— Qu’il fait chaud !
— Que j’ai soif !
La soif est un besoin qu’il faut satisfaire, non par
gourmandise, mais par nécessité. Elle est, pourrait-on dire, « un appel
d’eau » auquel il faut répondre : c’est qu’en effet l’eau forme
environ les deux tiers de notre poids ; elle s’échappe sans cesse de notre
organisme sous forme de sueur, d’urine, de vapeur au cours de la respiration,
etc. Cette perte est exagérée quand il fait chaud ; c’est, en effet, un
moyen naturel de lutter contre la chaleur que de transpirer : le froid
produit par l’évaporation de la sueur provoque un refroidissement superficiel
qui nous permet pour un moment de trouver plus supportable la chaleur
environnante. Cette perte d’eau qui s’élève à 1 litre, parfois 2 et
même 3 litres par jour, il faut la compenser.
Cela ne veut pas dire qu’il faille absorber 2 ou 3 litres
d’eau par jour. Non, car la plupart de nos aliments en contiennent une assez
grande quantité et cela, évidemment, diminue la ration d’eau pure dont le corps
a besoin. En été, précisément au moment où nous perdons le plus d’eau par
transpiration, la base de notre alimentation est faite de légumes verts et de
fruits frais qui contiennent une très forte proportion d’eau : souvent
entre 90 et 95 p. 100 de leur poids. Manger 500 grammes de prunes ou
de raisins équivaut souvent à boire 400 grammes d’eau. Et « les
gens qui se nourrissent avec bon sens, dit le docteur naturiste Paul Carton,
cessent d’être assoiffés et ne doivent plus boire qu’aux rares
moments où ils en éprouvent vraiment le besoin ». Inutile donc
d’établir la quantité de liquide à absorber, puisque, lorsque cette quantité
n’est pas suffisante, l’organisme se charge de réclamer ce qui lui manque.
Mais savoir se désaltérer est un art dont dépend une partie
de la santé.
Quand faut-il boire ? Pas abondamment pendant
les repas comme on a trop souvent l’habitude de le faire. Vous diluez ainsi,
dans une masse de liquide, les sucs digestifs dont l’action, indispensable à
une bonne digestion, se trouve ainsi affaiblie, et vous risquez, à la longue,
dyspepsie et dilatation d’estomac. Essayez plutôt de changer l’heure de la
soif. Rien n’est plus facile : buvez à jeun, une demi-heure avant les
repas, ou deux ou trois heures après, et alors vous n’aurez plus soif du tout
au moment des repas !
Que faut-il boire ? Évidemment de l’eau. C’est
la plus saine, la plus économique de toutes les boissons. Malheureusement, on
n’a pas toujours à sa disposition de l’eau potable. La plupart des grandes
villes sont organisées pour donner à tous les habitants de l’eau potable. Il
n’en est pas souvent ainsi dans les petites villes et les villages, où
précisément en été les sources sont basses et donnent une eau douteuse :
dans ce cas, il faut la faire bouillir. Mais l’eau bouillie est fade : il
est bon de l’aromatiser avec le suc de plantes ou le jus des
fruits. C’est précisément en été que les fruits abondent et qu’il nous est
possible de constituer un approvisionnement de ces excellentes boissons, non
excitantes, mais vivifiantes, salutaires et souvent nutritives.
Pour extraire le jus des fruits, vous trouverez dans le
commerce d’excellents appareils. Si vous n’en possédez pas, servez-vous tout
simplement d’un pilon de bois pour écraser et d’un tamis très fin pour filtrer.
Lavez les bouteilles où vous voudrez conserver les jus avec de l’eau
bouillante, bouchez-les avec de bons bouchons, également bouillis, et
gardez-les dans un endroit frais.
Quelques recettes de sirops à conserver.
Sirop de fraises.
— Dans un récipient en faïence, verre ou porcelaine, mettre
par couches superposées des fraises et du sucre en poudre dans la proportion de
100 grammes de sucre pour 500 grammes de fruits. Déposer à la cave.
Le lendemain, jeter le tout sur un tamis de crin, recueillir
le jus, mettre en bouteilles bien bouchées, les faire bouillir dans une
lessiveuse ; les retirer après un quart d’heure d’ébullition.
Si on met une proportion égale de fruits et de sucre, le
sirop se conserve sans boucher les bouteilles hermétiquement, à condition de
porter à l’ébullition le jus pendant cinq minutes.
Sirop de groseilles, de framboises ou de mûres.
— Écraser les fruits dans une terrine et laisser
reposer vingt-quatre heures dans un endroit frais. Filtrer le jus et le
remettre au frais pendant vingt-quatre heures. Le décanter doucement dans un
autre récipient en retenant le fond trouble. Peser et faire cuire le jus avec
moitié de son poids de sucre. Maintenir l’ébullition dix minutes, écumer et
mettre en bouteilles.
Boissons qui ne se conservent qu’un jour ou deux.
Boisson aux groseilles.
— Mettre dans une passoire une poignée de groseilles
rouges, écraser avec un pilon. D’autre part, mettre sur le feu un litre d’eau
dans laquelle on ajoute deux ou plusieurs cuillerées à soupe de sucre en
poudre, selon les goûts et les possibilités. Verser l’eau bouillie sucrée sur
le jus des fruits, mettre le tout en glacière ou dans une cave fraîche.
Coco.
— Pour un litre de boisson, prendre plein le creux de
la main de bois de réglisse bien sec, coupé en petits morceaux, les laver à
l’eau froide, les jeter dans un litre d’eau bouillante légèrement sucrée.
Couvrir le récipient, et laisser infuser plusieurs heures. Retirer, passer et
mettre au frais.
Pour boire, ajouter une cuillerée à soupe d’un des sirops
précédents à un verre d’eau bouillie ou d’eau potable.
Ne buvez jamais glacé si vous êtes en sueur ...
A. PEYREFITTE.
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