Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°613 Avril 1947  > Page 447 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Élevage

La vache laitière

La production laitière française est insuffisante pour couvrir les besoins de notre consommation. L’accroître est pour nous une impérieuse nécessité.

On peut parvenir à ce résultat grâce à différents moyens, mais un des plus avantageux est l’augmentation du rendement individuel par la sélection.

L’accroissement de rendement ainsi obtenu majore très peu le prix de revient du lait, car une bonne laitière nécessite à peu près les mêmes frais d’entretien qu’une médiocre, mais rapporte nettement plus.

La sélection des vaches laitières s’inspirera d’un certain nombre de considérations que nous allons examiner.

La race est un facteur important. Certaines, comme la Hollandaise, la Normande, la Flamande, etc., sont spécialisées dans la production du lait. Cependant ce n’est pas à la race la plus laitière qu’il faudra nécessairement s’adresser. On doit préférer les animaux qui s’adapteront à la région où on veut les faire vivre. Quelles que soient leurs qualités, il faudra éliminer ceux qui ne pourraient y prospérer. C’est ainsi qu’on ferait un mauvais calcul en introduisant dans un pays pauvre et froid, privé de calcaire, une race exigeante et précoce.

La race étant déterminée, à l’intérieur de celle-ci il reste encore à choisir les meilleurs sujets.

On ne perdra pas de vue qu’un bovin finira toujours ses jours à la boucherie ; aussi doit-on exiger de lui la conformation la plus parfaite possible et un format aussi grand que les ressources alimentaires le permettent.

Le choix des sujets laitiers s’exercera, si possible, en tenant compte de leur production et de leur origine, autant que celles-ci peuvent être vérifiées par des certificats dont l’authenticité est certaine.

Le contrôle laitier, qui a tant fait progresser les rendements, est encore malheureusement peu développé dans notre pays. En l’absence des précieuses indications qu’il fournit, l’éleveur est souvent obligé de se borner à l’appréciation des signes extérieurs que nous passerons rapidement en revue.

Les femelles laitières doivent être longues, larges au niveau du bassin, basses, et leurs formes harmonieusement fusionnées. On les préférera de caractère calme, doux, tranquille, et douées d’un excellent appétit.

La finesse, bon signe laitier, se traduit par la gracilité des cornes, de la queue, la réduction du squelette, qui se juge par un indice dactylothoracique voisin de 1/10. On l’obtient en faisant le rapport du tour de canon, avec le tour droit de poitrine mesuré en arrière des épaules. Ces mensurations, en honneur dans l’élevage chevalin, gagneraient à être utilisées plus largement par les éleveurs de bovins.

La peau doit être fine, souple, élastique, onctueuse (spécialement autour des yeux et sur le repli situé entre les cuisses), recouverte de poils fins, souples et brillants, pour les bêtes vivant à l’étable.

On passe enfin à l’examen de la mamelle, qui fournira les renseignements les plus précieux. Elle doit être volumineuse, de forme régulière et symétrique, souple après la traite, spongieuse, recouverte d’une peau à poils rares. Les veines qui l’irriguent seront grosses, flexueuses et pénétreront dans l’abdomen par deux larges orifices (fontaines du lait), que l’on sent facilement avec le doigt, à travers la peau.

Les trayons doivent être de longueur moyenne, symétriques, bien plantés et intacts. En tirant quelques jets de lait, on se rend compte de l’égalité de sécrétion des quatre quartiers et de la consistance du liquide, qui ne doit pas être grumeleux. Les écussons et les épis ne donnent que des renseignements incertains. Par contre, la présence de trayons supplémentaires est un signe laitier fidèle.

Nous n’insisterons pas sur l’impérieuse nécessité d’éliminer les animaux en mauvaise santé et principalement ceux atteints de tuberculose et d’avortement épizootique. Ils risquent de transformer le précieux aliment qu’est le lait en un bouillon de culture dangereux.

R. LAURANS,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°613 Avril 1947 Page 447