Dans une précédente chronique, nous avons vu comment se
formaient les nuages et pourquoi ils restaient en suspension. Aujourd’hui, nous
allons parler de leur classification en familles et en genres.
La famille est déterminée par l’altitude où se tiennent les
nuages. Le genre pourrait plus simplement s’appeler « forme ». Du
point de vue des familles, il y a :
Les nuages supérieurs, dont la base est à, au moins,
6.000 mètres du sol.
Les nuages moyens, dont le royaume s’arrête à 6.000 mètres
pour descendre jusqu’aux environs de 2.000.
Les nuages inférieurs, qui s’étagent entre quelques
dizaines de mètres du sol et 2.000 mètres.
Les nuages à développement vertical. La base de
ceux-ci est à quelques centaines de mètres du sol, et leur sommet est souvent
voisin des nuages supérieurs.
Disons en passant que les altitudes données ci-dessus ne
sont pas comptées depuis le niveau de la mer, mais bien du sol au-dessus duquel
on observe le nuage.
Du point de vue de la forme (et je copie, ici, un texte
officiel), il y a trois formes de nuages :
a. Isolés, en monceaux, à développement vertical
quand ils se forment, s’étalant quand ils se désagrègent.
b. Étalés, mais subdivisés en filaments, en lamelles ou
en galets (moutons), souvent stables ou en voie de désagrégation.
c. Étalés, en voile plus ou moins complet, souvent en
voie de formation ou de croissance.
(Atlas international de 1932.)
On peut encore considérer les nuages d’après leur mode de
formation ... On a alors les nuages de turbulence, les nuages de convection
et les nuages d’expansion ... Mais là, on frôle le dilettantisme.
Sans que rien le laisse prévoir, au milieu d’un ciel pur, se
montrent soudain des filaments blancs qui se groupent, se mêlent,
s’entortillent, se séparent ... parfois ils prennent la forme de navettes
ou d’os de seiches.
Presque toujours très blancs et isolés, ce sont les Cirrus,
les nuages les plus élevés de la famille des nuages supérieurs.
Leurs cousins, les Cirrocumulus, n’ont plus cet
aspect désordonné, échevelé, bohème ... ils sont bien sagement arrangés en
groupes ou en files de petits paquets blancs et sans ombre. On dit que le ciel
est moutonné, bien que jamais des moutons n’aient été aussi blancs ni aussi
bien alignés ! D’autres fois, ils se présentent sous l’aspect de ces
petites rides que les vaguelettes impriment sur les plages ou sur les berges
sableuses des rivières.
Le troisième membre de la famille est le Cirrostratus.
Il offre cette particularité d’être quasiment « invisible ». C’est un
voile blanchâtre, très fin. On sait qu’il existe parce que le ciel cesse d’être
bleu et qu’il prend une teinte laiteuse, sinon en entier, du moins sur une
grande étendue.
À travers ce voile, on continue à voir le soleil et la lune.
On en distingue les contours avec encore beaucoup de
netteté, mais autour de ces astres se forment des halos. Ce sont des cercles
lumineux, dus à la réfraction de la lumière dans les cristaux de glace.
Ils sont grands et leur ouverture, qui peut être de 40°, n’est jamais inférieure
à 20°.
Les cercles plus petits qu’on voit parfois (environ 5°) sont
des couronnes dues à la réfraction de la lumière dans les gouttes d’eau
qui composent certains nuages.
Parfois les Cirrostratus ne sont pas un voile
continu, ils montrent des déchirures, ou plutôt, comme s’il s’agissait d’un tissu
usé, ils laissent voir la trame ... des filaments de Cirrus ... qui
montrent bien leur étroite parenté.
Avant de quitter les nuages supérieurs, remarquons que les Cirrus
et les Cirrostratus sont composés de cristaux de glace, tandis que les Cirrocumulus
sont formés de gouttes d’eau ou de neige.
Cette famille — les nuages supérieurs — se trouve
souvent sur le front (c’est-à-dire à l’avant) d’un système nuageux
dépressionnaire. On peut donc conclure, en les voyant, que du mauvais temps va
sévir dans les vingt-quatre heures. Du reste, on appelle fréquemment les Cirrus
les Émissaires.
Cependant, il arrive presque aussi souvent que ces Cirrus ne
sont pas des nuages de front, mais des nuages de marge. Donc on
échappera au mauvais temps. Puisque cette « marge » est un
« côté » du système nuageux, on peut dire que le mauvais temps
existe, mais qu’il sévit à une distance plus ou moins grande de l’endroit où on
observe les Cirrus.
La prochaine fois, nous étudierons les trois autres familles
et, plus tard, les nuages groupés en systèmes nuageux.
D’ores et déjà, notons que, si une hirondelle ne fait pas le
printemps, un nuage ou une catégorie de nuages ne fait pas forcément le beau ou
le mauvais temps.
L’exemple que je viens de donner à propos des Cirrus en est
une preuve.
Un campeur imprudent peut causer l’incendie d’une
forêt ... mais ce malheur ne peut avoir lieu que si les trois éléments
sont réunis : le campeur, le foyer et la forêt ... Le foyer sans
forêt n’est pas dangereux et le campeur sans feu ne l’est pas davantage.
Ainsi en est-il des nuages. Ils n’ont pas grande valeur
d’avertissement, considérés isolément, en valeur absolue.
Leur présence n’acquiert une signification qu’en fonction de
ceux qui les précèdent, les encadrent et les suivent.
PYX.
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