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Quels engrais faut-il semer ?

L’utilité des engrais complémentaires, ceux qu’on appelle encore « engrais chimiques », n’est plus discutée par personne, encore que leur emploi ne soit, peut-être, pas aussi généralisé qu’on veut bien le dire.

Dans les régions où l’on pratique la culture extensive, on les utilise peu, et cette réserve se justifie par cette constatation que les engrais agissent plus intensément dans les bonnes terres qu’en terres médiocres. Il en va d’ailleurs de même du fumier, et, quand on n’en a à sa disposition qu’une quantité insuffisante, mieux vaut l’appliquer sur les meilleurs champs régulièrement engraissés, ceux qui sont habituellement proches de la ferme, que sur les champs éloignés, généralement négligés. La remise en état de fertilité des terres abandonnées est toujours difficile, longue et coûteuse.

La gamme des engrais minéraux est actuellement assez complète :

    Engrais azotés : sulfate d’ammoniaque, cyanamide de chaux, nitrate de soude, nitrate de chaux, ammonitrates, etc. ;

    Engrais phosphatés : superphosphates, phosphates naturels, phosphates bicalciques, scories de déphosphoration ;

    Engrais potassiques : sylvinite, chlorure de potassium, sulfate de potasse ;

    Engrais mixtes : potazote, nitrate de potasse, scories potassiques, superpotassiques ;

    Engrais complets apportant azote, acide phosphorique et potasse en proportions variables selon le type adopté.

Lequel choisir ? Précisons d’abord qu’il faut apporter les trois éléments : azote, acide phosphorique et potasse, et qu’on ne remplace pas l’azote par la potasse ou la potasse par l’acide phosphorique. Dans la fertilisation, ils jouent chacun leur rôle et ne sont pas interchangeables. Suivant la nature du sol, l’un ou l’autre peut faire particulièrement défaut, ce qui oblige à forcer la dose. Parfois, au contraire, le sol paraît en contenir assez, mais il est rare qu’il se présente sous une forme rapidement assimilable et, malgré cette richesse apparente, il faut en apporter encore. C’est le cas des terres argileuses, riches en potasse peu assimilable, dans lesquelles l’apport d’engrais potassiques donne cependant d’excellents résultats.

Donc pas d’exclusive, et, en règle générale, on apportera azote, acide phosphorique et potasse de façon à former une fumure équilibrée, en forçant, bien entendu, sur l’élément qui semble manquer le plus.

Mais, dans chaque groupe, il y a un choix à faire. Dans les terres qui manquent de chaux, on donnera la préférence aux engrais qui en contiennent : cyanamide de chaux, scories de déphosphoration, nitrate de chaux. Ils ne remplaceront pas le chaulage nécessaire, mais le compléteront et le rendront moins impérieux. En terres battantes ou ayant tendance à se fermer, on remplacera les engrais qui contiennent de la soude par ceux qui en sont exempts : nitrate de chaux au lieu de nitrate de soude, chlorure de potassium au lieu de sylvinite. Pour une action immédiate, on utilisera des engrais à action rapide : nitrates, superphosphates, de préférence aux engrais à action plus lente : cyanamide, scories de déphosphoration, qui, par contre, conviendront parfaitement pour une action soutenue.

Certaines plantes, comme le tabac, s’accommodent mal du chlore ; on évitera de leur en donner, en épandant du sulfate de potasse au lieu de chlorure de potassium.

Certains cultivateurs utilisent des engrais mixtes apportant deux éléments à la fois : potazote qui contient de l’azote et de la potasse, superpotassiques qui contiennent potasse et acide phosphorique, ou même des engrais dits « complets » qui apportent les trois éléments : azote, acide phosphorique et potasse, et dont la gamme est infinie. Le grand avantage de ces formules est de réduire le nombre des épandages et de réaliser une économie de transport et de main-d’œuvre. Le prix en est toutefois assez élevé.

Suivant la nature du sol, la plante cultivée, le moment d’application de l’engrais, on donnera la préférence à l’un ou à l’autre d’entre eux en se renseignant auparavant sur sa composition exacte et ses propriétés.

R. GRANDMOTTET,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 77