Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°617 Décembre 1947  > Page 651 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Philatélie

Variétés coloniales anglaises

Dans notre dernière causerie, nous indiquions l’intérêt que présentent nombre d’oblitérations sur les timbres de Grande-Bretagne. Il en est exactement de même en ce qui concerne les colonies anglaises.

De très nombreux philatélistes britanniques, métropolitains ou coloniaux, se spécialisent dans une seule colonie, dont ils étudient les timbres et l’histoire postale dans toutes leurs ramifications, aussi bien les variétés techniques des timbres : papiers, dentelures, variétés de planches, etc., que tout ce qui se rapporte à l’usage postal. Or, dans ce dernier domaine, il est facile de comprendre que certaines oblitérations sur les vieilles émissions de bureaux de postes, alors sans aucune importance, ne courent pas précisément les classeurs des marchands. L’étude approfondie de quelques colonies peut ainsi permettre de découvrir de raretés insoupçonnées. Le Canada et ses provinces, Terre-Neuve, Jamaïque sont particulièrement riches en variétés de ce genre.

Un autre type d’oblitérations est encore plus intéressant. Ce sont les used abroad de certaines colonies anglaises, autrement dit les timbres de colonies utilisés dans d’autres colonies pour une raison quelconque. Ce qui correspond exactement aux used abroad de Grande-Bretagne dont nous parlions dernièrement. La colonie type de ce genre de cachets postaux est l’Inde anglaise, dont les variétés dans ce domaine sont si nombreuses qu’elles ont réussi à constituer à elles toutes seules des collections excessivement importantes, universellement connues. Ces oblitérations se rencontrent surtout sur les timbres de l’époque victorienne, non seulement les premières émissions lithographiées, et fameuses par ailleurs pour leurs nombreuses variétés d’impressions, mais encore sur toutes les émissions suivante de de La Rue, qui ne sont guère recherchées que pour cette raison d’oblitérations et d’usage postal.

Contrairement à ce qui se passe pour les britanniques used abroad, il n’existe aucun point de repère permettant de situer facilement les indiens de même nature. C’est probablement pourquoi l’on trouve tellement d’« occasions » dans les classeurs des marchands, et cela même en Angleterre. Mais heureusement les études spécialisées ne manquent pas. Parmi les plus recherchées de ces oblitérations, citons : a. Les bureaux anglais des enclaves françaises ou portugaises : B 86 : Chandernagor ; C 147 : Karikal ; C 111 : Pondichéry, etc. ; b. Les bureaux militaires du secteur indien, dont la caractéristique est un cachet « Field Forces » ou similaire, combiné ou non avec une lettre ou un chiffre ; on en a abrégé : F. P. O. no ..., suivi d’un chiffre, ou C. E. F., ou encore B. R. A. ; c. Les timbres indiens utilisés à Aden : 124 (à noter que cette même oblitération d’Aden se rencontre aussi sur les premiers timbres de Maurice, qui présentent alors une plus-value considérable) ; d. Les bureaux britanniques du golfe Persique et du Moyen-Orient : 356 et 18 : Bagdad ; 22 et K. I. 5 : Bandar-Abbas ; 308 et K5 : Bushire ; 357 et 19 : Busra ; M. 5. 4 : Yanam, etc. ; e. Les bureaux du Tibet, aux oblitérations de villes ; f. Toute la série des Détroits : B 109 : Malacca ; B 147 : Penang ; etc., et surtout les très rares cachets rectangulaires avec noms de villes ou lettre et chiffre ; g. Timbres indiens usés en Malaisie, Sarawack, Bornéo, etc. ; h. Ceux utilisés en Afrique, en Abyssinie (villes ou 124 ou cachets militaires), en Somaliland (Berbera ou B dans un cercle de barres), dans le Sud-Afrique, ou Soudan, etc. Par ce cours exposé, l’on peut voir l’intérêt que présentent des centaines d’oblitérations possibles sur des timbres, par ailleurs de très peu de valeur. Il va sans dire que ces oblitérations sont encore plus prisées lorsque sur lettres entières d’origine, la prime pouvant alors être excessivement importante.

Presque toutes les vieilles émissions des colonies anglaises présentent d’ailleurs des variétés de ce genre, qui toutes sont payées en conséquence par les spécialistes qui en connaissent la rareté. Un vieux Jamaïque, Victoria ou Édouard ne présente que peu d’intérêt ; tout change s’il est usé au dehors, et oblitéré « Grand Cayman » par exemple. Les vieux classiques que sont les « vues de Sydney » sont toujours recherchées par les connaisseurs. Mais combien savent que ces timbres font encore une substantielle surprime lorsqu’ils sont oblitérés du papillon, indice d’utilisations dans le Victoria, ou du losange de points des bureaux de la Nouvelle-Calédonie ? Et combien d’autres exemples de ce genre ? Et combien de raretés insignes, qui dorment dans les albums — et dans les classeurs des marchands — ignorées de leurs propriétaires ?

M. L. WATERMARK.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 651