« L’eau, a écrit l’éminent architecte Édouard André,
est l’âme du paysage. »
Qu’elles soient agitées ou calmes, qu’elles alimentent un
ruisseau sinueux ou une large pièce d’eau, ce sont, en effet, les eaux qui
donnent au paysage son caractère dominant. Mais, par elles-mêmes, elles
seraient de peu d’effet si elles n’étaient soulignées par des éléments, en
apparence secondaires, mais en réalité déterminants dans les scènes aussi
nombreuses que variées qu’elles permettent de réaliser. Ces éléments sont les rochers
et les plantations du bord des eaux.
Les plantes qui réussissent particulièrement bien au bord
des eaux sont, en général, celles qui aiment la fraîcheur. Il y a cependant
quelques exceptions, et certaines plantes de rocailles, plantes ligneuses
surtout, produisent un excellent effet au bord des eaux.
On peut répartir les plantes susceptibles de convenir pour
cette utilisation en deux groupes :
1° les arbres et arbustes ; 2° les plantes vivaces.
Les arbres.
— Parmi ceux à feuilles caduques, le Saule pleureur
de Babylone est le plus populaire. Ses longs rameaux grêles et flexibles,
son feuillage vert clair en font l’un des arbres les plus décoratifs à planter
au bord d’une pièce d’eau dans le parc paysager.
Le peuplier de Boll, à feuillage blanc cotonneux et à
port pyramidal, est, lui aussi, très indiqué pour former des groupes puissants
tranchant agréablement sur la verdure sombre des Conifères voisins.
Les Aulnes, et, plus particulièrement, l’Aulne
impérial (Alnus glutinosa impérialis), arbre de grandeur moyenne,
très touffu, à feuillage léger, finement découpé, et l’Aulne blanc (Alnus
incana), à feuilles blanchâtres, réussissent bien en terrain humide et sont
particulièrement indiqués pour maintenir les berges des ruisseaux à courant
relativement rapide.
Parmi les Conifères, le Cyprès chauve (Taxodium
distichum), grand et bel arbre de la Louisiane à port conique, au léger
feuillage caduc rougissant à l’automne, est presque semi-aquatique et d’une
parfaite rusticité. Ses puissantes racines le fixent solidement aux berges
qu’elles contribuent par ailleurs à consolider.
Le Sapin du Canada (Tsuga canadensis), arbre
très élégant, souvent buissonnant, parfois élancé, à port léger, à feuillage
fin à revers argenté, très rustique.
Les arbrisseaux et arbustes.
— Quelques-uns sont à feuilles caduques ou
semi-persistantes. Nous retiendrons, parmi ceux-ci :
Le Saule à feuille de romarin, arbrisseau très
ramifié, à branches feuillues et dressées, à fin feuillage glauque argenté, se
comportant bien tout au bord de l’eau dans les endroits convenablement
ensoleillés.
L’Argousier (Hippophaë rhamnoïdes), autre
arbrisseau rustique, poussant en tous terrains, à feuilles vert grisâtre en
dessus, argentées en dessous, à fruits rouge orangé vif.
Le Forsythia suspensa, élégant arbuste très
vigoureux, à branches fines et retombantes, se couvrant, avant la pousse des
feuilles, d’une multitude de fleurs jaunes tachetées de rouge.
Le Tamarix hispida aestivalis, variété vigoureuse et
d’un port élégant, aux jolies inflorescences, d’un beau rose carminé vif, qui
s’épanouissent en juillet-août.
Le Desmodium penduliflorum, à fleurs rose violacé, en
grappes nombreuses réunies en longues panicules rameuses et pendantes,
paraissant en août.
Le Cognassier du Japon, dont les rameaux divergents
portent, en avril, de nombreuses fleurs aux couleurs voyantes variant, selon
les sortes, du blanc rosé au rouge écarlate foncé en passant par toutes les
nuances intermédiaires.
D’autres conservent leurs feuilles en hiver. Méritent d’être
spécialement mentionnés :
Les Cotoneaster rampants, surtout le Cotoneaster horizontalis,
dont les branches étalées portent des feuilles vert foncé, de nombreuses
petites fleurs blanc rosé, puis, ensuite, des fruits rouge vif qui persistent
tout l’hiver et font de cet arbuste un des plus décoratifs pour garnir talus et
rocailles, au bord des ruisseaux torrentueux du jardin alpin.
L’Épine-vinette à feuilles ténues (Berberis
stenophylla), arbuste à croissance un peu lente, mais atteignant par la
suite 1m,50 à 2 mètres, à feuilles étroites et épaisses et à rameaux
fins, gracieusement arqués, se couvrant, en avril-mai, de petites grappes de
fleurs jaune orangé.
L’Eleagnus pungens, bel arbuste épineux, à rameaux
réfléchis, à feuilles vertes en dessus, argentées ou à reflet métallique en
dessous, qui fait aussi très bon effet sur les rochers dans les scènes
alpestres.
Rosiers grimpants.
— Les variétés du type Wichuraiana, de très
grande floribondité en juin-juillet, peuvent également être utilisées au bord
des eaux, soit en basses-tiges à proximité de rochers sur lesquels s’étalent
leurs longues et souples branches, soit en pleureurs greffés à très haute tige
et disposés par groupes de trois ou cinq de la même variété. En pleine
floraison, sur un promontoire, ces groupes font un effet merveilleux.
E. DELPLACE.
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