Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°615 Août 1947  > Page 551 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Chronique ménagère

Comment se désaltérer

    — Qu’il fait chaud !
    — Que j’ai soif !

La soif est un besoin qu’il faut satisfaire, non par gourmandise, mais par nécessité. Elle est, pourrait-on dire, « un appel d’eau » auquel il faut répondre : c’est qu’en effet l’eau forme environ les deux tiers de notre poids ; elle s’échappe sans cesse de notre organisme sous forme de sueur, d’urine, de vapeur au cours de la respiration, etc. Cette perte est exagérée quand il fait chaud ; c’est, en effet, un moyen naturel de lutter contre la chaleur que de transpirer : le froid produit par l’évaporation de la sueur provoque un refroidissement superficiel qui nous permet pour un moment de trouver plus supportable la chaleur environnante. Cette perte d’eau qui s’élève à 1 litre, parfois 2 et même 3 litres par jour, il faut la compenser.

Cela ne veut pas dire qu’il faille absorber 2 ou 3 litres d’eau par jour. Non, car la plupart de nos aliments en contiennent une assez grande quantité et cela, évidemment, diminue la ration d’eau pure dont le corps a besoin. En été, précisément au moment où nous perdons le plus d’eau par transpiration, la base de notre alimentation est faite de légumes verts et de fruits frais qui contiennent une très forte proportion d’eau : souvent entre 90 et 95 p. 100 de leur poids. Manger 500 grammes de prunes ou de raisins équivaut souvent à boire 400 grammes d’eau. Et « les gens qui se nourrissent avec bon sens, dit le docteur naturiste Paul Carton, cessent d’être assoiffés et ne doivent plus boire qu’aux rares moments où ils en éprouvent vraiment le besoin ». Inutile donc d’établir la quantité de liquide à absorber, puisque, lorsque cette quantité n’est pas suffisante, l’organisme se charge de réclamer ce qui lui manque.

Mais savoir se désaltérer est un art dont dépend une partie de la santé.

Quand faut-il boire ? Pas abondamment pendant les repas comme on a trop souvent l’habitude de le faire. Vous diluez ainsi, dans une masse de liquide, les sucs digestifs dont l’action, indispensable à une bonne digestion, se trouve ainsi affaiblie, et vous risquez, à la longue, dyspepsie et dilatation d’estomac. Essayez plutôt de changer l’heure de la soif. Rien n’est plus facile : buvez à jeun, une demi-heure avant les repas, ou deux ou trois heures après, et alors vous n’aurez plus soif du tout au moment des repas !

Que faut-il boire ? Évidemment de l’eau. C’est la plus saine, la plus économique de toutes les boissons. Malheureusement, on n’a pas toujours à sa disposition de l’eau potable. La plupart des grandes villes sont organisées pour donner à tous les habitants de l’eau potable. Il n’en est pas souvent ainsi dans les petites villes et les villages, où précisément en été les sources sont basses et donnent une eau douteuse : dans ce cas, il faut la faire bouillir. Mais l’eau bouillie est fade : il est bon de l’aromatiser avec le suc de plantes ou le jus des fruits. C’est précisément en été que les fruits abondent et qu’il nous est possible de constituer un approvisionnement de ces excellentes boissons, non excitantes, mais vivifiantes, salutaires et souvent nutritives.

Pour extraire le jus des fruits, vous trouverez dans le commerce d’excellents appareils. Si vous n’en possédez pas, servez-vous tout simplement d’un pilon de bois pour écraser et d’un tamis très fin pour filtrer. Lavez les bouteilles où vous voudrez conserver les jus avec de l’eau bouillante, bouchez-les avec de bons bouchons, également bouillis, et gardez-les dans un endroit frais.

Quelques recettes de sirops à conserver.

Sirop de fraises.

— Dans un récipient en faïence, verre ou porcelaine, mettre par couches superposées des fraises et du sucre en poudre dans la proportion de 100 grammes de sucre pour 500 grammes de fruits. Déposer à la cave.

Le lendemain, jeter le tout sur un tamis de crin, recueillir le jus, mettre en bouteilles bien bouchées, les faire bouillir dans une lessiveuse ; les retirer après un quart d’heure d’ébullition.

Si on met une proportion égale de fruits et de sucre, le sirop se conserve sans boucher les bouteilles hermétiquement, à condition de porter à l’ébullition le jus pendant cinq minutes.

Sirop de groseilles, de framboises ou de mûres.

— Écraser les fruits dans une terrine et laisser reposer vingt-quatre heures dans un endroit frais. Filtrer le jus et le remettre au frais pendant vingt-quatre heures. Le décanter doucement dans un autre récipient en retenant le fond trouble. Peser et faire cuire le jus avec moitié de son poids de sucre. Maintenir l’ébullition dix minutes, écumer et mettre en bouteilles.

Boissons qui ne se conservent qu’un jour ou deux.

Boisson aux groseilles.

— Mettre dans une passoire une poignée de groseilles rouges, écraser avec un pilon. D’autre part, mettre sur le feu un litre d’eau dans laquelle on ajoute deux ou plusieurs cuillerées à soupe de sucre en poudre, selon les goûts et les possibilités. Verser l’eau bouillie sucrée sur le jus des fruits, mettre le tout en glacière ou dans une cave fraîche.

Coco.

— Pour un litre de boisson, prendre plein le creux de la main de bois de réglisse bien sec, coupé en petits morceaux, les laver à l’eau froide, les jeter dans un litre d’eau bouillante légèrement sucrée. Couvrir le récipient, et laisser infuser plusieurs heures. Retirer, passer et mettre au frais.

Pour boire, ajouter une cuillerée à soupe d’un des sirops précédents à un verre d’eau bouillie ou d’eau potable.

Ne buvez jamais glacé si vous êtes en sueur ...

A. PEYREFITTE.

Le Chasseur Français N°615 Août 1947 Page 551