Portons aujourd’hui nos regards sur les vieux vergers. Il ne
semble pas que des efforts sérieux et raisonnés soient entrepris pour les
rajeunir.
En général, le brave homme qui possède un arbre en voie de
dépérissement attend qu’il soit complètement mort pour le remplacer.
Cette méthode, qui prolonge quelque peu un rapport
misérable, n’est pas toujours la meilleure. Il y a, dans ce cas, un arrêt de
production que l’on doit chercher à réduire.
Sans donner de plans précis, nous admettrons que des méthodes
différentes doivent être employées selon l’état du verger.
Si la majorité des arbres sont en bon état général et
susceptibles de le rester pendant une période assez longue, on effectuera le
remplacement partiel des arbres déficients. On arrachera le sujet usé et on en
plantera un nouveau, d’essence différente, à la même place.
Mais, s’il s’agit d’un verger usé où les arbres qui
rapportent encore sont condamnés à plus ou moins brève échéance, nous vous
conseillerons d’opérer autrement.
Entreprenez le rajeunissement complet du verger. Pour cela,
plantez entre les lignes primitives, au milieu des espaces libres, de jeunes
sujets choisis en tenant compte, autant que, possible, de la nature des arbres
voisins.
Vous aurez à soigner particulièrement cette plantation, qui
sera évidemment défavorisée par suite des cultures fruitières précédentes.
L’entretien du sol dans les années qui suivront sera
particulièrement nécessaire.
Le but cherché est de constituer un verger neuf. Il faut
donc sacrifier les vieux arbres au fur et à mesure qu’ils deviennent nuisibles
à la bonne végétation des jeunes. N’hésitez donc pas à supprimer les branches
gênant le développement de ces derniers.
Dans ce cas particulier, et pour les pruniers surtout, on
effectuera souvent sur ces vieux sujets l’opération dite
« ravalement », qui consiste à rabattre la charpente défectueuse sur
de jeunes pousses ou rejets situés à sa base. Outre que le développement de
l’arbre sera beaucoup réduit, on obtiendra, pendant les quelques années qui
suivront, de plus beaux fruits.
Le but accessoire, qui est de réduire ou d’éviter l’arrêt de
production, se trouve, en général, atteint par suite du commencement de
production des jeunes, lorsque l’arrachage des vieux s’impose.
Nous voyons fréquemment utiliser d’autres méthodes.
La plus répandue consiste à utiliser sur place le plus
possible de drageons ou rejets pour combler les vides du vieux verger.
Cette méthode, qui est évidemment économique, ne s’applique
guère que si les pieds mères ne sont pas greffés.
Nous n’en sommes pas partisans pour deux raisons principales.
D’abord, ces arbres sont situés à proximité de ceux qui leur
ont donné naissance. Ils ont, par suite, une terre usée à leur disposition.
Ensuite, n’ayant pas été plantés, ils ne bénéficient pas des
engrais et de l’ameublissement du sol résultant de la plantation.
Ils ne donnent que rarement le résultat attendu malgré la
végétation satisfaisante de leurs premières années, provoquée par la sève du
pied mère.
N’hésitez donc pas à entreprendre des plantations normales.
Utilisez, si vous voulez, quelques rejets de bonne venue et
suffisamment forts. Mais arrachez-les et plantez-les convenablement en bonne
place.
Dur travail peut-être, mais c’est le meilleur moyen
d’aboutir à des résultats satisfaisants dans cette entreprise toujours
délicate : le « rajeunissement du vieux verger ».
L.-C. NICOLIN.
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