Vitamines ! C’est un mot qui est aujourd’hui sur toutes
les lèvres ; le mode d’emploi de n’importe quel produit alimentaire
préparé nous indique la façon de s’y prendre pour éviter la destruction des
vitamines qu’il contient. Il est, en effet, indispensable que notre nourriture
quotidienne nous apporte un minimum de ces merveilleux élixirs de vie sans
lesquels une bonne santé ne peut longtemps se maintenir.
Toute bonne ménagère doit se préoccuper, dans la composition
de ses menus, d’apporter aux divers membres de sa famille les vitamines dont
ils ont besoin.
Certaines de ces vitamines sont indispensables à la vie :
ce sont les vitamines hydrosolubles, ou solubles dans l’eau ;
d’autres sont plus spécialement utiles à la croissance : vitamines
liposolubles, ou solubles dans les corps gras.
Parmi les vitamines hydrosolubles, les mieux connues
actuellement sont :
La vitamine C ou antiscorbutique, dont le
manque total dans l’alimentation provoque le scorbut. Cette vitamine est très
facilement détruite par la chaleur en milieu alcalin. Voilà pourquoi on
conseille d’additionner de jus de citron les confitures ; voilà pourquoi
encore certaines conserves, bien que cuites à l’autoclave, sont riches en
vitamines C : les conserves de tomates, les confitures d’oranges, par
exemple, peuvent être considérées comme sources de vitamines C en hiver
(surtout si la conserve est faite en bocaux de verre, et non en boîtes
métalliques). Mais c’est surtout dans les aliments crus que nous devons puiser
la vitamine C : tomate crue, orange, citron, groseille et, d’une
façon générale, tous les fruits, surtout s’ils sont un peu acides. À défaut de
fruits, en hiver, manger quotidiennement une salade crue (laitue, céleri,
pissenlit), ou parsemer d’un hachis de condiments crus (persil, oignons, ail,
épinards) un mets quelconque. L’organisme ne met pas en réserve la vitamine C.
Voilà pourquoi il est nécessaire de manger presque quotidiennement des aliments
contenant la vitamine C.
Les vitamines B, dont le manque total dans
l’alimentation provoque des maladies nerveuses, telles que le béri-béri et la
pellagre, comprennent en réalité deux facteurs :
La vitamine B1 ou antinévritique, qui
est facilement détruite par la chaleur, comme la vitamine C, et la vitamine B2
ou vitamine d’utilisation nutritive qui résiste davantage à la chaleur. Ces
vitamines jouent un rôle essentiel dans l’utilisation par l’organisme des
hydrates de carbone ; plus une alimentation est riche en farineux (mets à
base de farines de céréales, pommes de terre, légumes secs, châtaignes), plus
elle doit contenir de vitamines B, sinon les féculents non utilisés par
l’organisme l’intoxiquent, provoquant des maladies de peaux (boutons,
furoncles, eczéma, etc.) et même des maladies nerveuses pouvant aller jusqu’à
la folie. En général, les produits que nous offre la nature contiennent une
heureuse proportion d’hydrates de carbone et de vitamines B : toutes
les céréales, les légumes secs, les pommes de terre, qui sont très riches en
féculents, le sont aussi en vitamines B, ces vitamines étant concentrées
autour du germe et sous la peau ou les téguments. Malheureusement, les diverses
préparations que ces aliments subissent avant d’arriver dans notre organisme
détruisent plus ou moins ces vitamines : un blutage élevé du blé nous donne
du pain blanc, mais ne contenant plus assez de vitamines B pour être à lui
seul utilisé par l’organisme ; des pommes de terre épluchées, les germes
profondément enlevés, et cuites ne contiennent plus assez de vitamines B ;
les légumes secs décortiqués (pois cassés, lentilles décortiquées) ont été
débarrassés de toutes leurs vitamines B ; des légumes secs entiers,
mais cuits avec du bicarbonate, risquent également de ne plus contenir ces
vitamines. Il est donc nécessaire d’absorber sous une autre forme des vitamines B,
surtout en hiver et au printemps, au moment où notre alimentation est
particulièrement riche en féculents.
Où trouver ces vitamines B ? Les pharmacies nous
en offrent sous diverses formes : mais nous ne devons en user que selon
les conseils du médecin. Il est un procédé bien simple de nous en
procurer : c’est de croquer tous les jours, en guise de hors-d’œuvre, des
grains de blé trempés dans l’eau depuis deux jours, et même trois en hiver.
Opérez de la façon suivante : ayez trois verres à cet usage ; le
premier jour, mettez des grains de blé à tremper que vous mangerez seulement le
troisième jour ; le deuxième jour, des grains que vous mangerez le
quatrième ; le troisième jour, des grains que vous mangerez le cinquième
jour ; tous les jours, ensuite, vous mangerez les grains d’un verre et les
remplacerez par des grains frais. Prenez-en tous les jours une cuillerée à
café, reposez-vous tous les mois pendant dix jours.
Si vous aimez la bière, elle est aussi très riche en
vitamines B. Enfin, une véritable source de vitamines B est la levure
de bière, qu’elle soit fraîche ou sèche, ou granulée. En hiver, ou dès que
vous découvrez des boutons de façon anormale sur votre peau, faites une cure de
levure de bière : une cuillerée à café dans un peu d’eau. C’est amer, mais
pas désagréable.
A. PEYREFITTE.
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