L’anthonome du pommier est un charançon de couleur grisâtre,
de 4 à 5 millimètres de longueur, dont la tête est prolongée par une sorte
de bec ou rostre. Le corps est entièrement recouvert d’une pubescence grise,
les élytres portant, vers leur extrémité, une bande blanche qui forme comme un
chevron lorsque l’insecte est au repos.
Cet anthonome, qu’il ne faut pas confondre avec celui
du poirier, dont les mœurs sont très différentes, passe l’hiver à l’état adulte
sous les écorces, les mousses, les pierres, etc. Son activité reprend au
printemps. Bien avant la floraison des pommiers, on le trouve sur les branches.
Il pique alors les boutons floraux pour se nourrir de la sève. Après
accouplement, c’est-à-dire entre la fin mars et la mi-avril, la femelle pond.
Chaque œuf est déposé à l’intérieur d’un bouton, soit entre les pétales, soit
plus profondément, lorsque ce bouton n’est pas encore complètement débourré,
c’est-à-dire du stade dit « bourgeon blanc » au stade dit
« bouton rose ».
Quelques jours après la ponte, la larve éclôt et commence à
dévorer les organes internes de la fleur dont le développement s’arrête. Alors
que les fleurs non attaquées s’épanouissent, celles attaquées par l’anthonome
se dessèchent, la corolle roussit et prend l’aspect d’un « clou de
girofle ».
La larve continue à se développer à l’intérieur de la fleur,
puis, au bout d’une quinzaine de jours, s’y transforme en nymphe. La nymphose
dure huit jours environ ; après quoi, l’insecte parfait sort par un trou
pratiqué dans la calotte du « clou de girofle ». Son développement
complet a demandé un mois environ. Les insectes adultes, réapparus en mai-juin,
restent au repos jusqu’à la fin de l’hiver suivant.
C’est donc pendant une période assez courte que l’anthonome
est dangereux. Cette période a pour point de départ la ponte qui, nous venons
de le voir, s’accomplit uniquement sur les boutons en voie de débourrement.
Elle coïncide exactement avec l’époque d’application utile des traitements.
L’anthonome du pommier, qui, presque chaque année, fait des
ravages considérables sur les pommiers, s’attaque aussi assez souvent au
poirier, sur lequel ses dégâts procèdent des mêmes caractéristiques.
MOYENS DE LUTTE.
— Jusqu’à ces dernières années, les procédés en
usage : récolte des insectes adultes et des fleurs anthonomées, pièges,
traitement d’hiver aux huiles d’anthracène et autres, traitements de printemps
aux bouillies arsenicales ou sulfo-calciques, ne permettaient d’atteindre
qu’une faible partie des insectes et l’on désespérait d’enrayer les dommages
sans cesse croissants de l’anthonome lorsque apparurent sur le marché des
insecticides de nouveaux produits organiques de synthèse, parmi lesquels on
peut citer ceux à base d’hexachlorocyclohexane, de sulfure de polychlorocyclane
(S. P. C.), de dichlorodiphényltrichoréthane (D. D. T).
Ces deux derniers, essayés depuis seulement deux ans, se
sont révélés d’une telle efficacité que l’on peut considérer la question de
lutte contre l’anthonome du pommier comme définitivement résolue.
Il existe un certain nombre de spécialités commerciales à
base de D. D. T. et de S. P. C.
Les premières se présentent généralement sous deux
formes :
En poudre, pour l’emploi à sec par poudrages.
Pour bouillies, à employer en pulvérisation à des
doses variables selon la spécialité.
Les produits à base de S. P. C. se présentent plus
souvent à l’état de pâtes fluides qui s’emploient ordinairement à la dose de
1,5 p. 100 pour préparer des bouillies.
Le traitement au D. D. T. doit être effectué
lorsque les arbres se trouvent au stade dit « bourgeon blanc »,
c’est-à-dire avant que toute trace de végétation verte n’apparaisse à
l’extrémité des bourgeons cependant déjà « débourrés ». C’est, en
effet, un insecticide de contact dont l’action persiste un certain
temps.
Quant au S. P. C., dont l’action est à la fois insecticide,
ovicide et larvicide, il peut permettre de sauver des boutons
déjà contaminés et peut être employé depuis le départ de la végétation jusqu’au
moment où les boutons des fleurs commencent à se colorer (stade « bouton
rose »).
Avec l’un et l’autre de ces produits, les traitements
précoces ont une action préventive. Leur application coïncide, en effet,
avec la période d’accouplement et de ponte de l’insecte. Ils sont dirigés
contre l’insecte parfait.
Avec le S. P. C. on peut, en outre, faire des
traitements curatifs qui agissent sur les œufs et les jeunes larves.
Le nombre des traitements (1 ou 2) dépend des conditions
climatériques et varie selon l’intensité des attaques et la durée des
invasions.
Ajoutons que les deux produits dont il est question
ci-dessus ne sont pas toxiques, aux doses d’emploi normales, pour l’homme et
les animaux domestiques.
Dans un certain nombre d’essais faits, en 1945 et 1946, sous
le contrôle du Service de la protection des végétaux, le coefficient
d’efficacité s’est révélé souvent égal ou supérieur à 90 p. 100.
On peut donc, sans s’avancer imprudemment, affirmer que
cette nouvelle méthode de lutte permet de conjurer le redoutable fléau que
constitue l’anthonome.
E. DELPLACE.
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