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Construction

La préfabrication

La préfabrication française a fait l’objet de très nombreuses études et se dégage des prototypes pour entrer dans la construction de série.

Actuellement, trois conceptions différentes paraissent évoluer en matière de constructions modernes.

La première, appelée le « traditionnel évolué », s’attache à conserver la pratique des procédés usuels par une préparation technique, l’organisation des chantiers au point de vue mécanique, et apporte une certaine coordination aux travaux exécutés par les divers corps d’état.

De là découle la liberté de composition en utilisant les matériaux ordinaires pour l’exécution. La préfabrication ne joue que pour les éléments constitutifs : baies, travures, revêtements et équipements intérieurs.

La seconde conception repose sur une méthode permettant l’utilisation d’éléments et d’ensembles préfabriqués. Elle modifie le principe habituel de la construction et traite le point de vue fonctionnel en recherchant la solution logique. Elle recherche l’emploi de matériaux nouveaux et la réduction du temps passé au montage en utilisant des ensembles préfabriqués : blocs-eau, blocs-croisées, blocs-portes, etc.

La dernière conception est celle que l’on peut désigner comme totale et s’applique à la maison usinée, le métal étant la matière principale permettant le montage à sec avec une main-d’œuvre réduite (voir nos 486 à 489 du Chasseur Français).

Le chalet en bois fait partie de ce classement et certains sont parfaitement traités.

Dans les matériaux nouveaux, les bétons spéciaux : béton-ponce, béton de cendrées, de pouzzolane, de schistes bitumineux, béton cellulaire et fibre-cellulaire sont, avec les bois synthétiques, les plus intéressants.

Les matériaux classiques sont employés de façon industrielle par prétaillage à la carrière, supprimant tout travail artisanal sur le chantier ; cette méthode est à développer.

Nous rappelons les ensembles préfabriqués — blocs-fenêtres, blocs-portes, — mais encore les blocs d’eau réunissant sous forme d’ensemble la cuisine avec ses accessoires, les w.-c. et la salle de toilette, avec baignoire ou bac à laver, douche, et comprenant toutes les canalisations d’évacuation et d’adduction. Existent encore les blocs-toilette et les blocs-cuisine, dont le procédé permet, par la combinaison d’éléments préfabriqués en nombre limité, de réaliser tout aménagement à la demande de l’utilisateur.

Les blocs mécaniques peuvent satisfaire les adductions d’eau, l’évacuation des matières usées pour cuisine, w.-c. et toilette.

On constate que la plupart des préfabricants se sont spécialisés dans une partie de la construction et au maximum dans l’exécution du gros œuvre.

Comme le signale M. Simon, secrétaire général de la Préfabrication, la très grande variété des modules engendrera une sorte de concentration technique et l’abaissement du prix de revient.

Il est donc nécessaire qu’une certaine normalisation intervienne dans la construction préfabriquée et que des techniques diverses, actuellement appliquées en « ordre dispersé », pour la construction des différentes parties du gros œuvre, se conjuguent pour obtenir le meilleur rendement.

On peut reprocher à la maison de série son caractère d’uniformité et le fait que les utilisateurs sont obligés de l’accepter telle qu’elle se présente. Cependant, il faut reconnaître qu’il y a bien peu de Français qui habitent dans des locaux qu’ils ont fait construire suivant leurs conceptions. Quant à la maison édifiée à la demande, à l’aide d’éléments et d’ensembles préfabriqués, elle ne peut manquer de prendre un développement important. Elle exprime simplement une évolution dans le sens d’un meilleur emploi des techniques des temps présents.

Nous présentons un projet d’habitation en « traditionnel évolué » conçu par nos confrères MM. Carme, Caignart de Mailly, Armand, Paul Henry et Merpillat, représentant un type familial et résumant d’une façon judicieuse les dispositions propres à satisfaire les besoins d’une famille de cinq personnes.

À remarquer le voisinage direct de la grande pièce de séjour avec la cuisine et la salle d’eau et d’hygiène, permettant une vie facile. Les chambres de l’étage sont disposées de telle façon qu’un berceau trouve sa place dans la chambre des parents et que les jeunes enfants ont leur chambre adjacente, le plus grand ayant sa pièce individuelle.

Un passage couvert donne accès aux petites dépendances comprenant clapier et poulailler, qui s’harmonisent au grand volume construit.

Surface bâtie : 51 mètres superficiels par logement. À gauche, plan du rez-de-chaussée et, à droite, celui de l’étage.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°616 Octobre 1947 Page 600