Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°615 Août 1947  > Page 522 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Multiplication de la perdrix grise

Un chasseur qui désire augmenter le nombre de perdrix grises sur sa chasse nous demande comment faire pour obtenir le maximum de résultats des efforts qu’il voudrait tenter.

La question doit être étudiée sous plusieurs aspects : d’abord l’étendue à repeupler, puis la qualité et l’exposition des terrains de chasse, ensuite son peuplement présent et passé, enfin la somme que l’on veut investir pour ce repeuplement.

Il est banal de rappeler qu’avant toute chose la chasse doit être purgée des nuisibles qui peuvent s’y trouver et que, sans un bon garde veillant chaque jour sur le gibier, tous les efforts seront vains.

Ceci posé (et nous proposant de revenir sur chacun des aspects cités), examinons d’abord comment on repeuple une chasse en perdrix grises.

Capture ou achat des reproducteurs.

— Les perdrix reproductrices, qui doivent être des perdrix sauvages et non de volière, ont comme origine une reprise sur la chasse ou un achat au dehors. Comme il est généralement impossible de trouver des perdrix de bonne qualité en France, elles seront donc achetées à des importateurs et viennent le plus souvent des pays de l’Europe centrale.

Toutefois un propriétaire qui aurait sur son territoire une quantité suffisante de reproducteurs pourrait en reprendre quelques couples, afin d’en garnir des parquets, où les perdrix se multiplieront.

Lâcher sur chasse ou mise en parquets de conservation pour l’hiver.

— Les perdrix auront comme destination soit la chasse où on les lâchera dès leur arrivée, soit des parquets où on les conservera pendant l’hiver.

Par ce deuxième moyen, on les mettra à l’abri de tous les dangers qu’elles courent aux champs du fait des animaux nuisibles, du mauvais temps et surtout de la neige, cette dernière étant souvent cause de ce qu’elles n’arrivent plus à s’alimenter.

Un propriétaire soucieux de son gibier doit le nourrir pendant les périodes de grands froids s’il ne veut pas le perdre.

Reproduction naturelle des perdrix.

— Vers le 15 février, ces perdrix seront lâchées en plaine pour le repeuplement, ou bien on les mettra par couples entravés dans des parquets non couverts, dits de reproduction naturelle, et où elles feront une couvée qui sera mise en liberté dans la huitaine de l’éclosion.

Cette reproduction en captivité présente sur la reproduction aux champs quelques avantages importants. Tout d’abord, celui de savoir à peu près le gibier que l’on va produire. Ensuite, de pouvoir charger la chasse d’une densité d’été qui permet de doubler ce que l’on obtiendrait avec la seule densité d’hiver.

On arrive aussi, par ce procédé, à la possibilité de mettre aux champs des compagnies très fortes allant jusqu’à 30 sujets.

En effet, dans les chasses où l’on ramasse des œufs au début de la ponte, on arrive par la substitution à renforcer considérablement le nombre de perdreaux de chaque couvée, et l’adoption peut absorber le supplément d’œufs dont on dispose.

Repeuplement des couples en plaine.

— Tout se fait, dans ce cas, sans l’intervention de l’homme, sauf que la chasse a dû être piégée et cultivée en vue de ce repeuplement.

Les accouplements se font librement.

La ponte, l’incubation, l’éclosion se succèdent jusqu’à ce que les adultes dressent leurs jeunes à l’école de la vie.

Dans cette dernière période, deux des plus grands ennemis de la couvée sont le chien errant et le chat haret, que l’on devra chercher à supprimer par tous les moyens.

Repeuplement par couples en parquets.

— Lorsque l’on fait de la reproduction en parquets, on procède d’abord au mariage des perdrix.

Le mieux est, évidemment, de laisser les femelles choisir leur mâle ; c’est le mariage d’inclination.

Cependant, si, dès le mois de décembre, les perdrix ont vécu par sexes séparés dans des parquets non contigus, on peut marier sans choix un coq et une poule ; c’est ce que l’on appelle le mariage forcé.

Une alimentation fortifiante leur sera donnée dès la mise en parquets, afin de favoriser la ponte.

L’incubation dure de vingt-cinq à vingt-six jours, et les perdreaux restent sous leur mère au moins pendant vingt-quatre heures pour se sécher avant de prendre aucune alimentation et de sortir du nid.

C’est au moment du bêchage, qui commence vingt-quatre heures avant la naissance, que l’on peut ajouter dans les nids d’autres œufs bêchés, afin de porter la couvée de 25 à 30 têtes.

La mise aux champs des couvées de perdreaux a lieu dans la huitaine de l’éclosion.

Élevage par poules de ferme.

— À côté de ces modes de repeuplement de la perdrix grise, qui sont les plus rationnels, il y a d’autres procédés pour en augmenter le nombre.

L’élevage des perdreaux par des poules de ferme fut très en vogue dans la deuxième partie du XIXe siècle et au début de ce XXe.

Il consiste à acheter des œufs ou à les faire pondre par des perdrix de volière, puis à les faire couver, éclore et élever par des poules de ferme.

Les jeunes, une fois grands, quittent d’eux-mêmes leur mère éleveuse ; c’est ce qu’on appelle leur émancipation.

Mais, entre la mise des œufs en incubation sous la poule de ferme et l’émancipation des jeunes, il y a loin, et beaucoup de difficultés se trouveront sur la route.

L’alimentation doit être très soignée, les oiseaux bien abrités, et il faut éviter les maladies qui, souvent, affectent les élevages. Diphtérie, vers rouges, entérite, septicémie et autres font fréquemment le désespoir des gardes éleveurs.

Adoption.

— Un autre procédé qui nous vient d’Angleterre, c’est le système de l’adoption.

Il consiste à mettre en présence d’un coq perdrix ou d’un couple de perdrix des jeunes éclos sous une poule de ferme et élevés par elle. Ceux-ci, en présence d’oiseaux de leur race et rappelés par eux, abandonnent rapidement leur poule éleveuse pour former avec le coq ou le couple perdrix une couvée qui a tous les avantages de la couvée naturelle née aux champs.

Il ne faut pas croire, cependant, qu’il aura suffi de lire ce qui précède pour savoir multiplier les perdrix dans les chasses.

Chacun des modes de repeuplement énoncés présente un assez grand nombre de difficultés pour arriver à de bons résultats.

Nous les décrirons ultérieurement en indiquant ce qu’il y a lieu de faire pour obtenir de ces différents procédés le maximum de chances de réussir.

René DANNIN.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 522