Les joueurs de tennis qui pratiquent le hockey pendant
l’hiver sont de plus en plus nombreux, ces deux sports se complétant
parfaitement.
Ceci soulève la question des affinités et des
incompatibilités en matière de sports.
Pourquoi le tennisman est-il plus apte à jouer au hockey
qu’au football ?
Ayant été pour ma part international militaire de football
et coureur à pied de bonne classe, j’ai été très « vexé » lorsque,
l’âge venu de passer dans la catégorie des vétérans, je me suis mis au tennis. En
effet, bien que connaissant à fond la technique et la tactique de ce sport, et
ayant eu de bons professeurs, je ne suis jamais parvenu qu’à des performances
médiocres, alors que dans les autres sports j’avais atteint un niveau assez
élevé. Aussi ai-je longuement observé et réfléchi pour en trouver la cause.
La voici. Pourquoi est-il exceptionnel de trouver un bon
joueur de tennis parmi les footballers, de rares exceptions confirmant comme
partout la règle ? Parce que, en football, l’art consiste à marquer
étroitement l’adversaire, à dribbler et à shooter « dans sa foulée »,
à contrôler la balle de très près. Lorsque, pendant quinze ans, on a pris comme
réflexe et comme loi de jouer toujours « sur la balle », de jouer
« collé » à celle-ci, le plus près possible, il est très difficile,
lorsqu’on prend la raquette, de s’adapter à la technique contraire, qui
consiste, au tennis, à jouer loin de la balle, aussi détendu et aussi
« ample » que possible. Aussi voit-on les Soccers jouer au tennis
trop près de la balle, « à la cuiller », ce qui les oblige à se mal
placer, et ce qui donne à leur balle moins de vitesse et de précision. Si bien
que, si un tel joueur arrive par accident au tennisman « moyen »,
parce que, en athlète qu’il est, il le domine par ses qualités de vitesse et de
résistance, il se trouve débordé dès qu’il a devant lui un joueur assez haut
classé.
Au hockey, au contraire, le geste est très comparable à
celui du tennis. La crosse, comme la raquette, doit attaquer la balle de loin
pour lui donner toute sa vitesse, il n’y a pas de charge ni de marquage
systématique, l’entraînement et la préparation présentent de nombreuses
analogies. Les joueurs de tennis sont souvent de bons joueurs de hockey, à
commencer par Cochet et autres vedettes, j’en prends comme exemple un club que
je connais bien : le C. A. Montrouge, où les équipes de hockey,
masculines et féminines, sont presque exclusivement composées par les joueurs
de tennis, dont la plupart sont des raquettes « classées », qui
s’entretiennent ainsi en excellente forme entre deux saisons, et qui obtiennent
dans les deux sports d’excellents résultats.
Il existe ainsi, dans le sport, certaines incompatibilités
qui, sans être absolues, doivent être prises en considération. C’est ainsi que
l’athlète (coureur à pied, sauteur) est rarement un bon nageur, parce que la
natation exige, tant pour la densité dans l’eau que pour la lutte contre le
refroidissement, un certain degré d’embonpoint (c’est pourquoi la femme
approche, en natation, des performances masculines de plus près qu’en tout
autre sport), alors que l’athlète du stade est tout en muscles, sans un
décigramme superflu de graisse.
Puisqu’il y a une « orientation professionnelle »,
il faudrait aussi développer davantage une « orientation et sélection
sportive », tenant compte de données du genre de celle que nous venons
d’indiquer comme exemple, qui éviterait aux aspirants sportifs des déboires et
qui, au contraire, leur ouvrirait parfois la route de la joie de vivre et du
succès, en les orientant vers le sport le mieux approprié à leurs aptitudes.
Robert JEUDON.
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