Sachez cueillir vos petits pois.
— N’attendez pas que vos petits pois soient replets et
jaunissants avant d’en effectuer la récolte. D’abord parce qu’un excès de
maturité nuit à la saveur du grain, du fait de la transformation trop poussée
du sucre en amidon. En outre, pendant que cette action biologique se fait au
détriment, de la qualité gustative des pois, il y a un appel de matériaux qui
empêche la sève de se porter sur les fleurs et les jeunes cosses, lesquelles se
flétrissent ou avortent, de sorte que la récolte s’en trouve considérablement
diminuée.
Les carottes difformes.
— Que de fois n’avez-vous pesté, lors de l’arrachage de
vos carottes, du biscornu de leurs racines, les unes fourchues, les autres, au
lieu d’être régulières et lisses, coniques ou tronconiques suivant les
variétés, épousant les formes les plus disparates, pleines de nodosités,
rendant l’épluchage fastidieux pour la ménagère, tout en occasionnant une perte
sensible de substance comestible.
Invariablement, vous attribuez l’anomalie au marchand, que
vous accusez de vous avoir vendu de la semence non sélectionnée, ce qui est un
non-sens, car il est évident que les cultivateurs-grainetiers ne prennent
jamais comme porte-graines que des racines bien conformées, seules capables de
reproduire fidèlement les caractères types des variétés qu’ils veulent
propager.
La malformation des racines ne se manifeste pas seulement
sur les carottes, mais aussi sur les navets, les scorsonères, les choux-navets,
etc. Elle est due, tout simplement, à une mauvaise préparation du terrain comme
façons d’ameublissement, surtout dans les sols argileux, durs ou très compacts,
soit encore parce qu’ils sont caillouteux, ou qu’ils ont reçu une fumure
pailleuse.
Dans un cas comme dans l’autre, les racines, se trouvant
gênées dans leur élongation verticale, subissent des déviations qui les font
croître irrégulièrement dans les interstices terreux les plus accessibles, ce
qui les oblige à fourcher ou à se dédoubler vers les zones de moindre
résistance.
L’anomalie est surtout fréquente dans les terres fortes ou
caillouteuses. Pour l’éviter, labourez à l’arrière-saison les parcelles
destinées aux plantes racines, en enfouissant un fumier bien décomposé. Au
moment d’effectuer votre semis, pratiquez un deuxième bêchage très menu, en
même temps qu’un épierrage soigné, afin que le pivot des jeunes plantules ne
soit pas obligé de bifurquer en prenant de la profondeur. Délaissez aussi les
fumiers pailleux et, si votre terrain est compact, amendez-le avec du terreau,
des boues de ville, des composts, du sable, des mâchefers tamisés, etc., afin
de l’alléger pour faciliter la pénétration des racines.
Utilité des paillis.
— Pendant la saison estivale, qui comprend les mois de
juin, juillet et août, les paillis en couverture jouent un rôle très important
sur la réussite des semis et des repiquages.
Les paillis bien conditionnés remplissent un triple
rôle :
1° Ils tempèrent les ardeurs du soleil et ils empêchent
l’assèchement du terrain dans lequel, pour végéter, les plantes ont besoin
d’une certaine dose d’humidité.
2° Ils absorbent, retiennent et répartissent uniformément
les eaux pluviales, comme les eaux d’arrosage, en s’opposant à la formation
d’une croûte nuisible a l’aération des racines ou à leur déchaussement, du fait
de la contraction de l’argile, sous l’influence de la sécheresse.
3 Ils apportent aux légumes, en cours de végétation,
les solutions salines qu’ils contiennent, lesquelles suppléent aux déficiences
alimentaires qui surviennent pendant les périodes de sécheresse.
Certaines plantes, dont la levée est parfois capricieuse
(épinards, carottes, salsifis, poireaux, mâches, etc.), ont souvent besoin d’un
écran pour les garantir du soleil et maintenir la fraîcheur pendant la
germination. Toutefois, les paillis pour semis doivent être menus et de faible
épaisseur, afin de ne pas gêner la sortie des tigelles. On peut, dans ce but,
utiliser les brindilles de pins, la tannée, ou, à défaut, couvrir la surface du
terrain avec des branchettes feuillues, que l’on retire après la levée.
Pour les plantes repiquées (fraisiers, choux, salades,
aubergines, tomates, melons, concombres et autres cucurbitacées), on aura
recours au fumier court, en voie de décomposition, riche en principes
fertilisants et bien imprégné d’urine. Les eaux de pluie et d’arrosage mettent
au contact des racines les sels azotés et potassiques solubles qui activent la
végétation en rendant les légumes plus précoces et plus tendres.
Avoir soin, si on ne veut pas contrarier la végétation,
d’éviter les eaux très froides, qui glaceraient les tissus et feraient périr
les plantes. Donc, si on en est réduit à se servir d’une eau de puits ou de
source, on devra la faire attiédir par une exposition à l’air, dans des bassins
à large surface.
Les épinards en culture dérobée.
— Après la récolte de vos pommes de terre précoces et
celle des petits pois, ameublissez le terrain libéré pour y semer des épinards,
dont vous activerez la végétation par de fréquents arrosages. Distribuez la
semence en rayons espacés de 30 centimètres, à la dose de 3 grammes
par mètre carré. La levée effectuée, éclaircissez les pieds à la distance de 8 centimètres.
Pour les semis devant passer l’hiver, attendez le 15 août,
en utilisant également les parcelles ayant porté des pommes de terre
demi-précoces ou des carottes de printemps. Opérez de la même manière, mais en
écartant les rayons de 40 centimètres, et en employant des épinards
d’automne, plus rustiques que les précédents.
Ce deuxième semis vous permettra de faire une ou deux
cueillettes à l’arrière-saison. Au printemps, si votre terrain est riche en
vieille graisse, vous obtiendrez une abondante récolte de larges feuilles qui
vous fourniront des plats de résistance pendant les mois d’avril et de mai, à
une époque où les légumes verts manquent habituellement. Vous aurez le
rendement maximum si vous arrosez les épinards à plusieurs reprises avec de
l’eau fertilisée avec 5 ou 6 grammes de nitrate de soude et autant de
sulfate de potasse par arrosoir d’eau.
Adonis LEGUME.
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