Les notes qui suivent sont le résultat d’observations
faites par l’auteur dans son élevage de bouviers des Flandres. Nous croyons
cependant que tous les cynophiles mettront à profit les enseignements
recueillis.
N. D. L. R.
Pour bien suivre les chiots, il est indispensable tout
d’abord d’établir des fiches complètes, même imprimées de préférence, où toutes
les indications utiles sont amorcées. Le croquis annexé à cet article donne
l’aspect d’une telle fiche. Chaque amateur peut évidemment l’établir sous la
forme qu’il jugera la plus pratique. Celle-ci est uniquement donnée à titre
indicatif, mais, en fait, elle représente bien des années de tâtonnements et
d’expérience.
À la naissance, un chiot bouvier pèse environ 200 à 300 grammes.
Il triple son poids environ en trois jours. Ce poids est double en général à la
fin de la semaine suivante, donc à dix jours de la naissance. Il faut encore
une dizaine de jours pour doubler ce dernier poids. On arrive ainsi à la
progression 200, 600, 1.200, 2.400 grammes.
Il est intéressant par ailleurs de calculer l’augmentation
de poids en grammes par jour et d’en déduire la proportion en pourcentage du
poids. Par exemple ; un chiot passant de 200 à 400 grammes environ le
lendemain représente du 200 grammes par jour et du 100 p. 100 de
croissance. Au bout de la première semaine, les 600 grammes étant devenus
1.200, la croissance journalière est donc de 75 grammes par jour, et le
pourcentage de croissance journalière, sur le dernier poids peut donc s’établir
aux environs de 6 p. 100 du poids actuel. Au bout de la troisième semaine,
c’est-à-dire lorsque le chiot arrive à ses 2.500 grammes, la progression
étant alors d’environ 110 grammes par pur, l’augmentation de poids en
pourcentage tombe déjà aux environs de 5 p. 100. Il y a donc, du point de
vue santé du chiot, intérêt à bien surveiller la progression en poids et la
diminution normale du pourcentage au fur et à mesure que l’âge avance.
C’est ainsi qu’un jeune chiot de trois mois pesant une
douzaine de kilos avec une croissance très normale de 110 grammes par jour
ne représente plus qu’une croissance d’environ 1 p. 100. Par contre, un
chiot de six semaines ne faisant qu’un kilo par mauvaise alimentation peut
arriver à gagner jusqu’à 15 p. 100 de son poids s’il est remis à une
alimentation sérieuse et scientifique.
On peut en effet, par une alimentation scientifiquement
étudiée, d’une part, et l’emploi de vitamines A, B1, B2,
PP, C et D améliorer notablement les chiffres ci-dessus, qui se rapportent à
une alimentation normale, mais non spécialement vitaminée. Des chiffres de
croissance de 200 grammes par jour ne sont pas alors impossibles. On peut
même, dans certains cas un peu exceptionnels, il est vrai, arriver aux 300 grammes
par jour, mais il est difficile de réunir toutes les conditions voulues pour
obtenir un tel résultat. On arrive alors, même au stade de trois mois, à une
croissance journalière de l’ordre de 2 p. 100 du poids ; c’est, en
fait, le double de la croissance normale de 1 p. 100, ce qui est
considérable.
Cette question de croissance, outre qu’il est intéressant
d’avoir de belles bêtes fortes, offre aussi l’énorme avantage d’avoir des
chiots bien plus résistants à la maladie que ceux de croissance normale, et
cela permet, par ailleurs, d’avoir en croissance à peu près normale ceux qui,
faute de ces vitamines, seraient simplement des rachitiques.
Un chien complètement formé ou presque dans les dix mois de
sa naissance est, à tous points de vue, supérieur, aussi bien comme squelette,
à ceux de croissance plus lente. L’organisme, dans les premiers mois de
l’existence, a des possibilités qui ont des répercussions inattendues ou
insoupçonnées, par exemple dans la qualité du poil. Ce dernier, en général, est
brillant, gras et onctueux chez les chiots en bonne santé, d’où diminution
certaine des risques de gale, maladie appelée souvent « du pauvre »,
mais avec assez de raison, du fait de la moindre résistance des tissus du chien
mal alimenté à l’installation du parasite.
Il ne faut pas toutefois s’hypnotiser de manière excessive
sur la question de croissance en poids, par rapport à une vitamine
déterminée : c’est ainsi que la suppression de la vitamine A ou B,
par exemple, ne réduit que de fort peu la croissance journalière en poids, ce
qui est tout différent de la D. Mais, par ailleurs, les questions
d’assimilation minérale, par exemple, donc de formation du squelette et même
des tissus, se rattachent précisément à ces vitamines. Il y a donc lieu de
considérer l’ensemble du résultat désiré à tous les points de vue, robustesse,
volume, puissance, nervosité, etc. L’emploi de la calciline (adrénalinée si
possible) est également indispensable pour le squelette. Ne pas négliger non
plus l’indispensable huile de foie de morue.
L’allaitement artificiel, lait de chèvre de préférence au
lait de vache, réduit bien entendu quelque peu les chiffres ci-dessus. Et
l’allaitement par une nourrice, même de race semblable, ne permet pas toujours
d’obtenir une croissance identique ; le lien maternel subsiste ainsi même
après la naissance. Sur un poids moyen de 6 jeunes de 2.300 grammes
élevés par leur propre mère, il a été obtenu, avec une nourrice, un poids moyen
de 1.600 grammes seulement, soit 700 grammes de moins, et pourtant
les jeunes donnés à la nourrice auxiliaire étaient les plus forts.
Il est bien évident que la nourriture de la mère doit être
aussi forte que possible. La nature fait en réalité bien les choses, car les
chiens les plus difficiles acceptent en général n’importe quoi pendant la
période de l’allaitement. Il y a des grâces d’état évidemment. Ce n’est pas une
raison pour donner de la viande avariée ou des produits de mauvaise qualité,
car tout passe dans le lait, et les chiots se ressentiraient de cette pratique
désastreuse.
Pour la pesée exacte des chiots et des jeunes chiens, il
faut la faire toujours le matin, lorsqu’ils sont à jeun ; la différence de
poids en fin de journée, à cause des repas, est très sensible ; le même
chien pesé le soir donnera, par exemple, un poids de 10kg,500 et, le
lendemain matin, ne donnera plus que 10 kilos. Cette chute apparente
provient seulement de la question repas. Le chien pesé la veille au matin dans
les conditions normales devait faire environ 9kg,700 par exemple,
soit une augmentation réelle, une assimilation définitive de 300 grammes,
et non une perte.
La croissance après vermifugation est également intéressante
à enregistrer : un chiot de 6 kilos qui ne progresse que de 50 grammes
par jour et souvent de manière irrégulière, faisant des journées de 100 grammes,
puis d’autres de 20 grammes ou même en perte de poids, retrouve au bout de
trois jours environ après vermifugation au didakène (produit le plus efficace
contre les ascaris ou gros vers blancs ronds du jeune âge, et le moins
dangereux comme vermifuge) la cadence normale de croissance de 100 à 200 grammes
par jour, et, en général, avec disparition de la légère diarrhée, conséquence
de la présence des vers dans l’intestin et même dans l’estomac du chiot. Il
arrive souvent que les chiots vomissent des vers roulés en spirale, lorsque
ceux-ci remontent dans l’estomac.
Le moindre accroc chez les chiots est cause de l’arrêt
complet de la croissance. À titre d’exemple, on peut citer un jeune chiot de
quinze jours dont la croissance était de 70 grammes par jour qui eut un
abcès sous le cou, causé probablement par une écharde de bois provenant de la
caisse d’élevage dont il voulait sortir en grimpant. La croissance pendant la
période de soins et de vidage de la poche de pus, qui donnait chaque jour
environ une bonne cuillerée à soupe de matière, fut réduite à 30 grammes
par jour environ ; il fallut environ quinze jours pour retrouver la
cadence de 80 à 100 grammes normale.
L’élevage à la campagne en certains cas donne une croissance
plus rapide qu’à la ville ou en banlieue, mais cela n’est pas une cause de
meilleure réussite si les vitamines ne sont pas employées constamment. Avec
emploi des vitamines, l’élevage en ville dépasse nettement celui à la campagne.
R. TOUSSAINT.
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