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Ouverture et fermeture au gibier d’eau

Il est aujourd’hui un point que je voudrais exposer : c’est mon avis sur les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse de marais ou de mer et leurs influences sur l’avenir de la sauvagine dans notre pays.

J’ai reçu, ces jours-ci, trop tard pour parler de cette question dans le numéro de février, des lettres émues de sauvaginiers me signalant certains départements côtiers, peu nombreux, il est vrai, où les autorités ont pris la décision de fermer la chasse au gibier d’eau le 2 février. Je vais prendre la défense de la sauvagine d’une part, et celle des chasseurs français d’oiseaux migrateurs, d’autre part. Ces deux causes sont intimement liées, à mon avis.

En ce qui concerne, en France, l’ouverture de la chasse au gibier d’eau, je ne suis pas un ardent partisan de l’ouverture obligatoire au 14 juillet. Les années où les eaux sont basses, où les jeunes halbrans ne sont pas toujours volants et n’ont que peu de défense, lorsque leur chasse ressemble assez à la chasse à courre dans les roseaux, il est à mon avis indispensable de reculer d’une dizaine de jours, peut-être quinze, la date de l’ouverture. Le niveau d’eau du marais est, pour la chasse, un maître dont il faut toujours suivre le conseil. Je n’oublie pas qu’en Brière j’ai fait des ouvertures fort intéressantes au 14 juillet, mais il y avait de l’eau, et je m’en souviens ...

En ce qui concerne la fermeture de la chasse, je pense qu’il est naturel de fermer la chasse au colvert semi-sédentaire le 15 février. Celui-ci s’accouple dans nos régions. Respectons la cane aux œufs d’or.

Quant aux grands migrateurs qui passent dans nos régions du 10 février au 31 mars, il serait à mon sens bien regrettable de fixer cette fermeture avant cette dernière date, tant que le Conseil international de la chasse, dont l’action à été si utile, n’aura pas réussi à coordonner dans chaque pays, aussi rigoureusement que possible, les époques de fermeture. Quant au gibier de grève, très abondant, dont les passages ont lieu en avril et mai, je pense qu’on peut laisser ouverte cette chasse intermédiaire jusqu’au 31 mai.

Il y a en France 700.000 sauvaginiers ; il serait souhaitable, comme en a formé le vœu l’« Association des huttiers et chasseurs de gibier d’eau », que la chasse au gibier d’eau et maritime soit intégrée dans toute loi sur la chasse en France, que cette chasse soit subventionnée à l’aide de fonds provenant de ristournes sur permis. L’Association estime, en outre, à juste titre, que ce genre de chasse doit avoir droit à un représentant qualifié au sein de tout Conseil ou Comité supérieur de la chasse, afin que les ouvertures et fermetures spéciales soient réglées par zones après l’avis des représentants naturels et spécialisés des chasseurs de gibier d’eau. Enfin, le Conseil de l’Association invite le Conseil international de la chasse à reprendre ses travaux si heureusement entrepris, en faveur d’une réglementation internationale de la chasse au gibier d’eau, et renouvelle sa demande d’être représenté au C. I. C.

En terminant cette courte causerie, je suis heureux de penser que l’Association des huttiers et chasseurs de gibier d’eau, le Saint-Hubert-Club de France partagent mon avis au sujet de la fermeture de la chasse au gibier d’eau le 31 mars, sauf cas exceptionnels. Les chasseurs de sauvagine, nous en formons le vœu, pourront ainsi, comme par le passé, profiter raisonnablement des grandes journées de la migration de retour.

Jean de WITT.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 420