutôt à conseiller, en vue de détruire les progrès de la
dégénérescence.
Pour les variétés de grande culture, le calibrage le plus
usuel des plants est de 40 grammes à 120 grammes ; lorsque la
variété craint peu le coupage, on peut aller jusqu’à 150 grammes.
Pour les variétés potagères ou variétés fines, à production
réduite, le calibrage habituel est de 30 à 90 grammes.
On conçoit fort bien que, pour effectuer le calibrage d’un
lot de plants, il n’est pas nécessaire de faire passer tous les tubercules sur
les plateaux d’une balance. On se contente de peser deux tubercules limite, par
exemple un de 40 grammes et un autre de 120 grammes et de les placer
bien en vue : un simple coup d’œil jeté à ces tubercules, lors de la
manipulation des plants, permet de retenir ceux convenant au calibrage désiré.
Le triage des tubercules.
— Trier des tubercules, c’est éliminer de la plantation
ceux susceptibles de fournir des plants défectueux. En réalité, le triage et le
calibrage s’effectuent en même temps. Les tubercules, conservés en cave ou en
silos, sont transportés dans une grange un peu éclairée et disposés en tas. Les
tubercules destinés à la vente comme plants sont minutieusement examinés un à
un. Par le triage, on élimine les tubercules suivants :
1° Les tubercules pourris, ou seulement un peu
altérés en surface par le mildiou ; placés en terre, ces tubercules se
gâtent sans pouvoir émettre de germes.
2° Les tubercules blessés par la pioche au moment de
l’arrachage ; très souvent, il est vrai, la blessure est cicatrisée ;
néanmoins, ces tubercules sont susceptibles de s’altérer dans la terre beaucoup
plus facilement que les tubercules normaux.
3° Les tubercules irréguliers et difformes, dont la
peau est souvent parsemée de ponctuations noires ; il s’agit, en l’espèce,
de la maladie appelée rhizoctone, affection très souvent transmissible.
4° Les tubercules fortement atteints de gale. On sait
que la gale commune est extrêmement fréquente ; cependant, les tubercules
atteints le sont à des degrés divers ; il y a lieu seulement d’éliminer
ceux qui présentent des pustules nombreuses et rapprochées.
5° Enfin, si la germination est commencée, il est toujours
recommandé d’éliminer les tubercules stériles ou à germes filants ou boulés.
Telles sont les premières prescriptions relatives au
triage ; cette opération s’effectue, nous l’avons dit, en même temps que
le calibrage. Les plants acceptés sont mis en sacs pour une expédition
éventuelle.
Cl. PERRET.
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