Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°614 Juin 1947  > Page 492 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Au jardin d’agrément

Entretien et semis du mois

La plantation, dans les corbeilles et plates-bandes du jardin d’agrément, des plantes vivaces non rustiques, dites plantes molles, qui doivent les garnir jusqu’à l’époque des gelées, est, dès les premiers jours de juin, fort avancée. Il ne reste à terminer que les quelques motifs de mosaïculture comprenant des plantes très délicates, telles que les alternanthéras, achyranthes, coleus, etc.

Dès lors, il n’y a plus guère qu’à assurer l’entretien de ces garnitures, mais encore cet entretien convenable nécessite-t-il quelques précautions.

ARROSAGE.

— Tout d’abord, l’arrosage doit être donné à bon escient, en tenant le plus grand compte de la nature des plantes. Si, en effet, certaines de ces plantes aiment la fraîcheur (bégonias, fuchsias, calcéolaires) et, par conséquent, s’accommodent de fréquents arrosages, beaucoup d’autres fleurissent d’autant mieux qu’elles se trouvent en situation ensoleillée et sont peu arrosées (géraniums à corbeilles, géraniums-lierres, pétunias, zinnias). Même, pour ces dernières, il convient d’éviter l’arrosage sur les fleurs, qui abîme celles-ci, et de répandre préférablement l’eau au pied des plantes.

PAILLAGE.

— Il est d’ailleurs possible de restreindre beaucoup les arrosages, et même de les supprimer totalement, en recouvrant le sol d’un bon paillis de fumier à demi décomposé provenant des couches devenues sans emploi à cette époque.

On place ce paillis dès que la reprise des plantes est complète et après avoir convenablement biné et nivelé le sol de la corbeille ou de la plate-bande.

PINCEMENTS.

— Pour obtenir un effet convenable des garnitures florales, il faut que les plantes qui les composent soient uniformes comme taille. Cette uniformité est évidemment fonction du bon choix des boutures et de la parfaite sélection des graines qui ont produit les plantes.

Mais, quelles que soient les précautions prises, il existe toujours entre les plantes des irrégularités auxquelles il y a lieu de remédier. On y parvient en pinçant celles-ci à plusieurs reprises pour les maintenir dans les dimensions nécessaires à l’obtention d’un parfait ensemble, les pincements ayant pour résultat de provoquer la ramification des plantes et de les rendre plus trapues.

Certaines d’entre elles, d’ailleurs, ne se ramifient que fort peu, mais ont de très longs rameaux : c’est le cas des gnaphaliums, des géraniums-lierres, des achyranthes. Celles-ci peuvent être palissées et crochetées sur le sol, qu’elles garnissent alors assez rapidement. On utilise, à cet effet, des crochets faits avec des brins d’osier sec.

Pour les plantes à fleurs, les pincements seront très modérés. On les exécute en s’efforçant de conserver le plus possible de boutons floraux.

SEMIS DE PLANTES BISANNUELLES.

— Dans les jardins bien tenus, on fait annuellement deux garnitures florales. L’une, fin mai-début juin, avec les plantes molles qui doivent parer le jardin jusqu’aux gelées ; l’autre, fin octobre-novembre. Pour cette deuxième plantation, on a recours à des plantes de culture facile : d’abord, à un certain nombre d’oignons à fleurs — tulipes et jacinthes, — qui, malheureusement, sont fort coûteux d’achat ; ensuite, à quelques espèces connues sous le nom de plantes bisannuelles parce qu’elles ne fleurissent normalement que l’année qui suit le semis.

Quelques-unes sont d’emploi très courant, à la fois en raison de leur valeur décorative et de leur rusticité. Ce sont, d’abord, les très nombreuses variétés de pensées à grandes fleurs, principalement les races Trimardeau, Parisiennes à grandes macules, Bugnot à grandes macules, Idéale, etc., ainsi que les variétés unicolores à fleurs blanches, jaunes, bleues, noir velouté :

— les myosotis des Alpes, aux gentilles et innombrables fleurettes blanches, bleues ou roses, qui s’épanouissent de bonne heure ;

— les pâquerettes à fleurs doubles, rouges, roses, blanches, dont la floraison commence dès les premiers beaux jours pour se continuer sans interruption jusqu’au début de l’été ;

— les giroflées jaunes, d’une remarquable rusticité, qui répandent dans le jardin, dès le début du printemps, une odeur suave ;

— le silène à fruit pendant, à fleurs d’un beau rose vif et d’assez longue durée, susceptible de former de très belles corbeilles et des bordures naines de longue durée de floraison.

D’autres s’emploient moins souvent, mais peuvent cependant, dans certains cas, rendre des services. Telles sont :

— la lunaire bisannuelle, encore appelée monnaie du Pape, dont les nombreux fruits blanc nacré sont souvent employés pour faire des bouquets secs de conservation prolongée ;

— la campanule à grosse fleur, ou carillon, qui, malheureusement, fleurit un peu tard, vers la mi-mai ;

— la giroflée d’hiver, ou grosse espèce, dont la floraison est aussi un peu tardive et qui redoute l’humidité, mais dont les variétés à fleurs doubles sont des plus décoratives.

L’époque convenable pour semer ces différentes plantes varie quelque peu. Certaines d’entre elles, en effet, se développent plus rapidement que les autres.

Dès juin, on sème en pépinière la giroflée jaune, la lunaire bisannuelle et les campanules à grandes fleurs dont les débuts sont fort lents. En juillet, on les repiquera en pépinière, dans une planche bien ameublie et enrichie par un apport de terreau. C’est là qu’on les reprendra pour les planter à demeure en novembre.

Les pensées, dont le développement est un peu plus rapide, peuvent n’être semées qu’en juillet, et même parfois en août, dans un endroit mi-ombragé, en terre saine et légère.

Les pâquerettes poussent encore plus vite et, pour elles, le semis d’août suffit largement. On peut, pour les silènes, semer encore plus tard, en septembre.

En respectant ces dates, on aura, à l’entrée de l’hiver, des plantes assez fortes pour résister aux gelées, non trop fortes cependant pour s’épuiser dès l’automne par une floraison prématurée et inutile.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°614 Juin 1947 Page 492