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L’aquariophilie

C’est une science ... et c’est un art, à la portée de chacun.

L’aquarium digne de ce nom est une véritable merveille qui a sa place dans tout appartement, et qui n’exige aucun soin. Le spectacle d’un aquarium éclairé est féerique : dans l’eau cristalline évoluent des êtres prestigieux qui tranchent sur le vert particulier des végétaux aquatiques et la couleur chaude du sable.

Les poissons, qui nous sont venus des pays tropicaux, parés de magnifiques couleurs, de formes et d’allures assez extraordinaires, sont peu exigeants pour la plupart. Ils s’accommodent fort bien de cette vie en aquarium.

Il est même bien plus facile d’entretenir ces poissons que de conserver de vulgaires poissons rouges. À tel point qu’avec un peu d’attention et de soins on peut obtenir la reproduction de différentes espèces ; puis, avec quelque pratique et avec un matériel approprié, élever leur nombreuse descendance.

Le cadre restreint de cette causerie ne permettra de donner cette fois que des conseils principaux et sommaires sur la constitution correcte et sûre d’un aquarium, sans pouvoir décrire les très nombreuses espèces des principaux poissons d’aquarium, les soins à donner à chacune d’elles, leurs mœurs et leur reproduction en captivité.

Acheter, ou construire soi-même, un aquarium rectangulaire à cornières. Qu’il n’y ait, si possible, aucune partie métallique en contact avec l’eau. Je conseille que le fond soit en glace Sécurit. Une bonne dimension est : 75 x 30 x 35 cm. Mais, au besoin, l’aquarium peut être beaucoup plus petit, puisque quelques litres suffisent, à la rigueur.

À l’arrière, disposer, en pente, une couche composée de deux tiers d’argile et de un tiers de terreau de feuilles bien consommé, ou de tourbe-litière. Cette couche est destinée à l’enracinement des plantes aquatiques, qui prospéreront bientôt et constitueront un élément naturel de décoration. De plus, elles assainiront le milieu. Recouvrir la couche avec du sable de mer.

Placer l’aquarium en bonne lumière, sans excès, et sans rayons du soleil autres que ceux extrêmes de la journée. Remplir avec de l’eau de pluie. Ne jamais plus changer l’eau, qui restera parfaite.

Planter délicatement, en enfonçant le chevelu des plantes avec dextérité, sans que l’argile vienne au contact de l’eau.

Pour cette plantation, il faut espacer les touffes ou les pieds de façon suffisante, en se rappelant que les plantes, éclairées, chauffées, nourries, prendront bientôt d’assez grandes proportions. Il serait fâcheux d’être amené à en arracher plus tard pour laisser plus de place aux poissons ! ... Pour n’avoir pas de déceptions, il est bon de spécifier encore quelles sont les espèces de plantes à conseiller. À mon avis, on aura beaucoup de satisfaction des genres suivants, qui comportent parfois plusieurs espèces : Vallisneria, Cryptocorine Ambulia, Nuphar, Lysimachia, à titre d’exemples, et, d’une façon générale, des plantes exotiques cultivées ; les nôtres résistant mal aux températures élevées. Ajouter quelques cailloux et rochers, de forme simple, de couleur indifférente, en les plaçant dans la moitié arrière.

Peupler selon son goût, en évitant de réunir des espèces hostiles ou d’introduire des genres intolérants.

Disons tout de suite, afin d’éviter tout mécompte aux débutants, que certains poissons ne supportent guère un quelconque voisinage. Il n’y a là cependant rien d’absolu, car l’espace, l’âge, le sexe, les tailles proportionnelles entrent en ligne de compte.

Pratiquement, tous les poissons de la famille des Cichildés doivent être tenus séparément, bien qu’ils soient fort intéressants par les particularités de leur reproduction. Il en va de même des Labyrinthidés, surtout chez les grands sujets.

Parfois encore, les poursuites n’ont lieu dans l’aquarium qu’entre poissons d’une même espèce et particulièrement entre mâles ; poursuites qui deviennent de plus en plus précises et fréquentes, et se terminent par la disparition du plus faible.

Par contre, des poissons inoffensifs sont, par exemple : les Danios, les très jeunes Scalaires, tous ceux de la famille des Characinidés et les Cyprinodontidés, ovipares et vivipares.

Mais la température de l’eau est à surveiller, car, si quelques espèces exotiques résistent fort bien à 10°, et certaines en dessous, la majorité exige une température plus élevée, de telle sorte qu’il faut considérer 20°, en hiver, comme un minimum.

Un bon système est de chauffer électriquement, par le fond et par l’extérieur, au moyen d’une résistance et, si possible, d’un thermostat. Couvrir l’aquarium d’un verre et le munir d’une rampe d’éclairage, placée à l’avant.

Compenser l’évaporation par un apport d’eau à la même température.

Nourrir les poissons d’êtres aquatiques vivants, tels que daphnies, larves de chironomes (que l’on a régulièrement chez les commerçants spécialisés des grandes villes), ou autres animaux que l’on pourra cultiver soi-même avec plus ou moins de succès.

Aucune inquiétude si l’on doit s’absenter pendant plusieurs semaines : les poissons supportent le jeûne très prolongé sans dommage. Il suffira d’assurer la lumière de façon normale.

Je demanderais de suivre d’assez près ces conseils, qui sont certes très succincts, mais d’importance capitale.

J. GARNAUD.

Le Chasseur Français N°614 Juin 1947 Page 511