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Élevage artificiel des poussins

Ici, contrairement à ce qui se produit dans l’élevage naturel, c’est l’éleveur qui suppléera par ses soins à l’oiseau maternel et qui procurera, au moyen d’éleveuses de diverses conceptions, la chaleur indispensable à la vie et au développement du petit animal.

Il existe des éleveuses au pétrole, électriques, au charbon, au gaz, au butagaz, à eau chaude, etc. Chaque système a ses partisans, et, en général, les plus simples sont les meilleurs. Nous n’envisageons, dans cet article, que les soins à apporter aux poussins élevés sous les couveuses dites « horizontales », c’est-à-dire à plat, au sol. L’élevage en éleveuses à étages, à plateaux superposés, dites « éleveuses-batteries », partent d’une tout autre conception.

Donc voilà l’aviculteur attendant une éclosion chez lui, ou attendant l’arrivée des poussins qu’il a commandés dans un élevage spécialisé.

Dans les deux cas, l’appareil de chauffage devra être mis en route vingt-quatre ou trente-six heures avant l’arrivée des élèves, mais il y aura quelques différences suivant que les poussins auront été couvés à l’élevage même ou qu’ils auront voyagé.

Si le poussin n’a pas voyagé : son transfert sous l’éleveuse doit être rapide, il doit être protégé contre tout changement de température, même si celui-ci est de peu de durée, pendant le transfert de la salle d’éclosion à l’éleveuse.

Aucun poussin ne sera manipulé sans emballage dans une pièce dont la température est inférieure à 20-22°. Étant donné que le poussin a besoin de repos après l’éclosion, celui-ci sera placé sous l’éleveuse, et, si possible, on fera l’obscurité pendant vingt-quatre heures.

Si le poussin a voyagé : il aura été placé, dans la salle même de l’éclosion, dans la boîte spéciale compartimentée, en carton à double fond, dans laquelle vous le recevrez. Rappelons que le poussin s’accommode parfaitement du voyage dans ces emballages, puisque plusieurs de nos grands élevages expédient par avion des poussins d’un jour en Afrique et en Asie. La distance importe moins que la durée du voyage, et surtout que son confort.

Le surchauffement des poussins en boîte est plus à craindre que les grands froids.

Surtout n’ouvrez jamais les boîtes dans les gares, car il y a des courants d’air, et le chauffage est rarement suffisant. N’oubliez pas que les refroidissements causent presque toujours des néphrites et des dérangements intestinaux sérieux.

Si l’envoi arrive le matin, placez immédiatement les poussins sous l’éleveuse, les augettes et les abreuvoirs ayant été préalablement remplis, toujours sous réserve qu’il y ait au moins trente à trente-six heures d’écoulées depuis l’éclosion.

Si l’envoi arrive le soir, laissez les poussins tranquilles dans leur boîte jusqu’à la nuit, mais placez ces boîtes, dont vous aurez soulevé le couvercle, autour (pas dessous) du chapeau de l’éleveuse ; puis, la nuit étant tombée, ramassez-les doucement et placez-les sous l’éleveuse ; ils sauront, dès le lendemain matin, trouver l’abreuvoir et l’augette.

Bien entendu, vous aurez dû vous assurer, plusieurs jours avant le commencement de l’élevage, que tout le matériel est en état, que les lampes des éleveuses marchent impeccablement, que les abreuvoirs ne fuient pas, etc., car tout à-coup, pendant les premiers jours de l’élevage, peut être gros de conséquences.

Observez l’attitude de vos poussins : ceux qui piaillent ont froid et ceux qui pépient doucement sont satisfaits. Un seul coup d’œil sur vos sujets renseignera mieux l’éleveur averti sur les besoins de ces derniers que la lecture du thermomètre le plus perfectionné.

Avec une température ambiante constante, le chauffage devra être modéré le jour et augmenté la nuit. Il est au point quand les poussins sont couchés sans se presser naturellement.

Habituellement, au printemps, la durée du chauffage varie entre trente et trente-cinq jours (vingt-quatre et vingt-huit jours l’été). La température idéale sous l’éleveuse devra être de 37,7° C le premier jour et diminuer insensiblement à partir du quatrième jour, pour n’être que de 22° environ au bout d’un mois.

L’aguerrissement contre la température ambiante doit être aussi rapide que possible. La durée en varie entre vingt-cinq et quarante-cinq jours, suivant la vigueur des poussins et la saison. Au moindre malaise des élèves, l’éleveur ralentira immédiatement la baisse progressive de température.

À partir du commencement du deuxième mois, la température diurne sous la cloche d’éleveuse sera progressivement ramenée à celle de la salle d’élevage. Une liberté plus grande sera donnée aux poussins, qui auront accès à un parc extérieur ensoleillé si possible. L’éleveuse chaude pourra bientôt être avantageusement remplacée par un abri non chauffé. Le plus simple est d’en construire un avec un simple cadre comportant des côtés molletonnés retombant sur le dos des poussins.

La propreté des litières est toujours de première nécessité. Les excréments seront enlevés chaque jour afin d’entraver le développement des terribles coccidies. Les pailles hachées, ou mieux la tourbe, font des litières parfaites.

Vers la fin du deuxième mois, on permettra aux jeunes poulets de se percher, et, pour cela, on leur fabriquera un cadre-perchoir constitué par des lattes ou des liteaux espacés de quelques centimètres et placés à 0m,30 environ du sol. Aérez suffisamment, sans courants d’air et observez attentivement les poulets pendant la nuit.

À partir du troisième mois commence alors l’élevage proprement dit, qui est le même pour les poussins élevés artificiellement sous l’éleveuse ou naturellement par les poules. Cet élevage se poursuit jusqu’à la spécialisation du jeune sujet : engraissement ou reproduction pour les coquelets, et ponte pour les poulettes. Nous en examinerons les phases ultérieurement.

Robert GARETTA.

Le Chasseur Français N°614 Juin 1947 Page 498