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Chronique de la mode

Les collections d’automne

Pour le matin, le sport, le voyage, le shopping, les beaux ensembles confortables sont plus que jamais à l’honneur, et ceci était fatal, étant donnés les admirables ensembles de tissus que proposèrent les lainiers aux couturiers.

Pour les manteaux, des velours de laine épais et duveteux, des ratines, des poils de chameaux le plus souvent réversibles, non seulement assortis à un tissu robe ou tailleur, mais parfois, par le jeu de deux couleurs dans le chiné, offrant jusqu’à cinq combinaisons d’uni et de fantaisie ; par exemple, le tissu à carreaux bicolores pour costumes s’harmonise à la fois à un carreau plus grand ou à deux unis. Aucune teinte foncée pour ce genre de toilette ; le violine, le bleu gris, le vert-olive et encore ... comme poudré de pastel, sont les nuances les plus foncées que nous puissions trouver dans une collection ; les beiges, les gris, tous les tons fauves, les ors rouillés, les blonds des forêts en automne, les chamois, les sables et verts amande, les parmes sont ceux qui dominent dans toutes les grandes maisons.

En dehors des écossais très colorés qui sont la reproduction exacte des « clans », les autres sont tous traités en camaïeux.

Les imperméables sont toujours taillés dans cet étonnant contre-plaqué de Bucol aux remarquables nuances qu’on double de lainage afin de le rendre plus douillet, et les velours côtelés aux couleurs renouvelées sont toujours à l’honneur ; en dépit des brumes et des pluies d’automne, la rue, le matin, sera gaie, puisque les parapluies, qui prennent une place de plus en plus grande dans la toilette féminine, sont charmants avec leur dômes unis assortis à l’ensemble, leurs manches de bois sculptés et peints, gainés de cuir ou laqués, qui sont de vrais objets d’art.

Contrairement aux ensembles du matin, ceux de l’après-midi sont le plus souvent noirs, noirs et mats. Les robes sont faites de draps légers, de lainages secs, de crêpes lourds, de jerseys aux trames savantes qui souvent nous déroutent, car les soieries se confondent facilement avec les lainages et réciproquement. En dehors du noir, les teintes en vogue sont le gris-taupe ou éléphant, le prune, le vert.

Pour les robes très habillées, nous retrouvons dans les velours les mêmes nuances sombres et chaudes parmi les velours noirs nombreux, et, pour le soir, nous pouvons admirer les plus remarquables collections de lamés, de damas, de brochés, des moires et des failles façonnées à effets de mat et brillant, à oppositions précieuses de tons délicats et exquis ; tous ces tissus sont d’une beauté de matière, d’une richesse de composition, d’une somptuosité inouïes.

Il fallait s’attendre à la même richesse, à la même exquise féminité dans les collections.

Les jupes s’allongent, car c’était nécessaire à l’équilibre de ces robes-manteaux, de ces manteaux de style « Cosaque » aux nombreux godets alourdis de fourrure. C’était nécessaire à l’harmonie de ces ensembles comportant de vastes raglans ou de courts paletots « kimonos », amples sous les bras et à la ligne plongeante ; sans cet appoint de longueur, ils eussent paru trapus et lourds.

Certains couturiers sacrifient à la fois à la ligne fourreau, aux hanches drapées, à l’ampleur envoyée en arrière et à la robe ample en cloche, en corolle, en volubilis ; l’ampleur part alors de la taille, de la pointe des hanches ou de la base du corsage-sweater, mais toujours le buste reste menu, la poitrine marquée, les épaules rondes, les cols montants, les manches droites.

Le manteau droit concurrence la redingote, et celle-ci se réchauffe de collets, de palatines, de doubles tuniques, souvent ourlés de fourrure, et ceci pour toutes les heures du jour.

La fourrure est partout, elle borde des jupes, des cols et des poignets, on en fait des étoles, des cravates, des manchons, des toques petites et de grands bérets.

Quant aux robes du soir, ce sont des robes de princesses de légende ; les immenses jupes à crinoline, à vertugadins ou à paniers demeurent, et tous les décolletés sont permis, sauf pourtant le décolleté bas romantique si gracieux que nous avons tant aimé.

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°616 Octobre 1947 Page 596