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La construction usinée

La préfabrication justifie l’emprise mécanique sur le bâtiment, elle est indispensable pour assurer notre reconstruction.

La maison de droite est du type traditionnel évolué ; le plan est reproduit dans cet article. Celle de gauche est du type préfabriqué. Architecte : M. J. Fayeton. Elle est classée pour une famille de quatre enfants. Composition : Ossature métallique modulée en tôle pliée. Revêtement extérieur en éléments de pierre artificielle. Cloisons isolantes en carreaux de plâtre. Planchers en fer, tôle pliée garnie de béton de pouzzolane. Menuiseries métalliques. Charpente métallique. Chauffage par eau chaude. Surface bâtie ; 61m2,50.

Type D pour famille de 5 enfants.
Architectes : MM. Lapechin et Delplanque.
Murs creux de 0m,22, porteurs vers l’extérieur. Cloisons de doublage en briques creuses de 0m,06 d’épaisseur, vers l’intérieur. Planchers en béton armé avec incorporation de corps creux en ciment. Charpente planches clouées, portant plafond de l’étage. Matelassage du comble par laine de verre. Chauffage par air chaud. Surface bâtie : 54m2,50. Ce type ne diffère que par certains détails de construction du type A dont la façade est représentée à gauche du croquis sur le numéro précédent.

Type J pour ménage de 2 enfants.
Architecte : Bureau d’Études du C. I. L.
Murs creux de 0m,22, porteurs vers l’extérieur. Cloisons de doublage en carreaux de plâtre de 0m,06 d’épaisseur vers l’intérieur. Planchers en béton armé avec incorporation de corps creux en ciment. Charpente planches clouées, portant plafond de l’étage. Matelassage du comble par laine de verre. Chauffage par air chaud. Surface bâtie : 43 mètres carrés.

En cette période de style « espéranto », l’architecte doit se plier aux dures lois du moment et se satisfaire de la valeur des lignes et de la proportion des pleins et des vides.

Nous devons remarquer que le constructeur utilise déjà de nombreux éléments préfabriqués. Le gros œuvre comprend les briques, les matériaux moulés, les conduits de fumée et les carreaux de plâtre. La métallurgie apporte ses échantillons de profilés, la fonte des balcons et toutes les pièces de forge et de serrurerie. Les bois sont débités en sections invariables. La menuiserie emploie portes et fenêtres de série. En couverture, des types d’ardoises ou de tuiles existent. La plomberie et la robinetterie sont calibrées. L’électricité a ses normes. La peinture et la vitrerie sont de composition et de dimensions étudiées. Actuellement, il devient impossible de reconstruire les bâtiments usuels dont l’indice de 1914 est 47.

Pour réduire la dépense à un prix normal, il faut abaisser ceux des matériaux et de la main-d’œuvre, les premiers seront préparés mécaniquement en usine et la seconde sera réduite au montage de tous les éléments sur le chantier.

Il devient nécessaire de rejeter la routine qui résulte de la paresse et transformer radicalement l’industrie du bâtiment.

On doit obtenir la préfabrication de tous les éléments et leur assemblage au chantier, sans avoir à exécuter de retouches, ce qui demande beaucoup de soins.

En supposant des éléments composés de moulages, l’entrepreneur pourra en entreprendre la préfabrication en grande série, à proximité de l’ouvrage, pour éviter les frais de transport.

Si les bâtiments sont à ossature métallique, il deviendra nécessaire d’avoir recours aux métallurgistes qui disposent de l’outillage approprié.

Le personnel de l’entreprise est qualifié pour mettre en place les matériaux lourds. Au contraire, le montage des pièces métalliques sera fait par l’industriel.

Pour organiser un montage rapide, il faut une mise au point très précise et obtenir des pièces semblables avec tolérances réduites au minimum. Les dimensions des matériaux seront normalisées en fonction de leur poids ou de leurs dimensions.

C’est pour amorcer la préfabrication que le ministère de la Reconstruction a lancé divers concours de béton armé, planchers, cloisons et portes, bloc-fenêtre, bloc-eau, bloc-escalier, toiture et ventilation.

Il est difficile d’estimer l’économie que permettra de réaliser ce système de construction que l’on évalue à 25 p. 100 sur les procédés habituels.

L’attribution des maisons allemandes ou autrichiennes préfabriquées sera assurée aux sinistrés selon la procédure de priorité prévue par la loi du 28 octobre 1946, lorsqu’ils seront autorisés à reconstruire sur un autre emplacement ou à aménager un autre bien susceptible de bénéficier d’indemnités au moins égales au prix de la maison, franco gare destinataire.

Actuellement, les prix homologués sont les suivants :

Maisons allemandes, surface habitable de 108 à 186 mètres superficiels, de 4 à 7 et 8 pièces : 335 à 516.000 francs. Maisons autrichiennes, surface habitable de 84 à 103 mètres carrés, de 3 et 5 pièces : 260 à 375.000 francs. Ces prix correspondent aux éléments de la maison rendue franco frontière, sans la couverture. À ces prix s’ajoutent les frais de douane, soit 12,36 p. 100, les frais de transport à la gare destinataire. Commission attribuée au groupement d’importation, 1 p. 100. L’ensemble de ces prix sera porté sur la fiche et sur la formule de délégation de créance signée par le sinistré.

En plus, il est nécessaire de prévoir les frais d’édification qui peuvent, en partie, être à la charge du sinistré, si l’indemnité à laquelle il a droit est inférieure au total du prix de cession et des dépenses de mise en place comprenant : le déchargement en gare, le transport à pied d’œuvre, le prix du soubassement en maçonnerie, celui du montage, la couverture, les aménagements intérieurs (conduits de fumée, appareils sanitaires, électricité, peinture et vitrerie, l’ensemble répondant au permis de construire).

L’acquisition d’un logis sera matérialisée par la signature d’une fiche de commande et d’une délégation de créance.

L’acquéreur doit prendre l’engagement de faire commencer le montage dans le délai d’un mois après réception des éléments et achever le gros œuvre dans les trois mois de cette réception. Toute réclamation concernant la qualité des matériaux et la fabrication des éléments du bâtiment devra être faite dans les huit jours d’arrivée au délégué départemental de la Reconstruction.

Le sinistré sera tenu de demander un permis de construire qui sera délivré sous toutes réserves du respect des règlements concernant les conduits de fumée, l’équipement sanitaire, l’installation électrique et l’implantation qui devront correspondre au programme d’aménagement.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 552