Voici l’automne revenu ; l’hiver approche, et il faut
songer au chauffage de nos appartements. Que nous réserve l’hiver
1947-1948 ? Il est sans doute difficile de savoir si le froid sera
rigoureux, ou la température relativement clémente. Par contre, nous pouvons
prévoir, dès à présent, des difficultés de chauffage au moins égales à celles
de l’hiver 1946-1947. C’est là une raison supplémentaire pour étudier
rationnellement le mode de chauffage à adopter.
Le premier article consacré au chauffage électrique
rationnel dans le numéro de juin 1947 nous a valu un abondant courrier. On
comprend bien, d’ailleurs, l’intérêt suscité par le chauffage électrique dans
la grande masse du public dans les circonstances actuelles. Les pouvoirs
publics déplorent même son trop grand développement, et des affiches de
« contre-propagande » en font foi. Nous sommes loin des efforts
tentés avant guerre pour le développement des appareils d’électricité
domestiques !
On ne saurait blâmer nos dirigeants de mettre en lumière les
inconvénients économiques de ce procédé de chauffage, du moins utilisé sous la
forme directe ordinaire. L’énergie électrique d’origine thermique est rare et
précieuse, l’énergie hydro-électrique n’est pas encore assez abondante ;
ce n’est donc pas le moment de la gaspiller.
Le chauffage électrique direct par radiateurs à feu
visible doit donc être strictement limité et devrait être réservé exclusivement
à obtenir un effet temporaire dans des pièces de petit volume. L’installateur
et l’usager ont le choix, en principe, entre trois méthodes différentes :
l’action directe, la semi-accumulation et l’accumulation
proprement dite. En réalité, le choix n’est pas toujours libre, parce qu’il
existe des règlements interdisant l’emploi de tel ou tel procédé et imposant
l’utilisation de tel autre.
En théorie, il s’agit essentiellement d’une question d’économie,
et il faut considérer quel est le procédé permettant non pas seulement de
réduire la consommation proprement dite, mais d’obtenir le meilleur effet au
meilleur prix.
Si l’on ne peut bénéficier que d’un seul tarif, quelle que
soit l’heure d’utilisation, il faut bien se contenter du chauffage direct,
mais avec des radiateurs aussi bien étudiés que possible, et surtout employés
dans des conditions rationnelles : durée de fonctionnement et volume d’air
chauffé réduits, effet d’appoint.
Au contraire, si l’on peut bénéficier d’un tarif de nuit,
le radiateur à accumulation devient rapidement préférable. Le prix plus élevé
de l’installation est assez rapidement amorti par l’économie réalisée sur la
dépense de consommation. S’il existe un tarif très réduit, le radiateur à semi-accumulation
devient encore préférable.
Quelle est pratiquement l’économie réalisée ? Il suffit
de connaître la puissance en watts nécessaire pour obtenir un chauffage
électrique efficace, les heures de fonctionnement nécessaires, les tarifs des
courants de jour, de nuit et de « pointe ». Pour un chauffage à peu
près permanent de 8 heures du matin à 20 heures, l’économie est
normalement de l’ordre de 50 p. 100 avec un poêle à accumulation.
En réalité, il faut tenir compte du prix élevé de ces poêles
à accumulation et du fait que les radiateurs à chauffage direct ne s’emploient
jamais d’une manière continue.
Pourtant, l’intérêt du chauffage à accumulation devient
certain dès que le tarif de distribution du courant de jour dépasse
suffisamment celui du tarif de nuit, de l’ordre de 1/3, par exemple. Quant aux
appareils à semi-accumulation, ils sont recommandables lorsque le tarif de jour
est de l’ordre du double du tarif de nuit.
Plusieurs lecteurs nous ont écrit, d’autre part, pour nous
demander des indications pratiques sur la puissance des appareils à adopter.
Cette donnée dépend de la température désirée, de la température intérieure,
des conditions de ventilation, de construction et d’exposition de
l’appartement. D’une manière très approximative, et en admettant une
température extérieure de l’ordre de 5°, on peut envisager les valeurs
suivantes :
Chauffage direct : 1,5 kilowatt par 30 mètres cubes ;
Chauffage par accumulation : 4 kilowatts par 100 mètres cubes ;
Chauffage d’appoint : 2 à 3 kilowatts par 100 mètres cubes.
P. HÉMARDINQUER.
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