L’examen des caractères extérieurs d’une vache laitière
permet de se faire une première idée de son aptitude à la production du lait.
Cependant, si l’on désire connaître avec exactitude son rendement, il n’existe
aucune formule ou table de pointage qui puisse permettre d’atteindre ce
résultat. Seul le contrôle périodique des quantités de lait et matières grasses
produites peut donner un chiffre suffisamment précis.
Ce travail est une sujétion assez coûteuse, mais son intérêt
justifie amplement les dépenses qu’il entraîne. Pour avoir son plein effet, il
faut qu’il soit exercé sur un grand nombre d’animaux, aussi les éleveurs se
groupent-ils généralement en syndicats du contrôle laitier. Cette formule
permet en outre de réduire dans de fortes proportions les frais supportés par
chaque tête de bétail.
Le premier rôle du contrôle laitier est de permettre à
l’éleveur de se rendre compte du rendement économique de chacun de ses animaux
et de l’inciter à se débarrasser de ceux qui rapportent insuffisamment.
Il donne aussi la possibilité de suivre l’influence de
l’alimentation sur la lactation et de régler celle-ci en quantité comme en
qualité pour obtenir le maximum de bénéfice.
Enfin et surtout, il est le seul moyen rationnel de diriger
la sélection en vue de l’amélioration du rendement laitier et beurrier du
troupeau.
C’est grâce à la généralisation du contrôle laitier que les
Hollandais ont pu porter les qualités de leur bétail Pie noir au haut degré qui
lui a assuré une réputation mondiale.
La double action des livres généalogiques et du contrôle des
rendements s’exerçant depuis 1895 a permis en quarante ans de faire passer les
rendements moyens de : 4.209 litres de lait avec 2,99 p. 100 de
matières grasses en 1895, à 4.825 litres de lait avec 3,74 p. 100 de
matières grasses en 1935.
L’influence du manque de nourriture consécutive à la guerre
a ralenti cette augmentation croissante (on notait cependant 3,83 p. 100
de matières grasses en 1942). Elle est en train de progresser à nouveau
maintenant que les conditions de production redeviennent normales.
Ces chiffres prennent une valeur encore plus démonstrative
lorsqu’on sait qu’ils représentent des moyennes effectuées sur un nombre
d’animaux toujours plus grand. Alors qu’à l’origine la Friesch
Rundvee-Stamboek de Leeuwarden contrôlait 49 vaches, en 1942 ce nombre
était passé à 23.181.
L’accroissement du rendement a été obtenu au moyen d’une
méthode relativement simple. Toutes les vaches issues de parents inscrits au
Herd-Book sont contrôlées et ne sont définitivement retenues que celles qui ont
obtenu un nombre de points suffisant lors de leur examen par la commission
d’inscription.
Pour les taureaux, les épreuves sont plus dures. Il faut
surtout que ces animaux se montrent des améliorateurs. Si l’influence du taureau
sur sa descendance est favorable, on lui décerne le qualificatif de
« préfèrent ».
Au point de vue laitier et beurrier, on constate cette
influence amélioratrice en comparant les rendements de la descendance avec
celle des parents. Notons qu’on ne se borne pas à contrôler les meilleures
vaches, mais que toute la descendance doit figurer sur les graphiques
permettant de juger les couples parents-enfants.
L’influence amélioratrice ressort nettement de cette
épreuve, et les meilleurs géniteurs ainsi signalés à l’attention des éleveurs
sont évidemment les plus recherchés.
Cet effort persévérant a permis aux Hollandais d’obtenir des
résultats qui assurent à leur bétail un succès toujours croissant.
Il est souhaitable que le contrôle laitier se développe en
France avec autant d’intensité. Son action, combinée avec celle des livres
généalogiques, nous permettra d’améliorer le rendement laitier de nos races
bovines. Il augmentera non seulement le bénéfice des éleveurs, mais aussi la
richesse du pays tout entier en accroissant la faveur de nos bovins auprès des
acheteurs étrangers, laquelle se traduira par des exportations abondantes et
rémunératrices de géniteurs d’élite.
R. LAURANS,
Ingénieur agricole.
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