La plantation, dans les corbeilles et plates-bandes du
jardin d’agrément, des plantes vivaces non rustiques, dites plantes molles,
qui doivent les garnir jusqu’à l’époque des gelées, est, dès les premiers jours
de juin, fort avancée. Il ne reste à terminer que les quelques motifs de
mosaïculture comprenant des plantes très délicates, telles que les alternanthéras,
achyranthes, coleus, etc.
Dès lors, il n’y a plus guère qu’à assurer l’entretien de
ces garnitures, mais encore cet entretien convenable nécessite-t-il quelques
précautions.
ARROSAGE.
— Tout d’abord, l’arrosage doit être donné à bon
escient, en tenant le plus grand compte de la nature des plantes. Si, en effet,
certaines de ces plantes aiment la fraîcheur (bégonias, fuchsias,
calcéolaires) et, par conséquent, s’accommodent de fréquents arrosages,
beaucoup d’autres fleurissent d’autant mieux qu’elles se trouvent en situation
ensoleillée et sont peu arrosées (géraniums à corbeilles, géraniums-lierres,
pétunias, zinnias). Même, pour ces dernières, il convient
d’éviter l’arrosage sur les fleurs, qui abîme celles-ci, et de répandre
préférablement l’eau au pied des plantes.
PAILLAGE.
— Il est d’ailleurs possible de restreindre beaucoup
les arrosages, et même de les supprimer totalement, en recouvrant le sol d’un
bon paillis de fumier à demi décomposé provenant des couches devenues sans
emploi à cette époque.
On place ce paillis dès que la reprise des plantes est
complète et après avoir convenablement biné et nivelé le sol de la corbeille ou
de la plate-bande.
PINCEMENTS.
— Pour obtenir un effet convenable des garnitures
florales, il faut que les plantes qui les composent soient uniformes comme
taille. Cette uniformité est évidemment fonction du bon choix des boutures et
de la parfaite sélection des graines qui ont produit les plantes.
Mais, quelles que soient les précautions prises, il existe
toujours entre les plantes des irrégularités auxquelles il y a lieu de
remédier. On y parvient en pinçant celles-ci à plusieurs reprises pour les
maintenir dans les dimensions nécessaires à l’obtention d’un parfait ensemble,
les pincements ayant pour résultat de provoquer la ramification des plantes et
de les rendre plus trapues.
Certaines d’entre elles, d’ailleurs, ne se ramifient que
fort peu, mais ont de très longs rameaux : c’est le cas des gnaphaliums,
des géraniums-lierres, des achyranthes. Celles-ci peuvent être
palissées et crochetées sur le sol, qu’elles garnissent alors assez rapidement.
On utilise, à cet effet, des crochets faits avec des brins d’osier sec.
Pour les plantes à fleurs, les pincements seront très
modérés. On les exécute en s’efforçant de conserver le plus possible de boutons
floraux.
SEMIS DE PLANTES BISANNUELLES.
— Dans les jardins bien tenus, on fait annuellement
deux garnitures florales. L’une, fin mai-début juin, avec les plantes molles
qui doivent parer le jardin jusqu’aux gelées ; l’autre, fin
octobre-novembre. Pour cette deuxième plantation, on a recours à des plantes de
culture facile : d’abord, à un certain nombre d’oignons à fleurs
— tulipes et jacinthes, — qui, malheureusement, sont fort coûteux
d’achat ; ensuite, à quelques espèces connues sous le nom de plantes
bisannuelles parce qu’elles ne fleurissent normalement que l’année qui suit
le semis.
Quelques-unes sont d’emploi très courant, à la fois en
raison de leur valeur décorative et de leur rusticité. Ce sont, d’abord, les
très nombreuses variétés de pensées à grandes fleurs, principalement les
races Trimardeau, Parisiennes à grandes macules, Bugnot à
grandes macules, Idéale, etc., ainsi que les variétés unicolores à
fleurs blanches, jaunes, bleues, noir velouté :
— les myosotis des Alpes, aux gentilles et
innombrables fleurettes blanches, bleues ou roses, qui s’épanouissent de bonne
heure ;
— les pâquerettes à fleurs doubles, rouges, roses,
blanches, dont la floraison commence dès les premiers beaux jours pour se
continuer sans interruption jusqu’au début de l’été ;
— les giroflées jaunes, d’une remarquable
rusticité, qui répandent dans le jardin, dès le début du printemps, une odeur
suave ;
— le silène à fruit pendant, à fleurs d’un beau
rose vif et d’assez longue durée, susceptible de former de très belles
corbeilles et des bordures naines de longue durée de floraison.
D’autres s’emploient moins souvent, mais peuvent cependant,
dans certains cas, rendre des services. Telles sont :
— la lunaire bisannuelle, encore appelée monnaie
du Pape, dont les nombreux fruits blanc nacré sont souvent employés pour
faire des bouquets secs de conservation prolongée ;
— la campanule à grosse fleur, ou carillon,
qui, malheureusement, fleurit un peu tard, vers la mi-mai ;
— la giroflée d’hiver, ou grosse espèce,
dont la floraison est aussi un peu tardive et qui redoute l’humidité, mais dont
les variétés à fleurs doubles sont des plus décoratives.
L’époque convenable pour semer ces différentes plantes varie
quelque peu. Certaines d’entre elles, en effet, se développent plus rapidement
que les autres.
Dès juin, on sème en pépinière la giroflée jaune, la lunaire
bisannuelle et les campanules à grandes fleurs dont les débuts sont fort lents.
En juillet, on les repiquera en pépinière, dans une planche bien ameublie et
enrichie par un apport de terreau. C’est là qu’on les reprendra pour les
planter à demeure en novembre.
Les pensées, dont le développement est un peu plus rapide,
peuvent n’être semées qu’en juillet, et même parfois en août, dans un endroit
mi-ombragé, en terre saine et légère.
Les pâquerettes poussent encore plus vite et, pour elles, le
semis d’août suffit largement. On peut, pour les silènes, semer encore plus
tard, en septembre.
En respectant ces dates, on aura, à l’entrée de l’hiver, des
plantes assez fortes pour résister aux gelées, non trop fortes cependant pour
s’épuiser dès l’automne par une floraison prématurée et inutile.
E. DELPLACE.
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