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Élevage des perdreaux

au moyen de poules de ferme

La multiplication des perdrix grises peut se faire, rappelons-le, par plusieurs méthodes différentes :

    1° Reproduction naturelle des couples en plaine ;
    2° Reproduction par couples en parquets ;
    3° Élevage des perdreaux au moyen de poules de ferme ;
    4° Adoption des perdreaux par des coqs perdrix ou des couples.

Nous nous proposons, dans la série d’études qui vont suivre, de traiter de l’élevage des perdreaux au moyen des poules de ferme. Voyons d’abord les travaux préliminaires.

Choix du terrain d’élevage.

— Il y a lieu de rechercher comme terrain d’élevage un endroit bien ensoleillé et sur lequel, en principe, il n’y aura aucun arbre. L’ombre nécessaire sera donnée par des claies dont nous expliquerons la construction. Ce terrain sera sain, n’ayant pas servi à un élevage antérieur, à moins qu’il ait subi une sérieuse désinfection. (Sur 100 mètres carrés de terrain, répandre 5 kilogrammes de sulfate de fer en neige, puis, après une bonne pluie, y mettre 5 kilogrammes de sel dénaturé ; attendre encore une pluie, puis faire un léger labour.)

Si cet élevage peut être installé près du garde, la surveillance en sera plus facile.

Enclos d’élevage.

— Il est très utile d’avoir un hangar sous lequel on construira un couvoir rustique qui servira à abriter les tout jeunes perdreaux en élevage en cas de pluie. Ce hangar sera ouvert à bonne exposition, midi ou est. Une bonne dimension pour élever jusqu’à 500 jeunes est de 15 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur. Le fond sera constitué par un mur ou une cloison en planches bien jointées. On le couvrira de zinc, de tuiles ou de fibro-ciment. L’eau du toit sera recueillie par une gouttière et ira se perdre dans un puisard.

Il sera en terrain surélevé, afin qu’il ne puisse être inondé, et son sol sera tenu sablé constamment.

Couvoir.

— Il pourra être installé dans le fond du hangar, le long de la paroi. On utilisera, pour y loger les poules, des paniers en osier ou en fil de fer, munis d’un couvercle. On formera une sorte de talus dans lequel les paniers seront enterrés sur la moitié de leur hauteur ; ces paniers seront, en outre, garnis de telle sorte que les poules soient dans une demi-obscurité. On leur évitera, autant que possible, les courants d’air.

Ce couvoir, si l’on n’a pas de hangar, peut être fait n’importe où, mais alors il faut le recouvrir d’une carcasse en rondins garnie de grillage, puis de terre, afin que les poules soient à l’abri des intempéries.

Poules couveuses.

— Les poules de petite race sont les meilleures ; un seul inconvénient : il en faut davantage que de grosses poules ; mais celles-ci, par contre, écrasent souvent leurs jeunes. Parmi les races à choisir, la poule Phénix du Japon semble avoir le plus de qualités et elle peut recevoir une vingtaine d’œufs à couver. Dans tous les cas, il faut éviter les poules à plumage trop clair.

Œufs en attente d’incubation.

— Les œufs qu’on mettra à couver contiennent un germe vivant ; et il importe de les manipuler avec précautions si l’on veut obtenir un nombre élevé d’éclosions. Il faut donc les transporter avec soin et les mettre au repos pendant quarante-huit heures avant de les placer sous les poules. Il n’y a qu’une exception à cette règle, c’est quand ils sont récoltés dans les nids lors de la fauchaison des prairies artificielles ou des luzernes. Dans ce cas, l’incubation étant généralement commencée, on les met tout de suite sous les poules.

La meilleure façon de conserver les œufs est de les mettre sur un lit de grains, couchés sur leur longueur ; dès le premier jour, on fera une marque sur le dessus. Voici pourquoi : les œufs doivent être retournés chaque jour. Le deuxième jour, la marque sera donc en dessous ; le troisième jour, elle sera dessus, et ainsi de suite.

Si l’on est dérangé pendant qu’on opère ce renversement, on sait immédiatement où l’on en était resté, et il ne peut ainsi y avoir d’erreur dans cette opération.

Origine des œufs.

— On obtient les œufs à couver de différentes façons :

    1° En les faisant produire par des perdrix de volière ;
    2° En les achetant au dehors (du pays ou d’importation) ;
    3° On les obtenant des cultivateurs qui les récoltent en fauchant, plus spécialement les prairies artificielles, que l’on coupe ordinairement alors que les œufs ne sont pas encore éclos.

Pour ces derniers œufs, il est bon de faire savoir aux fermiers des environs qu’on en est preneur et leur dire en même temps dans quelles conditions on les achète. Indiquer également que chaque couvée découverte doit être bien séparée des autres. Exiger que, pour chaque couvée, un œuf au moins soit cassé. S’il est bon, on acquiert la couvée. S’il est mauvais, un second doit être ouvert et, suivant que ce dernier est bon ou mauvais, on prend ou l’on refuse les œufs.

Poules couveuses en attente d’œufs de perdrix.

— Les poules couveuses que l’on s’est procurées sont mises sur des œufs ordinaires, en attente de leur donner des œufs de perdrix. On veillera à ce qu’elles, n’aient pas de vermine, et il sera bon, par précaution, de les saupoudrer avec de la poudre de pyrèthre très fraîche.

Le fond du nid sera ordinairement fait avec du foin, mais, si l’on dispose de mousse fraîche, il est préférable de l’employer, car les insectes ne s’y développent pas.

René DANNIN.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 57