Lait écrémé et babeurre.
— Les sous-produits du beurre peuvent rendre aux
éleveurs de signalés services, quand ils sont bien employés, qu’il s’agisse de veaux,
de porcs ou de volailles. Tous ces animaux, en effet, tirent un
bon profit de ces deux résidus des beurreries, dont le lait écrémé, à lui seul,
représente les 87 centièmes du volume du lait turbiné, et le babeurre les
9 treizièmes environ du poids de la crème extraite. En chiffres ronds, la
centrifugation de 100 litres, fournissant 4 kilogrammes de beurre,
abandonne à l’éleveur 87 litres de lait écrémé et 9 litres de
babeurre, dont la composition moyenne est approximativement la suivante (par
kilogramme) :
PRINCIPES NUTRITIFS |
LAIT ÉCRÉMÉ |
BABEURRE |
Caséine Sucre de lait Acide lactique Sels minéraux Matières grasses Eau |
40 45 2 7 2 904 ——— 1.000 |
grammes. — — — — — grammes. |
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36 38 6 6 6 908 ——— 1.000 |
grammes. — — — — — grammes. |
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Si le lait écrémé contient un peu plus de matières azotées
et de lactose que le babeurre, ce dernier est plus riche en acide lactique et
en matières grasses. On peut donc les considérer comme ayant une valeur
alimentaire équivalente. Toutefois, dans la pratique, il vaut mieux les
associer dans les proportions découlant des fabrications courantes,
l’acidification plus poussée du babeurre communiquant au mélange une teneur
plus élevée en acide lactique, de 4 grammes par litre, suffisante pour
combattre les parasites de l’intestin, cette action ayant été mise en évidence
par MM. Lesbouriès et Dugoin, notamment en ce qui concerne la diarrhée des
poussins, vulgairement la crotte.
Cependant, qu’il s’agisse de pousser des veaux, des porcs ou
des volailles au fin gras, il y a des proportions à observer, si l’on veut
tirer des résidus des laiteries le maximum de ce qu’ils peuvent rendre comme
tissus musculaires et adipeux. Autrement, il en résulterait des troubles de
nutrition. Donc, dans tous les genres de rationnement, le lait écrémé et le
babeurre seront associés à des farineux ou à des féculents, les matières
amylacées n’existant pas dans ces résidus.
Une lettre confirmative.
— M. Pierrin-Franquelin, de Mézicourt, m’écrivait ces
temps derniers :
D’une portée de porcelets née le 3 mars 1946,
destinée à la reproduction, j’ai conservé un mâle castré, le plus petit de la
nichée, pour l’engraisser. Fin juin, n’ayant plus de nourriture, je mis mon
porc en pâture, où il ne reçut en supplément que du lait écrémé, trop sans
doute, car il prit une vilaine teinte jaune, et il subit une desquamation
intense de la peau. Fin septembre, l’animal fut rentré en réduit, où il reçut
journellement environ 10 litres de lait écrémé, associé à quelques grains
concassés (avoine, petit blé, un peu de mais). Le porc, tué le 8 février
1947, pesait 252 kilogrammes, alors que les sujets de même race anglaise
ne dépassent pas 200 kilogrammes à cet âge, quand ils sont privés de lait
écrémé ...
M. Pierrin-Franquelin pense que, si les farineux avaient été
donnés plus tôt, il aurait gagné une couple de mois sur l’échéance du
sacrifice, aussi conclut-il que ce résidu est l’aliment idéal pour les porcs de
tous les âges, depuis le sevrage jusqu’à l’engraissement.
Rationnement des veaux.
— Pendant la semaine qui suit la naissance du veau, on
le nourrira exclusivement au lait de la mère, inutilisable pour tout autre
objet, du fait de sa teneur élevée en colostrum. C’est seulement à
partir du septième jour que l’on procède progressivement à des substitutions de
lait écrémé féculisé par quarts, au lieu et place du lait pur, de sorte que, à
partir du douzième jour, le veau ne reçoit plus que du lait maigre, enrichi à
la farine de manioc.
Voici la manière de procéder.
Délayer la farine de manioc dans deux fois son poids d’eau
tiède, soit 60 grammes par litre consommé. Ajouter un peu d’eau bouillante
et cuire en remuant comme de la bouillie d’enfant, ce qui demande environ dix
minutes. En mettant la bouillie au frais, on peut la préparer d’avance, pour
deux ou trois jours.
Incorporer intimement la bouillie au lait écrémé doux, de
manière qu’il y ait 60 grammes de manioc par litre, et ajouter 2 grammes
de poudre d’os.
En admettant qu’un veau de huit jours, pesant 48 kilogrammes,
absorbe le sixième de son poids de lait féculisé, cela représenterait une
ration quotidienne de 8 litres de lait écrémé, contenant 480 grammes
de manioc et 16 grammes de poudre d’os. La pitance journalière étant
augmentée d’un litre tous les six jours, on arrive au rationnement final (15 litres
de lait, 900 grammes de farine et 30 grammes de poudre) que, dans la
pratique, on ne dépasse généralement pas. À l’âge de cinquante jours, on peut
même se dispenser de cuire le manioc et de réchauffer le lait.
L’alimentation au lait féculisé fait gagner aux femelles un
croît quotidien de un kilogramme, lequel est toujours dépassé par les veaux
mâles. Cela fait ressortir le litre à un prix intéressant, facile à calculer.
Rationnement des porcs et des volailles.
— Le lait écrémé seul, ou associé à du babeurre, avec
un titre acidimétrique de 35° à 40° Dornic, permet de constituer les rations
les plus avantageuses pour tous les animaux omnivores (porcs, poules, dindons,
canards, etc.), en leur incorporant des farineux ou des féculents en
proportions variables, suivant qu’il s’agit de rations d’accroissement,
d’engraissement ou de ponte.
Ainsi, en associant 7 litres de lait écrémé à 3 kilogrammes
de farine d’orge, de maïs ou de manioc, on obtient une ration convenable pour
un porc à l’engrais, pesant 100 kilogrammes, la relation nutritive
étant de 1/6. S’il s’agit de porcelets, la ration devant être plus riche en
protéine, on met moins de farineux et un peu plus de lait écrémé, à moins qu’on
ajoute quelques tourteaux pour rendre la relation nutritive plus
« étroite ».
Le rationnement des volailles se fait d’après le même
principe. Mais, si on en excepte les canards, qui exigent une pâtée molle, on
réduira la dose d’humidité en coagulant le lait à la présure et, après un
égouttage plus ou moins poussé, de manière à éliminer une partie du sérum, on
pétrira le coagulum avec les farineux.
C. ARNOULD.
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