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Photographie

Les appareils de petit format

La technique moderne nous fait assister à la réduction progressive des dimensions des appareils construits, sans que pour cela leur fonctionnement en soit affecté, bien au contraire ; en matière de photographie, notamment, nous sommes loin, à l’heure actuelle, des premières chambres de 24x30, ou 18x24, lourdes et encombrantes, qui ne pouvaient guère être employées que sur pied et exigeaient le transport de nombreux châssis, également très lourds, matériel de professionnels ou d’amateurs très avertis.

La création d’appareils pliants et légers, à soufflets, dits foldings, et de pellicules recouvertes d’émulsions sensibles, remplaçant les plaques de verre, pouvant permettre de charger les appareils en plein jour, mettaient déjà la photographie à la portée de tous les amateurs ne possédant aucune notion technique. La fameuse formule : « poussez un bouton, nous ferons le reste », avait fait naître une nouvelle catégorie d’amateurs photographes, celle des « pousse-boutons », néophytes de bonne volonté, peut-être un peu méprisés, au début, de leurs confrères plus avisés, mais qui cependant devaient donner à la photographie l’essor qui devait en faire une industrie mondiale.

Aujourd’hui, les amateurs photographes se chiffrent par centaines de milliers, ou même par millions, et, s’il y a parmi eux de nombreux « pousse-boutons » qui n’exécutent pas eux-mêmes les traitements photographiques de développement et de tirage, il y a aussi une forte proportion dont les qualités artistiques ou techniques ne le cèdent en rien à ceux de leurs devanciers.

Aux appareils portatifs 9x12, 6x9, ou même 4x6 1/2 centimètres d’avant la guerre de 1914, est venue maintenant se substituer souvent une nouvelle classe d’appareils, encore plus réduits, et dits, pour cette raison, de petit format, ou de format réduit.

Dans ces appareils, on utilise, en général, non plus des pellicules spéciales, de largeur plus ou moins grande, et non perforées, mais du film perforé de 35 millimètres de large, avec deux rangées de perforations latérales, et semblable, tout au moins en apparence, à celui qui est adopté pour les prises de vues cinématographiques.

Les dimensions des images négatives sont généralement de 24x36 millimètres seulement ; sur certains modèles, elles ont même pu être réduites à 24x30 millimètres ou à 24x24 millimètres. On parle maintenant d’aller plus loin, et de réduire encore les dimensions des clichés et des appareils, en utilisant une bande de film de format réduit de 16 millimètres. On aurait ainsi des appareils photographiques dont les dimensions n’excéderaient pas celles d’une boîte d’allumettes ou d’un briquet ! Mais il s’agit encore, pour le moment, d’appareils destinés à des usages spéciaux, et ne présentant pas une valeur pratique suffisante pour le grand public.

Pourtant, les résultats obtenus avec ces appareils miniatures sont, en général, remarquables. Les négatifs obtenus ont une finesse telle que, pratiquement, il est possible d’obtenir un très grand rapport d’agrandissement, dans des conditions satisfaisantes.

À partir d’un simple cliché 24x36 millimètres, on obtient bien souvent de remarquables épreuves d’exposition 40x60 centimètres, et, a fortiori, de simples agrandissements 6x9 centimètres ou 9x12 centimètres.

Il est peut-être un peu plus difficile, ou plus coûteux, de faire exécuter, ou d’exécuter soi-même, des agrandissements à partir de petits clichés de ce genre que des tirages directs. Par contre, ce procédé présente des avantages indéniables. On peut choisir la partie de l’image que l’on veut agrandir, en déterminer la meilleure présentation, au point de vue technique et artistique et faire agrandir seulement les clichés « réussis ». Sur une bande normale de film d’une longueur de 1m,60 environ, il y a 36 clichés négatifs 24x36 millimètres ; le prix de revient de chaque cliché reste très inférieur à celui d’un cliché normal en 6x9, et l’agrandissement ultérieur peut être très facilement obtenu en ce format.

Comment ce résultat a-t-il pu être atteint ? Grâce, tout d’abord, aux perfectionnements des émulsions photographiques.

Les films destinés aux appareils petits formats sont utilisables pour la photographie en lumière naturelle ou en lumière artificielle, et, dans un avenir très prochain, de nouveau pour les vues en couleur. Mais tous ces films présentent la particularité essentielle d’avoir un grain très fin ; l’émulsion d’argent ne présente pas de granulations apparentes, qui s’opposeraient à l’exécution d’agrandissements satisfaisants.

Les avantages intrinsèques des appareils eux-mêmes sont multiples, aussi bien dans leur facilité de maniement que dans leur rendement. Grâce aux petites dimensions des photographies, il est possible d’utiliser des objectifs à grande ouverture, c’est-à-dire d’extrême luminosité, qui conservent cependant une grande profondeur de champ, c’est-à-dire permettent beaucoup plus facilement la mise au point assurant la netteté de l’image. Ces objectifs sont souvent interchangeables.

Cette opération de mise au point, qui exigeait des manœuvres compliquées dans les premiers appareils des âges héroïques de la photographie, avec les verres dépolis et les voiles noirs fameux, est, désormais, rendue simple, et presque automatique, par l’emploi des télémètres couplés avec les objectifs, ou des systèmes réflexes permettant d’apercevoir exactement l’image dans un viseur, telle qu’elle sera enregistrée par l’objectif.

Toutes les manipulations habituelles destinées à armer l’obturateur et à faire avancer le film ont été, à la fois, perfectionnées et simplifiées. Il suffit désormais généralement d’une manivelle ou d’un bouton pour faire avancer le film de la longueur correspondant à une vue, sans aucun risque de surimpression, et pour armer l’obturateur ; un compteur indique le nombre de vues enregistrées. Il existe même des dispositifs absolument automatiques à ressort.

Des dispositifs additionnels très pratiques permettent maintenant, en petit format, d’obtenir des photographies en relief, grâce à la stéréoscopie, d’effectuer la prise de vues de petits objets rapprochés par la macrophotographie, et même des photographies microscopiques ou microphotographies. La photographie à l’infra-rouge rend possible l’enregistrement d’objets invisibles normalement à nos yeux.

Un appareil de format réduit ne peut pourtant, par son principe même, donner de résultats suffisants que si sa construction offre une grande précision, et, de ce fait même, son prix de revient demeure toujours relativement élevé.

P. HÉMARDINQUER.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 650