À l’ère atomique actuelle, à ses débuts, correspond celle
qui la devance, dans ses multiples applications, des infiniment petits,
considérables par leur action. Ce sont des substances auxquelles on donne le
qualificatif d’oligoéléments et d’oligodynamiques. Des éléments d’origine
animale, végétale, minérale, dont l’action est génératrice, en effet, en
proportions infinitésimales, alors qu’elle devient destructrice à dose élevée.
Ces éléments agissent ainsi sur les humains, animaux et
végétaux. À tel point que l’absence de tel d’entre eux détermine des troubles
de croissance et de comportement. C’est ainsi, à titre d’exemple, que l’absence
de bore dans le sol est cause de telle maladie de la betterave, de celle qui
donne des taches de liège dans les pommes. Il suffit d’une légère addition de
borate de soude dans les engrais pour que disparaissent ces affections. Même
pas, le simple épandage de nitrate de soude brut, celui commercial, tel qu’il
est extrait de la mine au Chili, suffit pour que vous n’ayez pas à redouter la
carence de bore. Les éléments de cet ordre sont dits catalyseurs, parce qu’il
suffit qu’il en existe seulement des traces dans le sol ou que vous les
répartissiez à dose minimum pour qu’ils agissent.
À l’ère atomique correspond également l’ère chimique, en
raison de tous les produits de synthèse, aujourd’hui substitués à ceux
naturels, animaux et végétaux, en ce qui concerne les vitamines, dont vous
connaissez l’action depuis encore peu d’année, et les hormones, d’application si
récente que les conséquences de leur emploi ne sont pas encore toutes
expliquées et connues. Les progrès, en ce qui les concerne, marchent à pas de
géant. Vous avez à peine le temps d’essayer un de ces produits organiques que
la chimie vous en propose déjà d’autres qui surgissent rapidement. À tel point
que ces substances vous permettent de faire plier, raisonnablement,
développement et production des animaux et des végétaux à votre volonté.
Les spécialistes d’un laboratoire de biologie expérimentale
américain ne viennent-ils pas d’isoler une hormone de croissance qui transforme
les ratons en géants ? Et, comme les recherches du même ordre marchent de
front en Russie, il a été constaté qu’en injectant aux brebis un produit dérivé
du stilbène ces dernières peuvent être présentées au bélier en tout temps, ce
qui permet d’échelonner les naissances à volonté. De même, la colchicine
employée en solution diluée a permis de constituer un sarrasin géant qui donne
une récolte double à l’hectare.
Cette ère de l’action des infiniment petits nous permet de
constituer des plantes, donc des récoltes, des animaux et des rendements qui se
situent en quelque sorte sur mesure.
En fait, les hormones sont des produits complexes sécrétés
par les glandes internes des animaux ; elles se rapprochent des vitamines.
Elles existent également dans les bourgeons et le cambium des végétaux. Elles
se répandent de là dans toute la plante. Elles se montrent au printemps,
décroissent lorsque l’été s’avance et jusqu’à l’automne, pour ne plus subsister
en hiver, sauf dans les végétaux soumis au forçage. On donne à cette hormone
végétale le nom d’auxine. Pour constituer un gramme d’hormone végétale à partir
de la graine d’avoine, il faudrait traiter environ 50 millions de grains,
mais cette substance, ayant été ainsi trouvée, a été analysée, et on a pu
produire par synthèse une auxine aussi agissante que les auxines naturelles.
Les substances qui produisent cette auxine ou phyto-hormones
sont : les acides indolacétiques, naphtolacétiques, phénilacétiques, etc.,
que l’industrie chimique moderne prépare maintenant en constituant de
nombreuses marques commerciales.
Retenez aussi que les auxines traversent sans changement
l’organisme des animaux et s’accumulent dans les déjections ; c’est
pourquoi leur présence ainsi accumulée dans les excréments en général :
fumier, purin, etc., explique l’action bienfaisante de ces engrais naturels sur
les plantes, en plus de leur action fertilisante.
C’est le moyen le plus facile pour donner des phyto-hormones
aux plantes, car vous ne risquez pas d’employer des doses massives ; si
vous utilisez des phytohormones du commerce, appliquez-les en suivant
scrupuleusement le mode d’emploi, et surtout ne forcez pas les doses
prescrites.
Charles JOLIBOIS.
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