L’urée est un déchet normal de la digestion des substances
azotées que nous ingérons et qui, normalement, est excrétée par le rein, en
petite quantité aussi par la sueur et par l’intestin, après avoir passé dans le
sang. Cette excrétion est relativement rapide si le rein fonctionne bien ;
sauf immédiatement après un repas carné, le sang n’en contient plus que 0gr,20
à 0gr,50 au maximum par litre. Lorsque le rein est altéré et qu’il
fonctionne moins bien, l’élimination est plus lente, la quantité d’urée augmente
dans le sang, pouvant atteindre 3 grammes et même plus, par litre ;
c’est ce qui constitue l’urémie.
L’urée, par elle-même, n’est pas extrêmement toxique, mais
sa rétention s’accompagne toujours d’autres substances, infiniment plus
nocives, et comme le dosage de l’urée n’offre pas de difficultés, on s’en sert
comme index des rétentions azotées.
Sans que ces chiffres aient une exactitude rigoureuse, on
admet qu’il y a lieu de s’inquiéter quand le taux de l’urée sanguine dépasse 0gr,50
à jeun et que le danger devient très grave lorsque ce chiffre avoisine 3 grammes.
Le malade est alors en imminence de coma.
Mais, auparavant, un certain nombre de signes permettent de
soupçonner l’origine des malaises dont il se plaint. Ils sont habituellement
d’ordre digestif ou nerveux.
On note de l’inappétence, se manifestant souvent au début
pour la viande, puis pour tous les aliments en général, des vomissements
alimentaires, muqueux ou bilieux, une diarrhée souvent tenace, tous symptômes
qui produisent l’amaigrissement du sujet. Les signes nerveux consistent en un
état de fatigue, avec torpeur intellectuelle, avec des périodes de somnolence,
parfois en crises d’agitation, en crampes musculaires, en soubresauts des
tendons. La tension artérielle est presque toujours fortement augmentée. On
observe aussi souvent des crises de prurit que rien n’explique.
Les complications les plus à craindre sont la péricardite et
la rétinite dite albuminurique ; la perte de connaissance complète, le
coma est l’aboutissant terminal si un traitement et surtout un régime sévère ne
vient pas obvier au danger.
Le traitement d’urgence, une fois le diagnostic posé,
consiste à faire éliminer le plus possible la substance intoxicante, par des
saignées, à défaut par des ventouses scarifiées répétées et par des laxatifs
plus ou moins énergiques. Une fois les accidents conjurés, on donnera des
diurétiques (lactose, théobromine, etc.) et surtout l’on instituera un régime,
plus ou moins sévère selon les cas.
Comme il s’agit d’éliminer l’urée en excès, il importe tout
d’abord de ne pas ingérer d’aliments qui viendraient en apporter à nouveau.
Dans les cas graves, on instituera la diète hydrique, en ne donnant au malade
que de l’eau pure ou lactosée à 4 p. 100 (2 cuillerées à soupe par
litre d’eau), puis on alimentera le malade avec des bouillons de légumes, des
légumes non azotés (pas de légumes en gousses), des fruits, du miel, des pommes
de terre, le tout avec un peu de beurre, mais sans lait ; le sel est
également proscrit, la rétention d’urée s’accompagnant presque toujours de
rétention de sel.
Le problème consiste, en somme, à introduire dans
l’organisme moins d’urée que les reins peuvent en éliminer.
Une fois l’amélioration constatée par des dosages répétés
d’urée, on pourra, prudemment, élargir un peu cette diète rigoureuse. On
ajoutera du lait en quantité modérée et, si tout va mieux, un peu de viande de
temps en temps. L’alcool sera toujours défendu et seuls les cas légers, lorsque
le rein n’est pas trop gravement atteint, permettront l’usage modéré du vin, du
vin blanc, plus rapidement diurétique, de préférence.
Dr A. GOTTSCHALK.
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