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Le choix d’une bonne chèvre laitière

Une bonne chèvre aura une tête fine et une et une allure élancée mais solide. La tête sera portée avec élégance et légèreté. On examinera avec soin le poil, qui doit être luisant, serré et doux au toucher. On recherchera une peau souple et fine, et des hanches saillantes, sans être trop fortement accusées. Ne choisissez pas une chèvre trop petite, car c’est elle qui paraît transmettre la taille à sa descendance. Faites bien attention aussi aux aplombs, en sachant que l’intégrité des membres postérieurs d’une femelle est moins capitale que chez le bouc, qui en a besoin pour assurer matériellement la monte.

L’état sanitaire de la mamelle doit être parfait chez une laitière, c’est là une condition essentielle de rapport. Vous examinerez donc le pis avec une attention accrue. Vous vous assurerez d’abord que la mamelle est saine, sans aucune trace de maladie, sans gonflement pathologique ni callosités qui indiqueraient une ancienne mammite. Les deux trayons du pis doivent donner chacun leur lait, car ils correspondent aux deux quartiers qui fonctionnent séparément. Leur forme importe peu du point de vue strictement zootechnique ; il y a seulement des trayons petits et très courts qui sont plus difficiles à tirer que d’autres ... Remarquez au passage que des trayons trop longs, en forme de « tuyaux », ne sont pas généralement l’indice de bonnes laitières. La mamelle, organe particulier de tous les mammifères comme la chèvre, la vache, la brebis, etc., doit avoir une peau fine et molle, bien rétractile après la traite. Les Latins se trompent lourdement en recommandant le choix de chèvres à grosses mamelles, car cela n’a aucun rapport avec une forte production de lait. Un gros pis qui ne diminue pas après la traite ne vaut rien, car son volume doit évidemment varier avec la quantité de lait qu’il contient.

Les « portes du lait » sont les orifices par lesquels les veines mammaires pénètrent dans la cavité abdominale, un peu en arrière du sternum. En gros, et d’une façon théorique, plus elles seront larges et profondes et s’étendront sur les mamelles, plus la qualité productive de la chèvre augmentera. Le contrôle de l’acheteur ou du technicien s’effectue avant l’entrée des portes inférieures du lait. Il y en a généralement deux, symétriques par rapport à la ligne médiane : une à droite et une à gauche. On les appelle ordinairement les « veines à lait ». Et voici une expérience de valeur qui vous montrera l’importance de ce que je viens de vous dire : Des mesures du débit de l’artère mammaire ont pu être faites chez la chèvre ; elles montrent que ce débit est quatre fois plus grand chez des chèvres en pleine lactation que chez des chèvres « sèches » (Léon BINET, Les animaux au service de la science).

Enfin, l’épi ou écusson se trouve sur l’abdomen de la chèvre, de chaque côté du pis, et remonte jusqu’au périnée. À cet endroit, le pelage se trouve à « rebrousse-poil » et prend la forme circulaire. Son importance est un signe de valeur, mais d’excellentes laitières en sont totalement dépourvues. Il existe aussi des intersexualités chez les femelles de l’espèce caprine, mais elles gênent moins leur physiologie reproductive que celle des boucs, « bouches inutiles », dit-on souvent. Ils ont pourtant pour but de conserver l’espèce, ce qui n’empêche pas qu’en France leurs effectifs soient largement déficitaires. Cela pose aussi un grave problème pour l’amélioration du cheptel caprin dans notre pays.

Ch. KRAFFT DE BOERIO.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 639