La tige joue un rôle assez complexe, elle soutient, par
l’intermédiaire des fibres du bois, les rameaux, les feuilles, les fleurs et
les fruits. Elle conduit la sève des racines aux feuilles, aux fruits et aux
organes de réserves pour les vaisseaux du bois.
L’eau du sol dissout les matières minérales solubles,
pénètre, à travers les membranes des poils absorbants de la racine, dans les
vaisseaux dont elle est constituée. Ce liquide continue sa marche ascendante,
passe dans la tige et parvient aux feuilles. Cette eau est attirée par le vide
provoqué par la transpiration active de ces organes. Sous l’influence de cette
évaporation, la sève se concentre en perdant son eau. Elle se charge ensuite
des matières organiques élaborées par les feuilles.
Cette sève montante, ou sève brute ainsi modifiée, est
désignée sous le nom de sève élaborée ou sève descendante. Elle se
répartit dans tous les organes de la plante en empruntant les vaisseaux du liber.
L’arboriculture utilise ce dispositif pour augmenter l’arrivée de la sève sur
un œil de taille qui ne s’est pas développé, sur un rameau faible pour le
revigorer. Le cran, ou entaille, est un barrage partiel destiné à
assécher la sève élaborée de façon à la faire influer vers une ou plusieurs
voies latérales. Pour produire tout son effet, le cran doit pénétrer dans le
bois et en couper les premières assises, de manière à interrompre la
circulation de la sève.
L’entaille consiste à enlever à la serpette,
au-dessus d’un œil d’une branche, une bande d’écorce et d’aubier sur une
largeur de 2 à 4 millimètres et sur une longueur variable avec la grosseur
de la branche ou du rameau à entailler. L’entaille faite au-dessus d’un organe
(œil, rameau, branche) le fortifie ; faite en dessous, elle l’affaiblit.
Les entailles coupent un certain nombre de vaisseaux libériens, interrompent
ainsi l’ascension des liquides au profit de l’œil dont on veut favoriser le
développement. Cette interruption n’est pas complète pour la partie située
au-dessus de cet œil, car, les vaisseaux du bois s’anastomosant, la partie
supérieure de ceux qui ont été tranchés reçoit, à quelques centimètres
au-dessus de l’entaille, de leurs voisins restés intacts, la sève nécessaire à
la nourriture des bourgeons.
Ceci explique comment un bourgeon trop vigoureux, à la base
duquel on a pratiqué une entaille, est affaibli, mais ne meurt pas. On pratique
rarement l’entaille en dessous d’un œil, on risque de l’annuler. Il est
préférable d’éborgner, afin qu’il donne naissance à des yeux stipulâmes,
toujours moins vigoureux, parce qu’ils entrent plus tard en végétation.
L’incision longitudinale consiste à faire à la
serpette, le long de la tige, de la branche, un trait qui entamera l’écorce.
Cette opération favorise la multiplication des cellules de la zone génératrice
emprisonnée dans l’écorce et on favorise par suite le grossissement de la tige
ou de la branche. Cette incision doit être effectuée sur la partie regardant le
nord. Les lèvres de la plaie s’ouvriront sous l’effort de l’accroissement et
découvriront ainsi les tissus tendres qui pourraient être desséchés par les
rayons du soleil, s’ils s’y trouvaient exposés. Lorsqu’on applique l’incision à
une branche, elle sera faite en dessous pour la même raison.
L’incision longitudinale donne en général de bons résultats,
elle n’apporte aucun trouble dans la fonction naturelle des organes et les
favorise toujours. Elle peut rendre la vigueur à un arbre, ou une branche, qui
dépérissent par suite du durcissement de l’écorce. Mais elle ne saurait être
efficace dans le cas où l’arbre serait malade ou mal alimenté.
L’incision annulaire. — Cette opération se
pratique sur la vigne pour obtenir des grappes plus grosses, plus sucrées,
mûrissant plus tôt, que celles des sarments non soumis à cette pratique. Pour
cela, il faut que l’écorce soit enlevée complètement et le bois mis à nu, sans
cependant être atteinte par la lame de l’inciseur, sorte de pince dont chaque
branche porte deux lames parallèles qui limiteront l’anneau, d’écorce enlevé.
Il faut manier cet instrument avec précaution ; l’opérateur, s’il mesure
mal la pression qu’il doit exercer, sectionne complètement le sarment, ou ne
l’entame pas assez pour bien détacher toute l’écorce. Enfin il faut que
l’incision embrasse tout le tour du sarment. Ces difficultés ont été supprimées
par la mise dans le commerce d’inciseurs pince-sève, qui entaillent
automatiquement à la profondeur voulue.
Les vaisseaux du bois s’épaississent avec l’âge, les
cellules durcissent de plus en plus, et la région centrale du bois participe
d’autant moins à la circulation de la sève et à la vie de l’arbre. Par contre,
cette région acquiert de précieuses qualités tant au point de vue de son rôle
de soutien que de son utilisation ultérieure comme bois d’œuvre ou de
chauffage.
Dans les arbres âgés, on distingue deux régions l’une
centrale, dure, de couleur sombre, le cœur ; l’autre de teinte plus
claire, constituant des couches jeunes, ou l’aubier. Cette couche est la
seule empruntée par la sève pour arriver aux feuilles. Ce qui explique que la
vie de l’arbre peut se continuer lorsque le cœur du bois est attaqué par les
champignons, ou détruit par les insectes xylophages.
La tige est une réserve ou s’accumule la sève
élaborée vers la fin de l’été, dans les rayons médullaires, qui s’ajoute à
celle non utilisée dans les vaisseaux du liber. Ces réserves serviront au
printemps à la floraison et à la formation de feuilles. Grâce à ces réserves,
les arbres plantés à l’automne pourront former au printemps du tissu
cicatriciel sur la coupe des racines habillées. De nouveaux organes
d’absorption se forment pour faciliter le départ de la végétation des arbres
replantés. Les boutures, les greffons utilisés au printemps seront coupés sur
des arbres sains, après la chute des feuilles, afin qu’ils renferment des
réserves dans leurs tissus, pour assurer la formation des jeunes racines aux
boutures et la reprise des greffes.
E. DÉAUX.
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