Dans tous les traités de zootechnie, les différents auteurs
ont étudié les modifications du poids des chevaux suivant leur âge, leur
taille, leur corpulence, leur nourriture et la somme de travail qu’ils avaient
à fournir.
La bascule permet d’obtenir des renseignements précieux sur
l’état d’entretien d’une cavalerie un peu nombreuse, car, d’une manière
générale, les poids moyens des animaux varient en raison directe de
l’alimentation ou du travail. L’« œil du maître », pour si attentif
qu’il soit, ne saurait remarquer et apprécier ce que la bascule démontre avec
une précision indiscutable.
Le cheval, qui est adulte à cinq ans, a acquis à cet âge son
poids normal, qui varie, ainsi que nous venons de le dire déjà, suivant le
travail exigé et la nourriture accordée.
Des pesées fréquemment renouvelées sur des sujets
d’expérience ont permis d’établir les repères et moyennes ci-dessous indiqués :
Pendant les quarante premiers jours, le poulain augmente de
90 à 100 p. 100 de son poids à la naissance.
Du 40e au 100e jour, l’augmentation de
poids n’est plus que de 25 à 50 p. 100 du poids à quarante jours.
Du 100e au 160e jour, de 15 à 25
p. 100 de son poids à trois mois.
De cinq à six mois, le poulain ne progresse plus en poids
que de 8 à 10 p. 100.
De six mois à trois ans, si la nourriture du poulain est
bien réglée, il augmente de 20 à 30p. 100, et de 10 à 20 p. 100
jusqu’à quatre ans et quelquefois à cinq ans.
C’est surtout dans la pratique de l’élevage qu’il est
important de tenir compte des renseignements fournis par la bascule ; de
trois à cinq ans, l’augmentation de poids doit être régulièrement croissante.
Si le poids reste stationnaire, il faut en déduire que la nourriture est
insuffisante ou le travail excessif.
Les pesées périodiques indiquent aussi jusqu’à quel âge le
cheval adulte peut travailler ; il est en effet un âge où la machine
animale ne fonctionne plus comme pendant les premières années de l’existence
(l’âge critique des chevaux, le début de leur déficience physique, peut être
fixé à quatorze ou quinze ans environ) ; pour la même quantité de
nourriture, le rendement en travail diminue plus ou moins selon les individus.
Mais, dans tous les cas, si, à ce moment, on continue à demander aux chevaux le
même travail, devenu au-dessus de leurs forces, ils ne tardent pas à maigrir,
ils baissent d’état, s’essoufflent, et, s’ils ne tombent pas réellement malades
de surmenage ou de lésions du cœur, ils s’acheminent rapidement vers une
réforme prématurée. Fâcheux résultat qu’il eût été facile d’éviter par une
diminution de travail, même passagère, et une augmentation de la ration,
surtout en matières azotées et phosphatées, ou encore mieux avec des aliments
sucrés, tout au moins mélassés, car le sucre est l’aliment du muscle.
De tous les facteurs de croissance, c’est la taille qui est
la plus influencée par l’alimentation, celle-ci se trouvant sous l’influence de
la nature du sol, le sol qui fait la race, à cause de la valeur nutritive qu’il
donne à toutes les plantes cultivées pour l’entretien des animaux.
D’après Lesbre, la taille du sol au garrot, chez le poulain,
subit les variations suivantes : à la naissance, elle est de 1 mètre
environ, avec des variantes entre 0m,97 et 1m,05,
enregistrées sur un lot de 18 sujets de demi-sang vendéens ; après le
premier mois, elle atteint 1m,07, puis 1m,14 le deuxième
mois ; 1m,20 à trois mois ; 1m,23 à quatre
mois ; 1m,27 à cinq mois ; 1m,36 à six mois,
soit une augmentation totale de 0m,35 de la naissance au sevrage. Au
cours de la première année, la croissance totale a été, en moyenne, de 55 centimètres,
et de 9 centimètres seulement pendant la deuxième année ; elle
descend à 0m,06 de deux à trois ans, et à 0m,04 de trois
à quatre ans, puis elle diminue encore et n’est plus que de 0m,02 de
quatre à cinq ans.
L’élévation de la taille chez le poulain se fait presque
exclusivement par le développement de la cage thoracique et des rayons
supérieurs des membres — bras, épaule, cuisse, hanche, — et par la
hauteur des apophyses des vertèbres du garrot. Dès la première année, l’élongation
des rayons inférieurs des membres est peu prononcée et devient insignifiante
quand le poulain est âgé de trois ans.
Il existe un moyen empirique de reconnaître si un cheval
possède ou n’a pas encore atteint le développement complet de sa taille. On
pratique de la manière suivante ; on tend une ficelle de la pointe de
l’olécrâne (coude) au milieu de la face postérieure du boulet, puis on reporte
cette même longueur de ficelle de la pointe du coude au garrot. Si elle y
arrive exactement, l’animal a achevé sa croissance, tandis que, si elle le
dépasse, le poulain doit encore grandir de la hauteur comprise entre le garrot
et l’extrémité de la ficelle. Le professeur Neumann a déclaré avoir vérifié
l’exactitude de ce procédé sur une cinquantaine de chevaux. Du reste, en plus
de cette excellente référence, il est d’une si grande simplicité que nous ne
saurions trop le recommander à l’attention des éleveurs et aussi des acheteurs
manquant d’expérience, et qui seront heureux de pouvoir appuyer leur jugement à
l’aide des indications fournies par ces mensurations.
Notons, en terminant, que la taille a une grande importance
au point de vue du signalement des chevaux, car il arrive fréquemment qu’elle
soit le seul élément précis de différenciation entre deux sujets, d’où la
nécessité de l’apprécier avec la plus grande exactitude possible.
J.-H. BERNARD.
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