Un cas fréquent.
Un correspondant de Seine-et-Oise m’écrit :
Je voudrais établir une modeste basse-cour pour loger une
demi-douzaine de poules et autant de canes pondeuses, de manière à pouvoir
produire des œufs pour manger à la coque, en réservant deux des canes aux
usages ordinaires, ainsi que quelques lapins. Malheureusement, je ne puis
disposer que de 30 mètres carrés devant être pris sur notre jardin, de
superficie restreinte. Pouvez-vous m’indiquer le meilleur dispositif à adopter
pour que mon petit bétail soit confortablement logé et qu’il n’ait pas à
souffrir d’une promiscuité nuisible à la santé de mes élèves ?
La prophylaxie des basses-cours.
— S’il est plus difficile d’assurer aux volailles
logées à l’étroit un milieu sain que lorsqu’on dispose de larges parcours, la
chose n’est pas impossible, mais il faut observer des mesures aseptiques
rigoureuses et faire en sorte que des volailles d’espèces différentes ne se
gênent pas mutuellement.
D’ailleurs, il existe maints petits poulaillers, établis sur
des surfaces ne dépassant pas 10 mètres carrés, où la ponte est
satisfaisante, beaucoup plus élevée que celle des volailles en liberté dans des
cours de ferme ; mais il faut remédier au défaut de place par des
agencements d’hygiène et de salubrité empêchant les infections et les
infestations microbiennes et parasitaires.
Pour répondre à la question posée, je dois dire que les
poules et les canes feraient très mauvais ménage ensemble, parce que les
premières sont des oiseaux percheurs, tandis que les deuxièmes dorment sur le
sol même, où elles reçoivent les déjections des poules et respirent un air
vicié par les gaz lourds chargés d’acide carbonique. En outre, si les
palmipèdes et les gallinacés peuvent être nourris à peu près de la même
manière, la pâtée que l’on distribue aux canes doit être beaucoup plus claire
que celle destinée aux poules.
Comme il leur faut des mangeoires indépendantes, on les
logera dans des locaux séparés. On devra donc prévoir une division de l’espace
disponible en deux compartiments, tant au titre de dortoir que de réfectoire.
Quant aux lapins, par le moyen des cases superposées, leur
clapier occupera peu de place, et ils ne gêneront nullement les volailles.
Une distribution judicieuse.
— Supposons que le terrain soit représenté, pour les
30 mètres carrés, par un rectangle de 6 mètres de long sur
5 mètres de large. On commencera par construire, dans le fond, un poulailler
et une canardière indépendants A et B, mesurant respectivement 2m,50
x 2 mètres. Ces bâtisses pourront être édifiées en dur (briques, ciment,
parpaings, etc.), ou encore en bois, en pisé, en clayonnage, etc., l’espace
étant largement suffisant pour une demi-douzaine de pensionnaires de chaque
sorte, si les locaux sont pourvus d’un système d’aération convenable.
En avant des deux logements adjacents A et B, on
prolongera la couverture de façon à former un auvent en appentis saillant, de
2 mètres environ, lequel fournira un réfectoire séparé aux poules et aux
canes, ce qui n’empêchera pas de construire au milieu, en C, un petit clapier,
comprenant trois étages de cases superposées. Ce clapier sera également abrité
des pluies par l’auvent qui fera saillie d’un mètre sur le devant.
Quant au terrain restant, 2 mètres également, en D et E,
il sera entouré d’un grillage galvanisé, haut de 1m,75 à
2 mètres, à usage de courette extérieure pour les volailles.
En se reportant à la gravure ci-contre, et suivant la coupe
XY, on aperçoit en B’ la coupe du poulailler, dont la plus grande hauteur est
de 3m,50. Au milieu se trouve le perchoir plat des poules, et, sur
le côté, sont suspendus les pondoirs à la cloison arrière. En haut, un trou
d’aération, continué par un tuyau débouchant au-dessus de la toiture, sert de
cheminée ventilante et assure l’évacuation des gaz chauds et des odeurs
ammoniacales.
La canardière, également munie d’une cheminée d’aération,
est simplement pourvue d’une litière abondante, fréquemment renouvelée.
Le clapier C’, construit de préférence en ciment armé,
comptera deux cases au rez-de-chaussée et au deuxième étage, pour
l’engraissement des lapereaux, mais il n’y aura qu’une seule niche au premier
étage, réservée à la lapine portière et aux jeunes qui resteront avec elle
jusqu’à l’âge de huit à douze semaines. Le toit de l’auvent, faisant saillie
d’un mètre, abritera les lapins des pluies obliques.
La meilleure orientation pour la petite basse-cour est celle
de l’est. Si l’exposition est en plein midi, il sera bon de planter un arbre à
feuillage persistant, afin de procurer une ombre bienfaisante dans le parquet
grillagé servant de parcours extérieur aux volailles.
Le parquet D’, réservé aux palmipèdes, sera pourvu
d’une baignoire pour les ablutions. C’est dans ces parquets que l’on jettera en
tout temps les verdures hachées qui contiennent les vitamines et les sels
minéraux, dont le bon côté est de stimuler la ponte.
Conduite des élevages.
— Le poulailler et la canardière étant
peuplés chacun de six pondeuses, il n’est pas nécessaire de leur adjoindre un
coq ou un canard, si on ne s’occupe pas d’élevage, c’est-à-dire si l’on achète
de nouveaux reproducteurs, une fois que la troisième ponte est terminée.
Dans tous les cas, on se procurera des poules de race
pondeuses, Leghorns ou Bresses, et des canes Coureurs ou Kakis, qui pondent
autant, sinon plus, que les meilleures poules.
Pour peupler le clapier, on achètera une lapine
pleine, de taille moyenne, de préférence une Normande prolifique, qu’on logera
dans la case la plus spacieuse. Après le sevrage, les lapereaux seront répartis
dans les cases d’engraissement. En attendant le sacrifice, la femelle ayant été
remise au mâle, elle fournira des sujets de remplacement.
La nourriture, distribuée à heure fixe, deux fois par jour,
aux volailles, devra être adaptée à la ponte intensive, et l’on adoptera un
rationnement mixte (pâtée le matin, verdures à midi et du grain le soir). Quant
aux lapins, on donnera à chacun des deux repas des verdures et du sec. C’est le
meilleur moyen d’éviter les troubles intestinaux.
Enfin, toutes les semaines, au moins une fois, on nettoiera
le poulailler à fond et on renouvellera la litière de la canardière et du
clapier. On évitera ainsi les infestations parasitaires et les infections
microbiennes qui sont la plaie des élevages, petits et grands.
MONDIAGE d’ARCHES.
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