Le dahlia

Parmi les végétaux de culture facile que l’amateur doit introduire dans son jardin d’agrément, les dahlias tiennent incontestablement une des premières places.

Ces plantes sont trop connues pour qu’il soit nécessaire d’insister sur leur valeur décorative. Pendant près de quatre mois, elles contribuent puissamment à l’ornementation du jardin, où on les emploie à former des corbeilles, à orner les plates-bandes. Si l’on sait bien combiner, dans une plantation, la hauteur des plantes et l’assemblage des coloris, on peut en obtenir des effets merveilleux. Certaines variétés à fleurs de couleur vive peuvent servir à faire des corbeilles unicolores, les variétés naines pouvant aussi former, dans les jardins assez vastes, des bordures d’un très bon effet. En outre, les fleurs des dahlias sont très convenables pour faire des gerbes, des bouquets, et pour orner les vases en appartement.

On multiplie les dahlias par séparation des touffes, par boutures ou par semis.

Le premier procédé est le plus usité par la plupart des amateurs, bien qu’il ne donne pas d’aussi bons résultats que le bouturage. On l’opère ordinairement au moment de la plantation, dès que les gelées ne sont plus à craindre, c’est-à-dire au début de mai sous le climat de Paris. On peut diviser chaque touffe en autant de parties qu’il y a de racines munies d’un bourgeon. Chacun des fragments est mis en place, et, lorsqu’il commence à pousser, il est bon de ne conserver qu’une seule tige afin d’avoir une floraison plus abondante et des fleurs plus belles. On doit, en outre, peu de temps après la plantation, placer des tuteurs qui serviront plus tard à attacher les plantes afin d’éviter qu’elles ne soient brisées par les coups de vent. On formera ensuite un bassin autour de chaque pied : on y mettra un peu de fumier court ou de paillis, puis on arrosera chaque fois que le besoin s’en fera sentir.

À la campagne, on plante assez souvent les touffes entières ; c’est une mauvaise pratique ; on n’obtient, par ce moyen, que des plantes trop ramifiées, très feuillues, ainsi que des fleurs petites et mal faites.

Pour multiplier les dahlias par boutures, il faut placer les vieux pieds sur une couche tiède vers le 15 mars. De jeunes pousses se développent alors, que l’on détache avec une portion de la racine charnue, de 1 à 2 millimètres d’épaisseur, dès qu’elles ont de 3 à 5 centimètres de longueur. Chaque bouture est placée dans un pot de 5 à 6 centimètres de diamètre qu’on maintient sur couche ou sous cloche ombrée, sans donner d’air, jusqu’à la reprise qui demande une ou deux semaines, parfois davantage. Dès qu’on voit les boutures s’allonger, on enlève les cloches, on rempote dans des pots un peu plus grands et on habitue peu à peu à l’air pour planter en place du 15 au 20 mai. Ce moyen, employé par les horticulteurs, permet d’obtenir des fleurs plus abondantes, plus grandes » mieux faites que celles obtenues par division des touffes.

Enfin, le semis est le procédé de multiplication qui permet aux spécialistes d’obtenir de nouvelles variétés.

Le nombre de ces variétés actuellement dans le commerce est considérable, et chaque année en voit éclore de nouvelles, dont certaines marquent un net progrès sur les anciennes, soit en raison de leurs coloris, soit à cause de la dimension des fleurs, de leur forme, de leur tenue, du port particulier de la plante. Il ne nous est pas possible de donner ici une liste, même sommaire, des plus belles variétés d’obtention récente, mais, à l’intention de ceux de nos lecteurs que la question intéresse, nous en citerons cependant quelques-unes qui nous ont semblé particulièrement remarquables :

Aumônier Chandelon, rose vif à centre crème ; Justinius Kerner, cactus rouge à pointes blanches ; Mistress Keene, décoratif jaune pur ; Deuil de Clemenceau, à fleur colossale rouge grenat pourpré ; Red Terror, décoratif, énorme, rouge feu brillant ; Gemma Clara, très beau cactus jaune ; Champion de France, cactus à ligules enrubannées rouge vif pointé or ; Laura Lawrence, à très grande fleur jaune doré ombré orange ; Joséphine Klimpt, blanc pur, idéal pour fleur coupée ; Berger’s Meesterstuck, rose tendre à pétales de chrysanthème, cactus vrai d’excellente tenue dans l’eau, etc.

La floraison des dahlias peut commencer en juin-juillet, mais c’est surtout en août, septembre et octobre que cette floraison est belle. Elle n’est arrêtée que par les gelées.

Il est préférable de laisser les racines charnues en terre quelques jours après que les gelées ont détruit les tiges, pour qu’elles achèvent de mûrir et se conservent mieux. En novembre, on coupe les tiges à 15 ou 20 centimètres au-dessus du sol, puis, quelques jours après, on procède à l’arrachage des touffes, de préférence par une belle journée. On enlève les touffes avec précaution, on les débarrasse de la terre, on les laisse se ressuyer sur le sol pendant quelques heures, puis on les rentre dans un lieu sain, de préférence obscur, à l’abri de la gelée et des excès de sécheresse et d’humidité. Ils se conservent très bien dans une cave saine, soit posés à nu sur le sol, soit recouverts de sable.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 443