Le choix judicieux d’une race de poules présente pour
l’aviculteur, qu’il soit modeste amateur, fermier ou aviculteur professionnel,
un intérêt primordial ; et l’étude ou la réflexion insuffisantes en ce
sens ont souvent été la cause de nombreuses déceptions.
Il serait, en effet, illusoire d’espérer obtenir des
résultats intéressants et un bénéfice substantiel sans débuter dans la création
ou la rénovation d’une basse-cour de rapport par l’adoption mûrement réfléchie
d’une race bien fixée et déterminée. Et il faut, comme première condition, que
cette race réponde parfaitement, par ses aptitudes et ses qualités, au but que
s’est fixé l’éleveur.
Il importe également que l’aviculteur arrête son choix sur
une espèce parfaitement adaptée au milieu (climat, terrain, altitude) et ayant
fait ses preuves dans des conditions de vie identiques.
Enfin il est indispensable de tenir compte de certaines
considérations locales et régionales : dans tel pays, les œufs de couleur
foncée (type Marandaise) seront plus appréciés que les œufs blancs (type
Leghorn). À quelques kilomètres de là ce sera l’inverse. La couleur des pattes
et de la peau aura également, en certains lieux et à juste titre, une grande
influence sur la valeur marchande de l’animal, surtout pour la vente du poulet
de consommation.
Je sais bien qu’actuellement tout œuf ou poulet sera
également recherché par les consommateurs qui n’ont pas, comme aux époques
normales, l’embarras du choix, mais il faut regarder plus loin que l’heure
présente et travailler pour être équipé rationnellement lorsque la
normalisation reviendra et que les bases traditionnelles du commerce et des
échanges auront repris leurs valeurs.
Outre les considérations précédentes, le choix de la race
doit porter sur les conditions de production : élevage familial, fermier,
industriel ; captivité plus ou moins étroite ; sur la précocité,
qualité importante, surtout s’il s’agit de produire du poulet de consommation,
où chaque jour gagné dans l’obtention du poids recherché augmente le bénéfice
du producteur ; enfin sur le rendement en œufs et en chair et sur la
grosseur des œufs. Lorsqu’on sait que celui-ci peut varier entre 40 et 80 grammes,
on ne peut qu’être étonné de n’avoir pas encore adopté en France, réellement,
le système des prix basés sur le poids et non seulement sur le nombre. Il
existe bien une réglementation à ce sujet, mais elle est, pour l’instant,
pratiquement inappliquée. Il est cependant certain qu’à l’avenir cette
considération jouera un rôle important dans l’établissement du prix de vente,
ainsi qu’il en est au Danemark, en Hollande et dans les pays Scandinaves.
L’aviculteur élevant une volaille produisant de gros œufs verra alors ses
produits recherchés sur les marchés.
Le nombre des races et des variétés de poules est très élevé
et augmente encore tous les jours ; mais, au point de vue pratique, en
éliminant les races de fantaisie, on classe les races de rapport en trois
grands groupes, suivant leurs aptitudes :
1° Les races grandes pondeuses, parmi lesquelles les
races américaines Leghorn, Wyandotte et Rhode-Island ont tenu le premier plan
depuis plus de vingt ans, grâce à une sélection très poussée à l’origine, mais
qui sont maintenant égalées et parfois dépassées par certaines souches de nos
volailles françaises Gâtinaise et Bresse, qualité de chair en plus.
2° Les races à aptitudes mixtes, joignant à une
production d’œufs appréciable une excellente chair : soit les Gâtinaise et
Bresse précitées, auxquelles il faut ajouter les Bourbonnaise et Sussex, ainsi
que de nombreuses variétés régionales de valeur.
3° Les races productives de chair, dont la Faverolles
est la plus précoce. On y classe également l’Orpington, le Coucou de Malines,
la Bleu de Hollande, les Barbezieux, La Flèche, Coucou de Rennes, du Mans, etc.
Nous étudierons, au cours de causeries ultérieures, les
races particulièrement recommandables dans ces divers groupes.
R. GARETTA.
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