Les plus récents progrès de la radiotechnique sont dus à la
guerre, et les recherches correspondantes avaient été entreprises initialement
dans des buts militaires ; pourtant, ces inventions, nées de la guerre,
peuvent être maintenant utiles à l’humanité, et surtout à ceux qui souffrent.
Les principes adoptés pour la construction des appareils de
détection des obstacles au moyen du Radar ont été appliqués à la
fabrication d’appareils de guidage pour aveugles, leur permettant de se
diriger et d’éviter les obstacles.
Les nouveaux dispositifs électro-acoustiques ont été
également utilisés pour la création d’un appareil destiné aux sourds-muets,
et leur permettant d’étudier uniquement par la vue les caractéristiques
et les progrès de leurs voix, c’est-à-dire des sons plus ou moins informes
qu’ils peuvent émettre, lorsqu’ils ne sont pas muets de naissance.
Une des plus récentes inventions de la radio-électricité, le
microscope électronique, beaucoup plus puissant que le plus fort
microscope optique, permet désormais la photographie agrandie jusqu’à 100.000
diamètres ; un globule sanguin aurait ainsi la dimension d’un coussin de
sofa de 60 centimètres, et un cheveu d’homme serait aussi grand que le
plus grand des arbres !
Des mondes inconnus nous sont ainsi ouverts, et cet appareil
sera d’une utilité immense pour la médecine et la biologie ; il nous
donnera des nouvelles connaissances des bactéries et des virus. C’est ainsi que
le virus de la grippe, amplifié soixante-cinq mille fois, a été photographié
pour la première fois. Nous connaîtrons les virus bactériophages et leurs
effets bienfaisants, les agents germinicides, et leur action sur les bactéries
individuelles.
L’électronique va certainement nous permettre encore
d’imaginer de nouveaux appareils de thérapeutique directe ; la thérapeutique
par radiations, dont les effets si multiples demeurent parfois encore
mystérieux, nous réserve le plus grand nombre de surprises.
C’est vers 1925 que les oscillateurs par lampes triodes
permirent d’obtenir des ondes électriques de plus en plus courtes, et que l’on
commença alors à utiliser les premiers appareils de diathermie
radio-électrique.
La diathermie, on le sait, a pour but d’engendrer des effets
calorifiques dans la masse même des tissus vivants, mais les premiers appareils
employés n’utilisaient que des courants d’une fréquence très faible, et à ondes
amorties.
Les émetteurs actuels ordinaires sont des appareils qui
ressemblent plus ou moins à ceux adoptés pour l’émission de T. S. F. ;
ils produisent des ondes d’une quinzaine de mètres de longueur avec une
puissance allant de quelques centaines de watts à un kilowatt.
Leur grand avantage consiste dans leur action profonde sur
l’organisme, leurs répercussions plus sensibles et plus importantes ; ils
agissent donc d’une façon intense sur la circulation sanguine, les glandes
endocrines et le système nerveux.
Leur action est particulièrement nette dans la lutte contre
les différentes douleurs, ou, comme on dit en terme médical, des algies,
rhumatismes articulaires, lumbagos, sciatiques, affections du système nerveux,
et des glandes à sécrétion interne ; le traitement peut être local ou
général, il est généralement sans danger, mais doit toujours être effectué par
un médecin spécialiste.
Le sujet est, en général, placé entre deux plaques, ou
électrodes métalliques, reliées à l’appareil, et correspondant à l’antenne ou à
la terre d’un poste émetteur radio-électrique. Il se produit ainsi un champ électro-statique
entre les deux plaques, dans lequel le sujet est, en quelque sorte, plongé.
Les progrès de la construction radio-électrique permettent
même d’établir des appareils de diathermie fonctionnant sur une fréquence de
plus en plus élevée. Des modèles américains récents fonctionnent sur la
fréquence énorme de 2.450 mégacycles, soit 2.450 millions de
périodes-seconde, tandis que la bande de fréquence utilisée jusqu’à présent
était de l’ordre de 27 mégacycles seulement, soit 27 millions de
périodes-seconde.
Les résultats obtenus seraient ainsi beaucoup plus complets
et plus efficaces. Au lieu de placer le patient, ou la partie du corps du
patient à traiter, entre deux plaques métalliques reliées à l’appareil, on peut
adopter un dispositif de projection, en quelque sorte, des ondes
électriques sous forme de faisceau concentré par un réflecteur, et sans
électrodes. Le faisceau de radiations curatrices est ainsi projeté, comme s’il
s’agissait d’un faisceau lumineux visible, ou, tout au moins, d’un faisceau de
radiations infra-rouges ou ultraviolettes, comme on en utilise déjà en
thérapeutique.
En dehors de ces appareils de diathermie à ondes courtes, et
à lampes à vide, de nouveaux dispositifs ont été imaginés ; on signale
ainsi la création d’appareils équipés avec des triodes à décharge gazeuse ou thyratrons,
et permettant de produire des impulsions électriques ayant un effet salutaire
dans certaines affections nerveuses. N’espère-t-on pas aussi un jour, avec des
moyens de ce genre, provoquer une anesthésie électrique, ou électro-narcose,
sans danger, et sans effets toxiques, exclusivement temporaire, qui
remplacerait les procédés actuels, aux effets sans doute merveilleux, mais dont
les inconvénients sont malheureusement bien connus.
Ces nouvelles applications de l’électro-technique devraient
sans doute intéresser encore plus les hommes que les créations militaires les
plus récentes ; c’est à ce titre que nous les avons signalées et nous en
aurons encore d’autres à vous décrire.
P. HEMARDINQUER.
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