Les os de la face sont creusés de cavités qu’on appelle sinus
et qui communiquent entre elles et avec les fosses nasales ; aussi la
muqueuse qui les tapisse peut-elle participer à toutes les inflammations ou
infections du nez, et, d’autre part, le sinus maxillaire, creusé dans
l’épaisseur du maxillaire supérieur, en contact presque immédiat avec les
racines de la deuxième prémolaire et des deux premières molaires, peut
s’infecter par contiguïté, lors d’une carie profonde ou d’un kyste d’une de ces
racines. On peut donc décrire deux formes de sinusite, l’une d’origine nasale,
dont la sinusite grippale est le type, l’autre d’origine dentaire.
La sensation de pesanteur, de lourdeur dans la tête, surtout
marquée au front, parfois à la nuque, d’un seul ou des deux côtés, que l’on
ressent au cours d’un simple coryza, traduit la congestion, l’inflammation plus
ou moins intense de la muqueuse des sinus frontaux ou occipitaux ;
habituellement, ces malaises rétrocèdent rapidement avec la guérison du « rhume
de cerveau », mais les douleurs peuvent persister, prendre parfois un
caractère névralgique, survenir par accès lorsque les sécrétions ne peuvent
s’évacuer ; celles-ci peuvent devenir purulentes et passer à la
chronicité. Le diagnostic n’en offre pas grandes difficultés, la douleur est
réveillée par la pression au niveau de l’angle supéro-interne de l’œil dans les
sinusites frontales, au niveau de la pommette dans les sinusites
maxillaires ; l’illumination de ces cavités montre, en cas de sinusite,
des zones d’opacité, sans même qu’il soit besoin de recourir à la radioscopie.
La muqueuse sinusienne congestionnée sécrète davantage, et
les sensations douloureuses sont dues surtout à la rétention des sécrétions
lorsqu’elles ne peuvent pas facilement s’évacuer par le nez lors du mouchage.
La première indication sera donc de faciliter cette
évacuation en désobstruant, en décongestionnant les fosses nasales ; on y
arrive facilement par l’emploi d’une des nombreuses spécialités à base
d’éphédrine ou de synédrine (préférables à l’adrénaline), qu’on fera suivre
d’inhalations soit au moyen d’un appareil spécial, soit simplement en aspirant
les vapeurs d’un bol d’eau bouillante surmonté d’une serviette pliée en cornet
qui prendra le nez et la bouche. On pourra utiliser des infusions bouillantes
de feuilles d’eucalyptus ou de coca, ou mettre dans le bol quelques gouttes
d’une solution d’eucalyptol ou d’essence de pin sylvestre, de préférence au
menthol, parfois mal supporté. Ce simple traitement suffit dans la majorité des
cas.
Plus graves sont les sinusites suppurées, qui, dans des cas
de plus en plus rares, peuvent nécessiter une intervention chirurgicale, afin
de donner une issue au pus qui ne peut plus s’évacuer par les voies normales.
Grâce à l’emploi de sulfamides, la trépanation des sinus, qui risque de laisser
une cicatrice disgracieuse, est devenue exceptionnelle pour les sinus
frontaux ; il n’en est pas de même pour le sinus maxillaire, mais, ici,
l’extraction de la dent causale suffit pour établir un drainage efficace ;
cette forme est, pour ainsi dire, toujours unilatérale.
La lettre d’une lectrice me demandant de consacrer une
chronique à la sinusite me signale un cas assez particulier où la sinusite
n’est qu’un symptôme particulier d’un ensemble de rhino-pharyngite chronique,
consécutive à un emploi excessif de médicaments iodés ou iodurés. En pareil
cas, le mieux serait, à mon avis, de recourir à des inhalations sulfureuses, à
l’aide d’une eau sulfureuse naturelle ou d’une des spécialités du commerce.
Dr A. GOTTSCHALK.
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