L’aquarium ayant été préparé avec soin, l’effet désiré ayant
été recherché et obtenu, le résultat est acquis de façon définitive. Il
suffira, à de longs intervalles, d’éclaircir la végétation, de nettoyer les
glaces, de siphonner le sable et de compenser la déperdition par un apport
d’eau — eau de pluie de préférence, — à une température au moins
égale.
En vérité, il n’est point d’oiseaux en cage, il est peu de
plantes en pots qui se contenteraient de soins aussi minimes et
espacés ... Seriez-vous même amené à vous absenter pendant un mois, vos
poissons attendront patiemment votre retour, sans subir de dommage, à la seule
condition que l’éclairage habituel ne soit pas modifié.
Cette stabilité du milieu est obtenue par un équilibre
suffisant des échanges vitaux, dont le mécanisme est fort connu :
l’oxygène nécessaire à la respiration des poissons est emprunté à l’air
atmosphérique, par la surface de l’eau principalement. Les déchets solides et
liquides des poissons sont assimilés en grande partie par les plantes, qui
prospèrent dans ces conditions.
Il convient aussi de se rapprocher, autant qu’il est
possible, des conditions naturelles et de réaliser un milieu biologique
déterminé qui se suffit à lui-même, sous cette réserve évidente que la
nourriture des poissons doit y être apportée.
L’aquarium marin, par contre, est d’une réalisation plus
délicate et exige un mécanisme sûr. Je n’oserais pas le recommander aux
amateurs débutants. Il est cependant hautement décoratif et aussi fort
intéressant.
Ayant ainsi constitué un milieu propre à la vie, et sain,
bien qu’en eau dormante, ayant également réalisé chez vous un élément décoratif
et précieux, je dois maintenant faciliter à l’extrême vos débuts d’aquariophile
et éliminer tout ce qui peut encore sembler une difficulté.
Quel est donc le meilleur poisson pour le débutant ?
Celui qui n’exige aucun chauffage et peut supporter un froid
relatif pendant des semaines ; celui qui accepte volontiers toute
nourriture, qu’elle soit naturelle, vivante ou morte, ou artificielle, en
poudre ou en grains ; celui qui n’a pas d’exigences spéciales quant à la
nature de l’eau ; qui se contente de toutes les capacités
d’aquarium ; celui encore qui, très richement habillé, est d’une vivacité
continuelle ...
Ce poisson si recommandable est le Danio (Brachydanio
rerio Ham.), que l’on doit trouver aisément et dont le prix est très
raisonnable.
Ce petit poisson n’excède guère 4 centimètres. Des
bandes longitudinales noir violet alternent avec des bandes argent or. Les
nageoires anale et caudale sont également colorées. Il pond volontiers, à
plusieurs reprises, mais sa reproduction et son élevage, sans être aucunement
délicats, sont déjà au delà du domaine de l’amateur qui commence.
Dans le même groupe de poissons que le Danio, se trouve
aussi Tanichthys albonubes, également vif et turbulent, en perpétuel
mouvement, encore plus brillamment paré. Ce poisson, qui n’a pas encore de nom
familier, n’est guère plus exigeant.
Sur un fond vert gris, une large bande blanc vert très
brillante parcourt toute la longueur du corps, soulignée au-dessous par une
fine rayure noir violet. La caudale est presque entièrement rouge ;
l’anale est orange bordée de carmin. Il est d’une finesse exquise et mérite
d’être plus répandu qu’il ne l’est.
Quelques rares autres poissons exotiques peuvent aussi se
passer de chauffage pendant l’hiver, tels que le Macropode (Macropodus
viridi-auratus), dénommé autrefois « poisson de paradis » et qui
mérite bien cette appellation. C’est le premier poisson exotique qui ait été
importé en France, au siècle dernier (tant il est vrai que l’aquariophilie
n’est pas tellement récente). Ses attitudes et sa reproduction sont fort
intéressantes et faciles à observer.
Mais le choix des poissons n’est pas limité pour les
aquariophiles, nombreux, chez qui le chauffage de l’aquarium à 20° ne
représente pas une difficulté.
Cependant, je crois qu’il sera bon de commencer par les
espèces les plus courantes, et non les moins jolies. Je crois encore que la
majorité sera irrésistiblement attirée par les poissons dits vivipares (en
réalité ovovivipares), car le fait d’émettre, chaque mois ou presque, des
jeunes vivants et avancés surprend fort le public et présente à ses yeux un
intérêt très grand. Leur reproduction est, en général, extrêmement facile.
J. GARNAUD.
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