La question du chauffage électrique est toujours à l’ordre
du jour. Le malheureux usager qui ne dispose d’aucun autre procédé de chauffage
ne peut demeurer nuit et jour dans une chambre glacée 1 Malgré les limitations
et les interdictions de consommation, un fait demeure donc évident :
l’emploi des procédés électriques se répand de plus en plus dans la masse du
public. Si l’on avait voulu, d’ailleurs, sérieusement limiter cet emploi, il
aurait d’abord fallu interdire la fabrication et la vente des radiateurs à
effet direct.
Nous avons déjà montré, dans un article précédent, pourquoi
l’emploi d’un appareil de chauffage électrique amenait forcément une perte
d’énergie. Quel que soit le modèle d’appareil, son fonctionnement consiste
toujours dans une transformation de l’énergie électrique en chaleur, avec, bien
entendu, des pertes plus ou moins importantes. Même si l’appareil était parfait
et ne déterminait aucune perte, si toute l’énergie électrique était transformée
en chaleur, une quantité d’électricité correspondant à une consommation de 1 kilowatt-heure
ne nous permettrait d’obtenir qu’une quantité de chaleur équivalente de 864 calories.
Or, pour obtenir ce kilowatt-heure dans une centrale électrique thermique, il
faut dépenser 4.000 à 5.000 calories, dégagées, par exemple, par la
combustion du charbon. Si nous tenons compte des différentes pertes, on
constate donc que, pour obtenir cette quantité d’électricité de 1 kilowatt-heure,
il faut brûler 1 kilogramme de charbon, dont la combustion directe nous
aurait fourni environ 4.000 calories, alors que nous n’en avons obtenu que
864 avec notre appareil de chauffage électrique.
Le rendement est donc mauvais, et c’est la raison pour
laquelle les sociétés d’électricité nous demandent actuellement de réduire le
chauffage électrique direct. Notre crime ne sera pas grand si nous faisons
fonctionner pendant quelques minutes un petit radiateur électrique dans notre
cabinet de toilette, mais, si nous pouvons choisir entre un chauffage continu
réalisé à l’aide d’un bon poêle à charbon, ou même à bois, et un gros radiateur
à chauffage direct à résistance visible, nous commettrons réellement une grosse
erreur en choisissant le radiateur électrique.
Mais, direz-vous, il y a beaucoup d’usagers qui n’ont pas
assez de charbon, pour se chauffer ; il y en a beaucoup d’autres qui
habitent des appartements dits modernes, pourvus de tous les perfectionnements
de l’urbanisme, mais dont l’architecte avait supprimé les cheminées, sans
prévoir notre période de retour vers un « moyen âge économique ».
À tous ceux-là, on peut, tout au moins, demander de
gaspiller le moins possible cette précieuse énergie électrique. Si le
gaspillage est inévitable, il peut être encore augmenté dans d’énormes
proportions par le choix irrationnel d’un appareil, et son utilisation dans des
conditions défectueuses. De nombreux lecteurs nous ont écrit à ce sujet ;
il n’est donc pas inutile de revenir sur la question.
Soyons d’abord persuadés que l’appareil de chauffage le plus
déplorable pour un usage continu comporte un foyer de surface réduite et
à haute température. Il en est ainsi pour tous les modèles de radiateurs à
résistances visibles : radiateurs paraboliques, par exemple, dans lesquels
une résistance est portée à haute température par le passage du courant. La
chaleur est immédiatement dégagée, sans doute, mais la production calorifique
cesse dès la rupture du circuit.
La puissance de ces appareils est généralement comprise
entre 300 et 1.200 watts, et, sur le même principe, on réalise des cheminées
à plusieurs éléments chauffants, dont la puissance peut atteindre 3 à 4 kilowatts ;
au lieu d’être simplement placés à l’air libre, les tubes portant les
résistances peuvent être disposés dans un boîtier métallique de protection
perforé, laissant passage à l’air qui vient se chauffer au contact des
résistances.
Ces appareils à chauffage direct ont un rendement
déplorable, parce que leur surface est faible et leur température très élevée
par rapport à l’air ambiant.
En règle absolue, pour le chauffage continu pendant une
assez longue durée, il est absolument indispensable d’adopter, toutes les fois
que cela est possible, des modèles à accumulation. Comme ces appareils
accumulent, en quelque sorte, l’énergie électrique dépensée pendant les heures
creuses d’arrêt des usines et des principaux usagers, leur emploi est beaucoup
moins nuisible pour la communauté. En même temps, la fourniture de l’énergie
électrique pendant ces heures creuses est beaucoup moins coûteuse pour
l’usager.
L’adoption des appareils à accumulation n’est
malheureusement pas toujours possible. Si l’on en est réduit aux appareils à
chauffage direct, que doit-on faire ? Il faut d’abord les utiliser
uniquement pendant la durée indispensable, et les éteindre immédiatement après.
Pour des usages intermittents, l’adjonction d’un ventilateur disposé derrière
la résistance et envoyant vers le bas de la pièce, un courant forcé d’air chaud
constitue un perfectionnement certain, bien que limité.
La quantité de chaleur produite par le passage du courant à
travers la résistance n’est évidemment pas augmentée, mais la rapidité de
l’effet obtenu est très supérieure, ce qui permet de réduire la durée de
fonctionnement.
Si nous sommes obligés d’envisager des durées de service
plus longues, adoptons ces éléments de chauffage à large surface et à
température relativement basse, ne dépassant pas 400°, dont la résistance
chauffante est à l’abri de l’air, ce qui assure une durée de service très
longue et un rendement bien meilleur.
Ces modèles à résistances obscures, à basse température,
souvent enrobées dans une masse réfractaire, peuvent être réalisés de façons
très différentes.
On les établit, par exemple, sous forme de tubes
cylindriques ou de section rectangulaire, à surface lisse ou munis d’ailettes,
suivant la puissance disponible ou le volume de la pièce ; on peut placer
un certain nombre de ces éléments en parallèle, ce qui augmente la chaleur
dégagée.
Signalons, dans cet ordre d’idées, l’emploi d’éléments
chauffants ayant la forme de radiateurs à eau chaude ou à vapeur, et comportant
à la base une résistance chauffante enrobée dans une masse réfractaire,
permettant le chauffage de l’eau ou la production de la vapeur, qui circule
dans les éléments de fonte de la manière habituelle, en produisant un chauffage
doux et continu.
P. HÉMARDINQUER.
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