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L’élevage naturel des poussins

L’élevage naturel n’est pratiqué avec satisfaction qu’avec les poules et les dindes. Les pintades, oies et canes donnent en général des résultats très irréguliers et ne sont guère utilisables que pour les œufs de leur espèce propre entre les mains d’éleveurs habiles.

Il est recommandé de ne pas confier de bandes de poussins trop nombreuses à la même meneuse. Quelques aviculteurs réunissent sous la même poule deux couvées différentes, afin de pouvoir recommencer une seconde incubation avec l’animal ainsi libéré. Cette pratique n’est à encourager qu’avec les très bonnes couveuses, et deux incubations successives sont un maximum, surtout si la température est élevée. De toute façon, même avec une très grosse poule, ne dépassez pas le nombre de vingt poussins, car les sujets en surnombre souffriraient du froid, et leur développement s’en trouverait retardé.

Lorsqu’on a des poussins en excédent, ou bien encore si on a pu se procurer des poussins d’un jour, il est possible, avec certaines poules et dindes excellentes meneuses, de les leur confier à tout moment et sans même qu’elles aient couvé. Mais ces sujets sont assez rares et il faut être sûr de leurs qualités pour éviter tout risque d’abandon. Le mieux est de faire couver l’oiseau à qui on désire confier des poussins pendant cinq ou six jours et de substituer les poussins aux œufs pendant la nuit. On transfère ensuite dans la boîte d’élevage. L’art de l’éleveur consiste à éviter aux jeunes toute transition brutale, tout à-coup dangereux. Le mieux est d’habituer les poussins à se suffire à eux-mêmes le plus tôt possible, mais il faut aller très progressivement. L’exagération des soins peut également avoir des conséquences presque aussi fâcheuses que leur insuffisance ; aussi le débutant devra procéder par tâtonnements pour tout changement de régime, habitat, etc., en tenant compte de la vigueur des poussins, de la saison, de la vigueur des reproducteurs dont ils sont issus, du climat, de la race et de la saison.

Soins du premier mois ou « petit élevage ».

— La conduite en liberté des poussins par une meneuse est à prohiber pour de multiples raisons. Le mieux est de construire une boîte d’élevage, chose extrêmement simple. Celle-ci prend la forme d’une cabane ou d’une cage à barreaux, selon qu’elle est destinée à être placée en plein air ou sous abri (ce qui est toujours préférable).

Les dimensions courantes sont : 0m,45 x 0m,45 ; hauteur du fond, 0m,60 ; de façade, 0m,65. Pour une dinde, on donnera 0m,85 x 0m,80 ; hauteur du fond, 0m,85 ; hauteur du devant, 0m,95. Le dessus sera mobile et en forme de toit si la boîte est destinée au plein air.

La façade de la boîte sera faite à claire-voie en laissant 7 à 9 centimètres entre les barreaux. Il est bon cependant de pouvoir fermer ladite façade en cas de nuits froides, en prévoyant un châssis plein amovible comportant une fenêtre d’aération à glissière.

Dans les régions froides, brumeuses ou pluvieuses, la boîte de plein air sera deux fois plus longue que large et divisée en deux parties ; la moitié du fond sera la chambre qui servira de dortoir et retiendra la meneuse, et, dans l’autre partie, les poussins seront à l’abri du mauvais temps, et on y déposera leur nourriture.

Enfin, la boîte ne sera pas posée à même le sol, mais isolée de celui-ci par deux briques ou des liteaux disposés transversalement. À l’intérieur, ne pas oublier de déposer un peu de sable fin et de paille hachée par-dessus.

L’endroit où sera déposée la boîte d’élevage ne doit pas être choisi au hasard ; il faut tenir compte des intempéries, de l’humidité du sol, de l’orientation, afin d’éviter les grands vents, toujours dangereux pour les poussins ; il ne faut pas également placer la boîte dans le même parquet que les volailles adultes. Le sol idéal est un gazon tendre, ou, à défaut, du sable très fin et très propre. La boîte d’élevage sera changée de place le plus souvent possible afin d’éviter le piétinement et l’infection rapide du sol aux alentours immédiats.

Dès leur naissance, les poussins sont portés à la main dans la boîte d’élevage, et la meneuse y est ensuite déposée doucement. Aucune nourriture ou boisson ne doit être distribuée aux poussins avant un délai de quarante à soixante-dix heures après l’éclosion, car il faut que ceux-ci aient résorbé le jaune qu’ils ont absorbé avant de naître et dont ils pourraient se contenter sans périr pendant trois à six jours. Le mieux est de donner le premier repas le troisième jour. Ce repas sera donné dans la boîte d’élevage afin que la meneuse apprenne aux jeunes à manger. Il est indispensable de posséder du petit matériel approprié à la taille des poussins ; les mangeoires métalliques comportant au-dessus des arceaux basculants d’écartement variable sont les plus pratiques, car elles sont faciles à nettoyer, et les poussins ne peuvent pénétrer à l’intérieur et ainsi souiller leur nourriture. Le petit abreuvoir siphoïde est également indispensable ; les bords n’auront pas plus de 2 centimètres de hauteur.

Ce que nous avons dit ci-dessus au sujet du délai à respecter dans la distribution de la nourriture à la couvée ne s’applique aucunement, bien entendu, à la poule ou dinde qui en a le soin. Celle-ci, dès son introduction dans la boîte d’élevage, devra y trouver boisson et nourriture, mais hors de portée des jeunes. Cette alimentation doit être distribuée sous une forme qui ne permette pas aux poussins de l’absorber, les grains volumineux (maïs, avoine, pois jarras) sont à conseiller, de même que les boulettes et granulés complets de gros calibre. La verdure ne lui fera pas défaut, et elle pourra également consommer les restes des poussins.

La quantité approximative de nourriture absorbée par des poussins de taille moyenne est d’environ 60 grammes la première semaine, 70 grammes la deuxième, 130 grammes la troisième, 190 à 200 la quatrième (par unité).

La composition des aliments distribués étant la même dans l’élevage naturel que dans l’élevage artificiel, nous examinerons celle-ci ultérieurement.

Le second élevage : deuxième mois. — En vue de préparer le poussin au sevrage, le régime commence, dès le deuxième mois, à subir quelques variations. Quelques grains moyens peuvent remplacer les graines fines du premier mois, la nourriture peut devenir un peu moins raffinée, une plus grande liberté sera octroyée. Le moment exact du sevrage doit être placé entre le trente-cinquième jour et le quarante-cinquième jour, et l’expérience prouve qu’on affaiblit plutôt les poussins en les laissant trop longtemps avec la meneuse.

Celle-ci sera retirée une nuit et replacée au poulailler de ponte.

La boîte d’élevage continuera de servir de dortoir aux poussins sevrés pendant une quinzaine de jours. Tout dépend de la température ; mais il faudra placer le châssis plein les premières nuits après l’enlèvement de la mère, afin d’éviter de dangereux refroidissements nocturnes. Le plus grand espace possible sera donné aux poussins si la température est élevée et que le parquet ne possède pas d’arbres ; il est indispensable de procurer des retraites ombragées pour les jeunes, ces abris pouvant être constitués par de simples écrans mobiles et inclinés.

Le logement qui sera affecté aux poussins âgés de deux mois ne devra pas être trop grand ou trop petit, les deux extrêmes ayant leurs inconvénients. Évitez absolument de faire coucher les poussins sur un sol en maçonnerie nue. Une petite litière de paille hachée, de tourbe, etc., est utile les premiers jours.

Quand les poulets auront atteint deux mois d’âge, ils commenceront à se percher. Il y aura lieu de leur fournir des perchoirs placés d’abord à 0m,40 du sol environ et dont les extrémités seront entourées de cordons, ficelles, etc. enduits de graisse épaisse, ou bien maintenus aux extrémités par des supports isolants spéciaux, afin d’empêcher l’invasion nocturne de la vermine.

L’aération du local sera réglée suivant l’attitude des sujets. Pendant la durée de « second élevage », la quantité moyenne de nourriture absorbée par sujet, non compris la verdure, sera environ de 280 à 300 grammes la cinquième semaine, 320 grammes la sixième, 375 grammes la septième, 450 grammes la huitième et 530 à 600 grammes la dernière semaine.

Robert GARETTA.

Le Chasseur Français N°612 Février 1947 Page 401