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Grains de savoir

Du centenaire d’Edison aux effets du froid

Le centenaire d’Edison.

— Il y a cent ans, en 1847, naissait en Amérique Thomas Edison, qui fut un génie puissant, le type même de l’inventeur. Pendant sa longue vie, — il mourut à quatre-vingt-quatre ans, — les inventions se succédèrent à un rythme presque ininterrompu. Ne pouvant les décrire l’une après l’autre dans cette rapide causerie, nous ne retiendrons que les principales.

Le téléphone, que Graham Bell découvrit en 1875, ne fonctionnait que sur de courtes distances, était peu sensible. Edison inventa le microphone au charbon et rendit le téléphone utilisable pour le public en intercalant sur la ligne une bobine d’induction. Il alimentait cette ligne par le courant constant d’une batterie.

Un Français, Charles Cros, avait conçu le principe du phonographe, mais il manquait d’argent et d’esprit pratique. Edison imagina un cylindre en cuivre porté par un axe horizontal et recouvert d’une feuille d’étain sur laquelle appuyait une petite pointe fixée à la membrane d’une sorte de cornet acoustique.

Pour enregistrer la voix, on parlait devant le cornet en faisant tourner le cylindre. La pointe traçait un sillon en spirale dont les creux et les saillies suivaient les vibrations de la membrane.

Il suffisait alors de remettre le cylindre en marche. La membrane, entraînée par la pointe qui-suivait les creux et les aspérités du sillon, vibrait et reproduisait la voix.

Avec la lampe électrique à incandescence, nous assistons à une véritable révolution dans l’éclairage.

Le principe, très simple, était bien connu : un fil métallique échauffé par un courant est porté à l’incandescence si ce fil est assez fin. L’application, cependant, s’avéra difficile. Après divers tâtonnements, Edison réussit avec un filament constitué par une pâte de cellulose passée à la filière et recouverte de graphite. Il remarqua alors que le filament de carbone porté au rouge émet de l’électricité négative. Ceci lui permit d’assister le premier à la mise en liberté de ces « électrons », ou grains d’électricité négative, dont le rôle est capital dans la physique actuelle.

Nous terminerons ce trop rapide exposé en disant que, par ses études sur la synthèse du mouvement et le dispositif qu’il mit au point, Edison peut être considéré comme le précurseur du cinématographe, dont la réalisation, sous sa forme industrielle, appartient aux frères Lumière.

Si « le génie est une longue patience », Edison fut un chercheur ingénieux et persévérant. Mais il ne manqua pas non plus de cette flamme mystérieuse, indispensable pour pénétrer avant dans les choses et en révéler les secrets.

Le blé et les fortes gelées.

— Au cours d’un voyage aux États-Unis et au Canada, notre ministre de l’Agriculture a obtenu, pour assurer la soudure, l’envoi de 550.000 tonnes de blé, auxquelles il faut ajouter 10.000 tonnes de blé de semence pour compenser les dégâts dus au gel.

C’est qu’en effet les fortes gelées d’un hiver exceptionnellement dur, en provoquant le foisonnement du sol et le soulèvement des racines, ont, par endroits, nui sérieusement à la santé de la plante.

La formation de glace aux dépens de l’eau libre a causé des lésions aux tissus.

Des études récentes ont montré que les lésions dont nous parlons affectent la base de la plantule, au niveau du grain, pouvant amener la gangrène, puis la mort de ces mêmes tissus.

Si la neige tombe avant les grands froids, le blé résiste grâce à ce tapis qui le protège. Les froids progressifs sont aussi mieux supportés, tandis que de brusques abaissements de température sont très dangereux.

Certaines espèces sont connues pour leur plus grande résistance. En faisant des croisements, on peut arriver à obtenir des variétés de plus en plus robustes. Et cette propriété acquise devient ensuite transmissible.

La pomme de terre peut-elle résister aux basses températures ?

— La pomme de terre, dans nos contrées, ne résiste pas du tout à la gelée.

Originaire des hauts plateaux des Andes, elle supportait cependant des températures de - 8°. Acclimatée en Amérique du Sud, d’où elle a été introduite en Europe, elle a gagné en qualité, mais a perdu toute résistance au froid.

Récemment, des savants russes, par des croisements de l’une et l’autre espèce, ont obtenu de nouvelles variétés qui ont pu supporter le climat d’une grande partie de la Sibérie.

Pour arriver à ce résultat, ils ont remarqué que les noyaux des cellules des deux espèces croisées devaient avoir le même nombre de « chromosomes. » Si ce nombre est différent, le produit reste stérile. Que signifie ce mot « chromosomes » ? Les plantes, on le sait, sont formées de compartiments, ou cellules, remplis d’une substance albuminoïde appelée protoplasma, avec un ou plusieurs noyaux.

Dans les organes en voie de développement, le noyau se divise pour former de nouvelles cellules. Le filament nucléaire se coupe alors transversalement en un certain nombre de fragments sensiblement égaux appelés « chromosomes » (du grec chrôma = couleur, et sôma = corps), corps qui retiennent les réactifs colorés. Ces corps doivent être en nombre égal dans les deux noyaux des espèces croisées.

A. J.

Le Chasseur Français N°614 Juin 1947 Page 508