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Lettres de mon perchoir

Les premières couvaisons.
Les poussins qui lambinent.
Les poussins d’un jour.

Les premières couvaisons.

— Vos premières couvées de l’an dernier n’ont pas réussi. Il peut y avoir plusieurs raisons :

1° Vos œufs ne recevaient pas une nourriture suffisamment stimulante, c’est-à-dire qu’ils manquaient de principes énergétiques vitaminés, ou encore de matières animalisées. Pour cette raison, les coqs étaient peu vigoureux, et la fécondation des oocytes laissait à désirer.

2° Les couveuses que vous avez choisies n’étaient peut-être pas bien adaptées à l’incubation, du fait qu’elles appartenaient à des races réfractaires (Bresse, Espagnoles, Leghorn). Les Rhode-Island, les Sussex, les Orpington et leurs métisses, ayant du sang asiatique dans les veines, tiennent plus facilement et avec plus de constance le nid que les races méditerranéennes.

3° Avant de confier de vrais œufs à une couveuse, il faut être certain qu’elle les acceptera. On devra donc faire un essai avec de faux œufs placés dans un nid du couvoir, à l’endroit où l’incubation sera poursuivie. C’est seulement lorsque la poule sera bien échauffée, au bout de deux ou trois jours, que l’on remplacera les faux œufs par des œufs véritables, ces derniers étant aussi frais que possible, en ayant soin de les prendre de grosseur moyenne, à coquille bien lisse. En outre, on mettra à la disposition des couveuses une nourriture échauffante, composée de grains d’avoine, de sarrasin et de légumineuses. Le nombre d’œufs à confier à chaque poule variera, suivant sa taille, entre 12 et 16. Si on lève les couveuses, afin qu’elles se restaurent, on devra le faire tous les jours à heure fixe. Mais les résultats ne seront généralement pas supérieurs à la méthode qui consiste à laisser les poules se conduire elles-mêmes.

4° Le couvoir devra être tranquille, peu éclairé, ni chaud ni froid. De préférence, on installera les nids sur la terre même, creusée en arrondi, en se contentant de la tapisser de paille saine, froissée à la main.

Ces conditions observées, on peut être à peu près certain d’obtenir, en toute saison, un pourcentage satisfaisant d’éclosions.

Les poussins qui lambinent.

— Plaintes et doléances nous arrivent au sujet de la mortalité élevée qui décime les couvées de poussins et de la tardivité des rescapés, qui mettent un temps infini pour être bons à consommer.

La mortalité du jeune âge est imputable à plusieurs causes :

1° Il y a l’infection congénitale des œufs, due à la présence du Bacillum pullorum, lequel fait périr les poussins dans l’œuf, ou peu de temps après leur naissance.

2° À l’infection coccidienne, qui fait mourir les poussins en grand nombre vers l’âge de quinze jours ; les sujets parasités font le gros dos, laissent tomber leurs ailes, et leur cloaque se trouve obstrué par un magma crayeux.

3° Les incubations anormales ou irrégulières, effectuées dans de mauvaises conditions par des couveuses mal préparées ou mal conduites, sous le rapport de la température et de l’humidité, sont aussi une cause de décès.

4° Il en est de même dans le cas où l’alimentation laisse à désirer, et que la ration du premier âge ne contient pas, en plus des matières organiques et minérales indispensables, les principes énergétiques devant stimuler la digestion et l’assimilation, tout en évitant les troubles intestinaux.

5° Un dernier facteur influent, c’est l’hygiène.

En raccourci, voici les mesures à prendre dans chaque cas particulier :

Le Bacillum pullorum étant décelé par la toxine Ward et Galacher, on ne mettra à couver que des œufs indemnes de ce funeste bacille.

La crotte étant occasionnée par les coccidies, venant du foie et de l’intestin des volailles contaminées, se transmet par le contact des excréments souillés. On devra nettoyer et désinfecter souvent les mangeoires, les abreuvoirs, les éleveuses et les parquets destinés aux poussins. Aux premiers symptômes de la maladie, on isolera les sujets atteints et l’on appliquera immédiatement les mesures ci-après : distributions alternatives de thymol et de cachou ; asepsie de l’eau de boisson en l’acidulant au vinaigre où à l’acide sulfurique.

Ne confier les œufs à une couveuse naturelle que si elle tient sérieusement le nid. L’installer dans un endroit tranquille, peu éclairé, ni chaud ni froid, ni sec ni humide. S’il s’agit de couveuses artificielles, les prescriptions de la bonne conduite doivent être observées à la lettre.

Au sujet de la nourriture, les pâtées distribuées devront être parfaitement équilibrées en protides, glucides, minéraux et vitamines, afin que les poussins, suivant leur âge, ne subissent pas d’à-coups de nutrition, la relation nutritive devant être tenue entre un tiers et un quart.

Ces principes observés, si, d’autre part, l’hygiène n’est pas négligée, les poussins pousseront comme des champignons, et l’on obtiendra des poulets précoces, pesant davantage, à trois ou quatre mois, que ceux de cinq à six mois provenant des élevages négligés.

Les poussins d’un jour.

— Je voudrais élever une dizaine de poussins d’un jour, achetés à un accouveur. Puis-je me dispenser d’acheter une éleveuse artificielle ?

Vous ne pouvez vous passer d’éleveuse artificielle que si vous avez sous la main une poule tenant le nid depuis une quinzaine de jours, sur de faux œufs. Alors, le soir de la réception de vos poussins, vous les glissez prestement sous la mère poule, à la place des faux œufs. La couveuse, croyant à l’éclosion de ses œufs, adopte les poussins comme si c’étaient les siens.

À défaut de poule meneuse, on est obligé de se procurer une éleveuse artificielle pour réchauffer les poussins, soit qu’on l’achète, soit qu’on la construise soi-même par les procédés économiques.

Il suffit d’être en possession d’un réservoir à eau, pourvu de deux orifices, l’un pour le remplissage, l’autre pour le soutirage de l’eau attiédie, que l’on remplace par de l’eau bouillante, de manière que la chaleur rayonnée par le réservoir puisse être réglée, suivant l’âge des poussins, entre 30° et 25°, températures contrôlées au thermomètre.

En installant le réservoir sur un bâti qui l’éloigne de 15 centimètres du sol, et en l’enrobant de sciure de bois ou de toute autre matière isolante, on obtiendra un local tempéré, à température constante, si on entoure l’éleveuse avec des morceaux de pilou ou de flanelle formant tenture.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 81