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Comment greffer en août et septembre

Bien qu’il soit possible, en mettant en œuvre le ou les procédés appropriés, de greffer pendant toute la belle saison, les deux époques les plus convenables pour cette opération sont le printemps et la fin de l’été.

Lorsqu’on greffe au printemps, le résultat ne se fait guère attendre, les pousses des greffons se développant dès que la soudure est réalisée et même quelquefois avant, tandis que, lorsqu’on opère à la fin de l’été, les yeux du ou des greffons ne se développent qu’après l’hiver.

Les deux modes principaux de greffage de fin d’été et d’automne sont la greffe en écusson dite à œil dormant et la greffe en fente.

La greffe en écusson.

— Nous ne nous attarderons pas à décrire cette greffe que tous nos lecteurs connaissent. On ne peut évidemment l’exécuter que si le jeune arbre à greffer a encore suffisamment de sève pour que l’écorce se détache facilement du bois. Suivant les sujets, dont la végétation se prolonge plus ou moins, l’époque optimum varie quelque peu : c’est ainsi que, vers le 25 juillet, on doit écussonner le merisier, porte-greffe du cerisier, et le prunier Saint-julien, porte-greffe du prunier, du pêcher et de l’abricotier, dont la végétation s’arrête habituellement vers la fin de ce mois ; que, dès les premiers jours d’août, on écussonne le poirier franc, puis, du 15 au 20 août, successivement, le pommier franc, le cognassier, les pommiers doucin et paradis, qui poussent jusqu’à la fin d’août, et, enfin, dans les premiers jours de septembre, l’amandier, porte-greffe du pêcher, qui végète souvent au delà du 15 septembre.

Il arrive fréquemment qu’à cette saison les jeunes sujets à écussonner manquent de sève et que leur végétation s’arrête trop tôt, rendant impossible le greffage. On s’en rend compte par le fait que les jeunes pousses ne s’allongent plus. En s’y prenant à temps, il est possible de remédier à cet inconvénient, dont l’effet serait de retarder d’une année l’écussonnage. Un ou deux arrosages, donnés à quelques jours d’intervalle, le premier dix à douze jours avant de greffer, ou simplement un fort binage, permettront d’obtenir le résultat cherché. En sol très sec, il sera parfois utile, avant d’arroser, d’étendre un paillis au pied des jeunes sujets.

Bien entendu ; les rameaux porte-écussons doivent être très sains, c’est-à-dire ne présenter aucune trace de maladie ou d’insectes nuisibles.

Indifférent lorsqu’il s’agit de poiriers ou de pommiers pour lesquels l’écussonnage d’un bouton à fruit ne présente pas autrement d’importance, puisque ce bouton contient des yeux à bois en même temps qu’un groupe de fleurs, le choix de l’œil-écusson est, au contraire, fort important lorsqu’il s’agit du pêcher. On sait, en effet, que, dans cette essence, le bouton à fleur donne une fleur, à l’exclusion de toute pousse à bois. De sorte que si, par inadvertance, on écussonne un bouton à fleur, aucune pousse ne se développe, bien que l’écusson soit parfaitement soudé au sujet. On évitera cet inconvénient et l’insuccès qui en résulte en prenant, sur le rameau porte-écusson de pêcher, un œil triple, c’est-à-dire placé à l’aisselle de trois feuilles réunies en un même point.

La greffe en fente.

— Beaucoup d’amateurs croient que cette greffe n’est possible à réaliser qu’à la montée de la sève.

Elle se fait également avec succès à la fin de l’été. Pour certaines essences, et notamment pour le cerisier, elle donne même, à cette époque, de bien meilleurs résultats qu’au printemps.

Les rameaux-greffons sont prélevés au moment même du greffage et sont débarrassés de leurs feuilles. L’opération ne diffère en rien de ce qu’elle est au printemps en ce qui concerne l’étêtage du sujet, la pose des greffons, la ligature et l’engluement à l’aide de mastic.

La soudure des greffons s’effectue dès l’automne, mais les yeux de ceux-ci ne donnent de pousses qu’au printemps suivant.

Pour le merisier, l’époque la meilleure pour effectuer cette greffe se situe vers le 10 septembre. On peut également, à cette époque, greffer en fente pruniers, pommiers et poiriers. Cependant, pour ces essences, on n’a pas les mêmes raisons de le faire que pour le cerisier, dont la reprise au printemps est souvent un peu aléatoire.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 539